Voile. A deux jours du départ du Défi Atlantique

Le beau village à la darse de Pointe-à-Pitre.

Le concept du Défi Atlantique fait l’unanimité parmi les coureurs. Traverser l’Atlantique d’Ouest en Est, en équipage de surcroit, est une expérience rare pour tout coureur au large. Elle impose une appréhension singulière des systèmes météo d’Atlantique Nord habituellement marqués du sceau de la glissade au portant dans l’alizé.

Ces vents d’Est seront, à compter de samedi prochain, 11 heures, l’adversaire qu’il faudra affronter bille en tête, de face, pour tenter de rallier l’archipel des Açores, quelques 4 260 km plein Est.

Cap au Nord sera le mot d’ordre des premiers jours de course, en bordure d’anticyclone et au près débridé, à la recherche des dépressions d’Atlantique Nord dont la virulence propulsera les Class40 vers Horta, ses sommets enchanteurs et ses eaux tumultueuses.

On soldera alors les comptes du premier acte, avant d’aborder une autre course dans la course, le sprint final vers la Rochelle (Charente-Maritime).

Ne pas oublier le voyage…

Comme se plait à le rappeler Cédric de Kervenoael, nouveau président de la Class40, la course au large, les transatlantiques à la voile, le bateau, demeurent de fabuleux vecteur de découverte et de voyages. Le Défi Atlantique répond parfaitement à cet axiome prisé des marins, avec cette neutralisation de la course aux Açores, à Horta, destination rêvée de tout marin.

Les coureurs s’y retrouveront pour partager dans l’intimité feutrée des pubs mythiques de l’île leurs tribulations depuis Pointe-à-Pitre. Une dimension conviviale chère à la Class40 ! L’escale sera aussi propice à quelques changements d’équipages.

Le Défi Atlantique, rare course en équipage, d’Ouest en Est, autorise en effet les variations des effectifs sur chacun des bateaux. Certains quitteront ainsi la Guadeloupe à deux, pour embarquer aux Açores un nouvel équipier. D’autres feront l’inverse, terminant à deux ce qu’ils auront commencé à trois.

Partenaires, préparateurs, voire membre de la famille auront le loisir de toucher au plus près la magie du large, en course, en compétition. Car le Défi Atlantique est aussi un excellent moyen d’effectuer dans les règles et le plus grand sérieux les passations de pouvoir entre anciens et nouveaux propriétaires, à l’instar de Stan Thuret remettant les « clés » de son Everial à Erwan Le Draoulec.

Disputer le Défi Atlantique, c’est bien entendu la meilleure des mises en jambe à l’orée d’une saison Class40 riche de nombreuses et belles épreuves, CIC Normandy Channel Race, Les Sables Horta et la Transat Jacques Vabre.

Il en parle

Denis Hugues, Directeur de course du Défi Atlantique 2023

« La Guadeloupe est située sur une zone d’alizés constant, soufflant de l’Est et du Sud-Est. Les bateaux ne peuvent pas remonter au près serré en route directe vers les Açores. Il leur faudra monter plein Nord, pour contourner l’Anticyclone générateur de l’alizé, et se porter au-devant des dépressions venues des Etats-Unis et qui soufflent majoritairement du Sud-Ouest ou du Nord-Ouest. Rester en bordure de l’anticyclone impose du près. La route au Nord peut les emmener très loin, mais nos instructions de course précisent qu’il nous est possible de fixer un « way point » à ne pas dépasser afin que les marins ne se trouvent pas dans des conditions de mer ingérables avec 8 mètres de creux et plus. Nous travaillons en permanence avec le météorologue Christian Dumard, pour anticiper toutes situations potentiellement dangereuses.

