Ce vendredi, alors que Francis Joyon (IDEC Sport) et Yves Le Blévec (ACTUAL Ultim 3) ont à leur tour franchi la ligne d’arrivée de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, terminant ainsi 4e et 5e dans la classe Ultim 32/23, la bagarre continue de s’intensifier à l’approche de l’arc Antillais dans les autres classes et catégories.
Ce qu’il faut retenir :
- Ce vendredi à 3h56, heure de Paris, Francis Joyon (IDEC Sport) a franchi la ligne d’arrivée de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Le Trinitain, tenant du titre, s’est ainsi octroyé la quatrième place chez les Ultim 32/23. Yves Le Blévec (ACTUAL Ultim 3) a, pour sa part, bouclé les 3 542 milles du parcours en 5e position à 6h04.
- Hier vers 21 heures, Xavier Macaire (Groupe SNEF) a constaté deux fissures importantes à l’avant de son bateau, au niveau du bouchain et du fond de coque. Le Sablais, qui évolue toujours dans le Top 5 en Class40, a lancé des travaux de stratification.
- David Ducosson, le skipper du Rhum Multi Trilogik – Dys de Cœur, qui était en escale à Lorient pour réparer son pilote automatique, a repris sa course hier à 18h45.
- De son côté, Hervé Thomas a quitté les Açores vers 19h30, après un arrêt technique de neuf heures à Ponta Delgada. Le skipper du Class40 Bleu Blanc fait de nouveau route en direction de Pointe-à-Pitre.
« Ce matin, on est à 880 milles de la Tête à l’Anglais. On opère les derniers recalages avant d’entamer un long bord tout droit vers la Guadeloupe. Il faudra être rapide mais aussi savoir faire preuve de vigilance avec les nuages », a commenté Quentin Vlamynck, ce matin, lors de la vacation officielle. De fait, si sur le papier les prochaines heures de course jusqu’à la pointe nord l’île Papillon vont s’apparenter à un grand schuss, dans la réalité, la donne sera forcément un peu moins lisse, ainsi que l’a rappelé Yann Eliès, membre de la cellule de routage et de performance d’Erwan Le Roux : « Il va y avoir des grains et diverses petites choses susceptibles de jouer avec les nerfs des marins. Il ne va pas falloir qu’ils s’endorment ! ». Pour l’heure, en tous les cas, les skippers d’Arkema et de Koesio poursuivent leur route pied au plancher, à moins de vingt milles d’écart désormais. « Le bateau est en bon état donc ça permet d’attaquer un peu. J’essaie de distancer Erwan mais, c’est dur, il s’accroche. Ça fait une belle bataille et c’est stimulant, mais j’aimerais bien avoir un peu plus d’avance et pas avoir à regarder dans le rétro en permanence ! », a relaté Quentin Vlamynck dont le leadership n’a que très rarement été aussi menacé depuis le départ. « Sébastien Rogues a concédé des milles cette nuit. Il semble avoir un souci compte-tenu de ses vitesses. Le match est en train de se transformer en duel et je vais tout faire pour rester devant », a ajouté le jeune navigateur, nettement mis sous pression par son poursuivant depuis hier. « Je me rapproche petit à petit. Ces dernières 24 heures m’ont permis de bien réduire mon écart. J’arrive dans cette partie de l’alizé avec une machine à 100%. Le bateau à une vraie capacité à accélérer et à aller vite, que je vais tâcher d’exploiter au mieux. La victoire va probablement se jouer sur le tour de Guadeloupe. On sait que sur cette portion du parcours tout est possible », a commenté le skipper de Koesio qui sait de quoi il parle puisqu’il signe cette année sa quatrième participation à l’épreuve.
Des alizés joueurs
Du côté des IMOCA, la tension monte aussi petit à petit au sein de la flotte, et en particulier aux avant-postes où le jeu des chaises musicales se poursuit derrière le tandem Charlie Dalin (Apivia) – Thomas Ruyant (LinkedOut). Ce vendredi, c’est Kévin Escoffier (Holcim – PRB) qui effectue un joli retour en force après avoir perdu du terrain dans la dorsale, hier. « Après avoir un temps perdu le contact avec les autres, je suis content aujourd’hui de les revoir à l’AIS. Dans les alizés, les écarts se créent ou se réduisent en très peu de temps, en fonction d’un grain ou d’une bascule. Rien n’est jamais fait, dans un sens comme dans l’autre. C’est d’ailleurs pour ça que ça va être intéressant jusqu’au bout ! », a commenté le navigateur qui pointe en 3e position ce matin, mais garde donc la tête froide quant à la suite. « Je n’aime pas ces vents-là. Il y une part de roulette russe. Si tu es au mauvais endroit au mauvais moment et que tu prends un grain, tu peux prendre 30-40 milles en une nuit. Il faut être opportuniste et chanceux », a résumé le Malouin, pas mécontent, cependant, de profiter de conditions de navigation plutôt agréables malgré l’instabilité de l’air. « La mer est plate, il fait beau et il y a plus ou moins 15 nœuds de vent. On ne peut pas se plaindre. Après ce qu’on a pu avoir avant l’anticyclone des Açores dans les fronts, ça rassemble à des vacances. Ce sont toutefois des vacances physiquement seulement car psychologiquement ça reste compliqué face à des alizés si joueurs », a concédé Kévin Escoffier.
Yoann Richomme « en ballotage très favorable »
Même son de cloche ou presque chez les Class40 qui doivent faire preuve d’encore un peu de patience avant de toucher ces fameux vents de nord-est, mais qui savourent également un retour au calme sur un terrain de jeu enfin aplanit. « Glisser sous gennaker tout droit, c’est assez reposant mais en mode « course », ça l’est surtout pour ceux qui vont plus vite. Pour les autres, c’est agaçant ! », a expliqué Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo) à la vacation, visiblement contrarié par sa nuit. « Je suis dans un trou d’air tandis que Yoann (Richomme) a commencé à redémarrer. Normalement, ça va pousser par devant donc l’écart avec lui va encore s’accroître. Connaissant le garçon et vu la configuration, ça va devenir compliqué de le revoir avant les bistrots de Guadeloupe. Il reste évidemment un paquet de milles et tout peut arriver mais disons qu’à ce stade de la course, il est en ballotage très favorable », a déploré le Nantais qui voit aujourd’hui le leader porter son avance à plus de 50 milles, mais aussi les copains de derrière revenir fort. Au dernier pointage, Ambrogio Beccaria (Allagrande Pirelli) est même parvenu à lui chiper la deuxième place tandis que Simon Koster (Banque du Léman) commence à lui faire sentir son souffle. Ces trois-là se tiennent en moins de quatre milles et se rendent coup pour coup dans des conditions qui restent bien mollassonnes en attendant les alizés qui commencent à se faire plus que désirer après bientôt dix jours de course !