Vanille est un court-métrage qui nous balaye d’un vent de fraîcheur. Dynamique, moderne et porté sur la question identitaire. A travers son film d’animation, Guillaume Lorin donne à voir un peu de la Guadeloupe de manière aussi réaliste qu’enchantée.
Né d’un père Normand et d’une mère Guadeloupéenne, Guillaume Lorin a grandi en Guadeloupe jusqu’à son départ en France hexagonale et au Luxembourg, où il étudie le film d’animation. Le projet de Vanille vient de son envie de voir des dessins animés qui se déroulent aux Antilles : « Je trouvais qu’il n’y en avait pas du tout et que les gens avec qui j’avais grandi, on les voyait peu à la télé ou au cinéma ». Et, ces gens avec qui Guillaume Lorin a grandi, on les retrouve en partie dans son court-métrage : « Dans mon film, il y a toutes les femmes de ma famille, ma mère, ma sœur, mes amies et un peu de moi ». En effet, Vanille nous rappelle Guillaume Lorin en regardant de plus près, tous deux sont dotés d’une chevelure remarquable. Jeune fille métisse, Vanille est née à Paris. Pour les vacances, elle part en Guadeloupe, île dont était originaire sa défunte mère. Des vacances qui s’annoncent riches en découvertes. Le personnage est aux prises avec ses cheveux, symbole de son identité, elle ne les aime pas. Mais ce voyage et sa chasse au soukounian, lui permettront de s’accepter telle qu’elle est.
La symbolique du cheveu
Dans ce conte antillais moderne porté à l’écran, on retrouve le personnage emblématique du soukounian. Adapté et revisité en oiseau pour les plus jeunes, il endosse le rôle du méchant qui vole la chevelure des femmes. Tout un symbole, car aux yeux de Guillaume Lorin, le rapport des afro-descendants avec leurs cheveux est chargé d’histoire : « Quand on vous enlève vos cheveux contre votre gré cela devient un problème. Le cheveu antillais ne peut pas être vu comme une simple parure. Il a énormément de sens dans l’histoire, notamment au temps de l’esclavage ». Pour Guillaume Lorin, « le cheveu est important dans la construction et dans la guérison », ainsi il joue un rôle primordial dans la quête d’identité de la petite Vanille.
Au plus près du réel
Pour transmettre au mieux cette histoire et la culture qui y est représentée, Guillaume Lorin avait à cœur de laisser une part belle au réel, en prenant soin de ne pas tomber dans la caricature. D’abord, à travers l’écriture, en comptant sur la collaboration d’Aurore Auguste et Antoine Lanciaux. Puis, avec le doublage. Un casting totalement antillais, mais aussi concerné par le scénario, nous permet de vivre pleinement cette aventure. On y retrouve l’emblématique Jocelyne Béroard dans le rôle de Tatie Loulouze et la merveilleuse chanteuse Tricia Evy dans celui de la Tante Frédérique. Mais bien sûr, la vivacité de la jeune Marie-Eva Phaan dans le rôle de Vanille et les « isalé », « poo », « mi bab » du Martiniquais Macéo Carole nous plongent complètement dans l’univers souhaité.
Enfin, il est inévitable de passer à côté des images filmées de la Guadeloupe qui s’immiscent parmi les images animées. Un parti pris que Guillaume Lorin défend : « La Guadeloupe est tellement belle qu’il n’est pas facile de la dessiner ». Mais, il s’agit là aussi d’un moyen « d’ancrer le conte dans la réalité de la Guadeloupe avec de vrais décors et d’intégrer Vanille dans ce décor, ce dépaysement. Ce qu’elle ne connaît pas devient concret et réel. »
Vanille a été diffusé du 24 au 30 octobre sur les antennes de France Télévisions dans le cadre de la semaine Cœur Outre-Mer. Guillaume Lorin travaille à la programmation de Vanille sur grand écran. Et, peut-être, pourrons-nous espérer une suite à ce premier court-métrage de 26 minutes.
Elodie Soupama