USA. Un projet de loi pour endiguer le flux d’armes américaines vers l’hémisphère

Quatre sénateurs américains, démocrates, Ben Cardin, président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, Tim Kaine, Chris Murphy et Dick Durbin ont annoncé qu’ils présenteraient la loi sur le contrôle régional des ventes d’armes dans les Amériques (ARMAS) afin de contribuer à endiguer le flux d’armes fabriquées aux États-Unis dans les Amériques.

Quatre sénateurs américains, démocrates, Ben Cardin, président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, Tim Kaine, Chris Murphy et Dick Durbin ont annoncé qu’ils présenteraient la loi sur le contrôle régional des ventes d’armes dans les Amériques (ARMAS) afin de contribuer à endiguer le flux d’armes fabriquées aux États-Unis dans les Amériques. Ce flux menace la stabilité régionale, la sécurité des États-Unis, la vie des Américains et d’autres personnes, et met en péril les objectifs de la politique étrangère des États-Unis dans tout l’hémisphère, peut-on lire dans un communiqué annonçant l’introduction, ce 21 juin, de ce projet de loi.                                   

Selon ces sénateurs, il est prouvé que les armes à feu en provenance des États-Unis contribuent de manière substantielle à la violence des gangs, aux violations des droits de l’homme et à l’instabilité politique. 

Selon ses dispositions, la loi ARMAS transférerait l’autorité en matière d’armes légères du département du Commerce au Département d’État, exigerait l’élaboration d’une stratégie et d’un programme interinstitutions globaux visant à perturber le trafic d’armes et prendrait d’autres mesures pour améliorer le contrôle du Congrès et de l’administration.             

« Du Mexique à Haïti, en passant par l’Équateur, les gangs criminels utilisent des armes fabriquées aux États-Unis pour commettre des actes de violence d’une ampleur record, alimentant l’insécurité dans tout l’hémisphère et sapant les intérêts nationaux des États-Unis dans le même temps », a déclaré le président de cette commission, Ben Cardin.                          

« Si nous tenons vraiment à assurer la sécurité du peuple américain dans notre pays et au-delà de nos frontières, il est grand temps que le Congrès donne la priorité à la lutte contre l’exportation et le trafic illégaux d’armes à feu. La loi ARMAS jouerait un rôle essentiel dans la réalisation de cet objectif en renforçant le contrôle du Congrès sur la manière dont les armes à feu sont exportées à l’étranger et sur les types d’armes exportés, en améliorant la collecte de données sur les armes à feu faisant l’objet d’un trafic et en mettant en place un effort pangouvernemental visant à garantir que les armes à feu américaines ne finissent pas entre les mains des organisations criminelles transnationales qui cherchent à nous nuire », a-t-il poursuivi. 

« Le trafic illégal d’armes à feu dans l’hémisphère occidental alimente l’instabilité, la violence et les migrations et a un impact direct sur les Américains ici même. Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition pour garantir que les exportations américaines d’armes légères arrivent à la bonne destination et ne tombent pas entre les mains de gangs et de cartels », a déclaré M. Kaine, président de la sous-commission de l’hémisphère occidental de la Commission des droits de la femme et du développement.    

« Cette législation permettrait de renforcer la surveillance des exportations américaines d’armes légères afin de perturber le trafic d’armes et le détournement des armes à feu exportées. « Il existe un lien direct entre les centaines de milliers d’armes illégales qui font l’objet d’un trafic à partir des États-Unis et la violence et l’instabilité politique qui règnent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Bipartisan Safer Communities Act a fait du trafic d’armes à feu un crime fédéral pour la première fois, mais le gouvernement fédéral peut faire davantage pour sévir contre les trafiquants et s’assurer que les armes illégales ne finissent pas entre les mains des gangs et des cartels. La loi ARMAS accroîtrait la transparence des exportations d’armes et contribuerait à perturber les cercles de trafiquants afin de rendre les communautés plus sûres, tant au niveau national qu’à l’étranger », a fait savoir le sénateur Murphy.

