Trois jours d’une belle cavalcade majoritairement bâbord amure auront porté l’ensemble de la flotte des 13 Class40 du Défi Atlantique à vue du grand passage à niveau de ce parcours entre Horta et la Rochelle.
Les marins se retrouvent pris en étau, entre une dorsale anticyclonique en développement sur leurs arrières, et un petit centre dépressionnaire centré sur le Dispositif de Séparation de Trafic du Cap Finisterre, zone interdite à tout concurrent.
Le peloton de tête, composé des 8 scows, ou d’inspiration scow de la flotte, rapide, travers au vent d’Ouest Nord Ouest, a su se positionner sur la bordure Sud du minimum dépressionnaire, et peuvent envisager d’accompagner la rotation du vent au plus près des côtes de Galice. Gare à la dorsale qui grignote l’arrière de la flotte !
Si les leaders réussissent leur manœuvre, le Golfe de Gascogne leur sera ouverture. Les « pointus », un peu plus lents et relégués à plus de 100 milles, sont à la merci de la « molle », cette dorsale qui s’alanguit au large de la péninsule ibérique.
La journée est donc cruciale à plus d’un titre et l’issue de l’épreuve plus incertaine que jamais, les trois premiers du classement général (Ambrogio Beccaria, Alberto Bona et Ian Lipinski) ne se quittant quasiment plus aux avant-postes, alignant des journées à plus de 300 milles parfaitement similaires.
Les Italiens ouvrent la route
Trois jours de régate au contact, quasiment à vue n’auront toujours pas décidé non seulement du vainqueur de cette seconde étape du Défi Atlantique, entre Horta et La Rochelle, mais du vainqueur de l’épreuve.
Les trois leaders du classement général ont pris ce matin le contrôle de la course, Alberto Bona (IBSA) relayant en alternance son compatriote Ambrogio Beccaria (Allagrande – Pirelli) en tête de flotte, tandis que le vainqueur de Pointe à Pitre – Horta, le Français Ian Lipinski (Crédit Mutuel) venait faire valoir ses droits au triomphe Rochelais à quelques encablures de ces deux prétendants. La bataille décisive est bien engagée.
Les véloces scows, entrés sous l’influence d’un minimum dépressionnaire campé sous le Cap Finisterre, profitent de la rotation du vent au Nord, pour arrondir leur trajectoire et foncer en route directe vers un étroit passage envisagé sous les côtes de Galice. Intérieur du DST ? Extérieur ? La nuit sera stratégique, et peut être décisive pour la victoire finale.
Le tricotage au plus près des côtes pourrait rebattre les cartes, tant les écarts demeurent infimes. Les voiliers légèrement décalés au vent des leaders, à l’instar d’Everial à Erwan Le Draoulec, ou même Jules Bonnier (Nestenn – Entrepreneurs pour la planète), auteur d’une remarquable course, restent à portée de fusil et en capacité d’échapper aux griffes de l’anticyclone.
Ça freine derrière !
Une dorsale anticyclonique s’établit dans l’Ouest de la flotte et concerne déjà l’arrière garde des Class40. Franz Bouvet (Yoda) et Florian Gueguen (Dopamine Sailing Team) ralentissent déjà fortement dans les petits airs, et voient leur passif déjà chiffré à près de 200 milles, enfler dans d’importantes proportions. La dépression qui gonfle dans le Nord des Açores ne viendra les libérer que demain jeudi. Les prétendants à la victoire seront alors engagés dans un sprint au plus près du lit du vent d’Est, en bordure d’un nouveau centre dépressionnaire en évolution sous la pointe de Bretagne, et qui pourrait favoriser une arrivée au portant dans des flux d’Ouest dès samedi matin pour les meilleurs.
Ambiance continentale
On le voit, le suspens demeure entier tant la météo se montre changeante. Avec des potentiels de vitesse tellement similaires, les trajectoires ne souffrent d’aucune approximation, exigeant des barreurs et des navigateurs un sens aigu de la glisse et de la recherche de vitesse sous gennaker. Comme le souligne Axel Tréhin (Project Rescue Ocean), « Tout reste à faire, notamment au regard du joli foutoir final qui nous attend. Ça sent l’arrivée groupée à La Rochelle ! »
Le ciel s’est bien voilé ces dernières heures en approche de la péninsule ibérique. Le rythme et l’ampleur des vagues orientées à l’Est s’apaisent et favorisent la glisse. Gare aux cargos et autres embarcations de pêche innombrables dans le secteur. Les températures sur l’eau ont bien chuté à l’approche de la vieille Europe, et les Martiniquais de Dopamine sailing Team, Jean Yves Aglaé et Hervé Jean Marie n’ont pas trop de 4 couches de vêtement pour s’acclimater.
Mercredi 19 avril 2023 – Classement à 16h00 (heures françaises)
Lien classement & cartographie : www.defi-atlantique.com – Mise à jour toutes les deux heures.
1. Allagrande – Pirelli – Ambrogio Beccaria à 527,5 milles de La Rochelle
2. IBSA – Alberto Bona à 528,5 nm +1 nm
3. Crédit Mutuel – Ian Lipinski à 530,9 nm +3,4 nm
4. Project Rescue Ocean – Axel Tréhin à 535,6 milles +8,1 nm
5. Curium Life forward – Marc Lepesqueux à 542,9 nm +15,4 nm
6. Everial – Erwan Le Draoulec à 548,7 milles + 21,2 nm
7. Tquila – Alister Richardson à 551,6 nm +24,1 nm
8. Nestenn – Entrepreneurs pour la planète – Jules Bonnier à 818,8 nm +6,5 nm
9. Chocolat Pariès – SCREB – Jean-Baptiste Daramy à 528 nm +100,5 nm
10. Vicitan – Didier Le Vourch à 528,1 nm +100,5 nm
11. Prendre la mer, Agir pour la forêt – Mathieu Claveau à 647,8 nm +120,3 nm
12. Yoda – Franz Bouvet à 732,1 nm + 204,6 nm
13. Dopamine sailing Team – Florian Guguen à 760,8 nm +233,3 nm