Trois anciens maires de Guadeloupe mis en examen

Ils étaient maires. Ils ont été mis en examen… On leur reproche d’avoir acheté du mobilier urbain surfacturé et d‘avoir pris leur commission au passage. Comme les gens sont méchants !

Quand on leur demande ce qui leur a pris, ils répètent en boucle qu’ils ne savent rien de ces affaires, qu’ils n’ont jamais touché de pots de vins, qu’ils n’ont jamais pris de petits cadeaux… qu’ils ont simplement passé des marchés avec deux entreprises qui avaient pignon sur rue.

Tout commence il y a quelques années quand une dame, qui fréquentait le Salon des maires et des collectivités locales qui ouvre ses portes en même temps que le Congrès des maires de France (comme c’est pratique !) tombe sur trois élus sympathiques. Via deux sociétés, Procité et Images et Stratégies, spécialisées dans la vente de matériel urbain et de plein air à des communes ultramarines, la dame fait ses affaires et prend sa commission au passage. C’est normal, ce sont les affaires.

Cher mobilier
urbain !

L’enquête dira cependant qu’elle facturait chaque pièce de mobilier jusqu’à neuf fois son prix sur le marché !

Donc, elle aborde nos trois élus. En fait, la dame, qui présente bien, Une bonne soixantaine élégante, aborde quantité d’élus le temps du Congrès, avec l’aide d’adjoints qui rabattent vers la nasse. C’est le principe de la vente en meute.

Nos trois nigauds… et d’autres encore, dont six maires guyanais (chefs d’édilité des communes de Camopi, Kourou, Matoury, Montsinéry Tonnegrande, Régina, Roura), tombent dans ce que les enquêteurs vont appeler un piège. Ils achètent du mobilier urbain au prix fort.

S’ils ont cédé parce que la dame était trop habile, on ne peut leur reprocher que leur faiblesse. S’ils ont passé la barrière, on leur reprochera leur voracité. Voire de la malhonnêteté… mais seul le procès dira les choses.

Les doigts
dans le pot
de confiture

La dame, qui est franco-israëlienne, a un pied en France, un pied à Tel Aviv. Et, le 27 janvier 2020, elle est interpellée à Orly à sa descente d’avion. Elle était recherchée depuis quelques temps par toutes les polices de France et d’ailleurs pour faire droit au mandat de recherche délivré par un magistrat de Fort-de-France pour corruption, favoritisme, recel. Elle a passé un temps en prison, en détention préventive à Ducos. Depuis quelques mois, elle est en liberté mais avec interdiction de quitter la Martinique et elle est soumise à un contrôle judiciaire. 

Quand ils évoquent devant les enquêteurs la dame bien mise qui les a abordés, les élus ne se souviennent d’elle que vaguement. Elle passait au Congrès des maires. Ses adjoints aussi. Qu’y faisaient-ils ? Là, les mots manquent. Ce qu’elle y faisait ? Elle cherchait des portes ouvertes pour prendre sa part de l’argent public. Elle facturait ses prestations (2 millions pour les 9 communes) au prix fort mais distribuait des cadeaux aux élus qui l’avaient agréée dans leur cercle. La dame était bien gentille.

Loulou
et les autres…

Les trois élus guadeloupéens ont nom Louis Molinié, ancien maire de Terre-de-Haut, déjà condamné, mis en examen pour corruption passive et témoin assisté pour favoritisme, Georges Clairy, ancien maire de Vieux-Habitants et Marie-Lucile Breslau, tous deux mis en examen pour favoritisme et corruption passive par une personne dépositaire de l’autorité publique. 

Trois élus du sud Basse-Terre, trois élus à qui l’on aurait donné le bon Dieu sans confession. Si ça se trouve ce sont trois innocents, victimes de leur candeur… du moins jusqu’au procès. 

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