PAR MAX RIPPON
Poète et écrivain marie-galantais, Max Rippon a souhaité s’exprimer dans nos colonnes.
Je t’offre à aimer mon île
Là où les tortues d’eau douce chevauchent les mares assoiffées
Là où la terre à midi sue les parfums mêlés
Des cannes coupées et des embruns ballotés
Ami
Mon pays n’est pas un lieu ordinaire
C’est un pays dont le silence de mes pas
Epouse les anses nombreuses et le calme des plages
Ami
Compagnon
Complice
Mon frère
Prends place à mes côtés le long des cannaies en fleurs
Pour célébrer avec moi le grand élan des retrouvailles
J’ai maintes fois tenté en vain de dater l’aube de notre amitié…
Accroche donc à mes bras et ta détresse et ta joie
Et viens me laisser prendre tes doutes dans mes pas
Le manque commun de nos rivages nous a fait jumeaux obligés
Tu fais si loin de moi lever des soleils
Que je mets en couche le crépuscule venu
Je n’ai rien de mieux à t’offrir
Outre que d’aimer cette terre qui vit mon regard s’ouvrir un matin
Je n’ai rien de plus à t’offrir
Outre que tenir avec toi la machette habile
Qui balise les voies neuves
Je n’ai rien de mieux à partager avec toi qui occupe tant mes craintes
Hors ce craquement si familier des roues d’acier
Des charrettes têtues gavant les usines…
Mon sang est ce vesou qui mène à l’ivresse des jours qui se suivent
Mes veines sont ces chemins pendus à la sécheresse des ravines
Les jours passent et les amours aussi
Et l’amitié demeure…
Vallée alluviale en étiage
Elle espère la neuve rosée
Pour chasser les doutes et refaire fleurir les espérances
Durocher, le 5 mai 2022
Max Rippon