« La faiblesse des lois sur les armes à feu de notre pays a perpétué le cycle mortel du trafic d’armes à feu, permettant un flux constant d’armes illicites en Amérique latine et dans les Caraïbes. Avec la loi ARMAS, mes collègues et moi-même défendons un contrôle plus strict des exportations d’armes américaines en exigeant des stratégies inter-agences et en perturbant le trafic d’armes illégal », a révélé le sénateur Durbin.  L’impact du flux des armes de fabrication américaine sur la sécurité et la stabilité dans la région est reconnu.

En juin 2023, la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, lors d’une mission aux Bahamas, avait annoncé le support des USA, le soutien de son administration à l’« Unité d’enquête sur la criminalité transnationale en Haïti (TCIU) » dans le cadre d’efforts globaux au sein de la région des Caraïbes dont la sécurité est mise en danger par des armes provenant des USA. « Le Département d’État soutiendra la collaboration du HSI (Homeland Security Investigations) avec la Police nationale d’Haïti (PNH) pour développer une TCIU, afin de faciliter les enquêtes et les poursuites des crimes transnationaux, y compris ceux qui ont un lien avec les États-Unis. La TCIU se concentrera sur des crimes tels que la contrebande d’armes à feu et de munitions, le trafic d’êtres humains et les activités des gangs transnationaux », avait indiqué Kamala Harris dans cette déclaration.

En août 2022, les autorités fédérales américaines, lors d’une conférence de presse, avaient dit avoir observé « une augmentation récente » de la contrebande d’armes et de munitions des États-Unis vers Haïti. Parmi les armes saisies figurent des pistolets, des fusils d’assaut, dont de calibre 50, capable de percer certains blindages. « Il y a définitivement une augmentation du flux d’armes, tant en nombre qu’en types de puissance de feu, à destination d’Haïti », avait déclaré Anthony Salisbury, l’agent spécial en charge de Homeland Security Investigations du bureau de Miami, au Miami Herald, mercredi 17 août 2022. Il avait ajouté qu’il y avait une augmentation de l’activité et des saisies.

« Homeland Security Investigations et ses partenaires enquêteront et chercheront à poursuivre en justice tout individu impliqué dans le trafic illégal d’armes », avait averti Salisbury en conférence de presse. « C’est inquiétant de voir la quantité [d’armes à feu] et l’augmentation de la puissance de feu que nous voyons envoyées là-bas », avait-il admis. Bien que le HSI ait déjà saisi des armes destinées à Haïti et enquêté sur un certain nombre d’affaires impliquant la région des Caraïbes et certains pays d’Amérique latine, M. Salisbury avait insisté sur le fait que les agents fédéraux «constatent une recrudescence».

La Caraïbe est la destination de premier ordre, avaient indiqué ces autorités fédérales des USA. Le bureau de l’industrie et de la sécurité du département du Commerce, qui collabore avec d’autres agences fédérales, dont le HSI, indique que depuis 2020, environ la moitié des enquêtes sur les exportations d’armes à feu se sont concentrées dans la région des Caraïbes, une destination de contrebande de premier ordre alimentée par la demande des trafiquants de drogue et les marges de profit au marché noir des armes à feu de fabrication américaine. Les 50 % restants sont dispersés dans d’autres régions du monde, toujours selon le Miami Herald.

L’importance du flux d’armes de fabrication américaine est perceptible. Souvent, les bandes de criminels exhibent leurs fusils. M-16, M-4, T-65, M-4, entre autres. Avec ces armes, ces bandes armées sèment le chaos et ont tué dés ressortissants américains. 

Un marché rentable

Les armes à feu les plus populaires pour les exportations illégales des États-Unis sont les pistolets : le Taurus Model G2C, le Micro Draco 5.5, qui peut tirer des balles de fusil, et les Glock 9 mm. Les gilets pare-balles et les munitions sont également des exportations populaires au marché noir. Par exemple, en raison de la popularité de leur marque, les pistolets Glock 9 mm peuvent se vendre entre 400 et 500 dollars l’unité dans un magasin d’armes à feu sous licence fédérale ou dans une exposition d’armes privée dans le sud de la Floride, mais peuvent être revendus entre 2 000 et 5 000 dollars à Saint-Thomas, dans les îles Vierges américaines, et atteindre 10 000 dollars en Jamaïque, à Trinidad ou en Haïti.        

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/248763/usa-un-projet-de-loi-pour-endiguer-le-flux-darmes-americaines-vers-lhemisphere

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