Les concurrents devraient monter ainsi jusque vers 30° de latitude Nord, avant de commencer à faire de l’Est. Le départ sera d’abord un jeu de placement et de concentration en bordure de l’anticyclone, là où le vent est le moins fort. Les courants demeurent toujours un facteur en voile. En l’occurrence, le Gulf Stream tourne avec les alizés, et poussera les coureurs d’Ouest en Est. »

Rencontre avec trois marins au départ de la 2e édition du Défi Atlantique

Ambrogio Beccaria – Alla Grande Pirelli

N°181 – 2e de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe

« On poursuit sur notre élan de la Route du Rhum, en espérant un petit surplus de réussite. Je vais bien être aidé par un super équipage. Le Défi Atlantique est bien placé en début de saison. On entre en douceur dans notre année, mais il y a un Atlantique à traverser et il ne faut pas faire d’erreur. J’ai de bons retours concrets sur les qualités du bateau et on a plein de pistes pour le faire progresser. Cette Transat va beaucoup nous aider.  Le bateau est puissant au portant et dans le vent fort. Il est aussi très rapide au reaching et au près dans la brise. On a des trous dans le petit temps et on cherche les clés. Une question d’optimisation au près VMG. Je pars avec l’architecte du bateau Gianluca Guelfi et Alberto Riva. Ils vont tous m’apporter beaucoup pour analyser la performance. On va chercher nos limites. Le plateau est super relevé, avec Crédit Mutuel de Ian Lipinski, Project Rescue Ocean d’Axel Tréhin et les nouveaux bateaux comme Everial. Tous les scows vont être dans le coup. Les anciennes générations pourront jouer dans les phases de transition. »

« L’Italie est devenu la deuxième nationalité dans toutes les classes, Mini, Class40… Notre bateau a été construit en Italie, avec un architecte Italien, un chantier italien dont c’était le premier bateau, un sponsor italien et navigue avec un équipage italien. Je sens une vraie montée en puissance de la course au large en Italie. J’ai trouvé en Italie une vraie motivation pour m’accompagner. »

Franz Bouvet – Yoda

N° 65 -32e Route du Rhum – Destination Guadeloupe

« Je dois avoir fait pas loin de 15 000 milles avec ce bateau qui est disponible à la vente. C’est sympa de rentrer en Europe en course et en équipage. Notre bateau marche bien dans le petit temps. Peut-être aura-t-on une zone de calmes à passer, pour tirer notre épingle du jeu. On va essayer de se faire plaisir. J’ai gardé un bon souvenir de l’édition 2019 du Défi Atlantique. Je pars avec Grégory Burte et Philippe Magliulo, des gars qui connaissent parfaitement le bateau. Partir à trois, c’est parfait pour notre bateau. On est un peu trois solitaires, mais en capacité de réagir vite à trois. C’est moi qui ferai la navigation mais chacun aura son mot à dire. J’adore les Açores et cette escale est vraiment une super idée. »

Jules Bonnier – Nestenn – Entrepreneurs pour la planète

N°153 Mach 3 – 17e de La Route du Rhum –Destination Guadeloupe

« Le Défi Atlantique faisait partie de notre programme depuis 2022. Sympa de partir d’un bel endroit pour rentrer. On entame une nouvelle étape du projet après les courses aux Antilles.  13 bateaux au départ, dont des bateaux qui ont brillé sur la Route du Rhum. C’est chouette ! On a bien bataillé avec eux sur la Caribbean 600 en terminant 5ème. Cette transat Ouest-Est est un exercice nouveau. Nestenn – Entrepreneurs pour la planète se comporte bien à toutes les allures. Il faudra bien se placer à l’approche des dépressions, en évitant le plus fort du vent. J’emmène Robin Follin, qui m’a été chaudement recommandé pour la Caribbean 600. Cela s’est bien passé. On s’entend bien. Thibaud Lecarpentier remplace Pierre Cazeneuve qui s’est désisté et qui m’a aussi recommandé Thibaud. Tous deux connaissent bien le bateau. On va travailler ensemble sur la navigation, dans un esprit d’échanges. Les nouveaux scows naviguent très bien, et font peu de fautes. Le Défi Atlantique, ce sont deux courses en Une, avec des caractéristiques météos très marquées, et c’est ce qui est passionnant. »

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