PAR ME HARRY J. DURIMEL
Me Durimel, avocat pointois, est à l’origine, il y a 16 ans, d’une plainte de victimes du chlordécone, produit employé sur les bananeraies, hautement toxique et interdit à la vente, sauf dérogation aux Antilles Françaises. Il explique comment, ce lundi, il va aller plaider pour que le dossier, très politique, impliquant des personnalités du monde politique et économique, décédées ou vivantes, à tout le moins un Etat cynique du temps de François Mitterrand — dont il faut préserver la mémoire —, ne soit pas jeté pour toujours aux oubliettes.
Me voilà à l’embarquement du vol Pointe-à-Pitre/Paris, afin d’être présent à l’audience de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris de ce lundi 10 juin 2024. Elle devrait se prononcer sur la validité de l’ordonnance de non-lieu prononcée par le juge d’instruction dans l’affaire du chlordécone.
16 années se sont écoulées depuis le dépôt, le 23 février 2006, de la plainte que j’ai rédigée, d’initiative et bénévolement, après l’avoir proposé à une dizaine de militants des Verts, de l’UPG, et quelques citoyens d’horizons divers de la Guadeloupe qui menaient avec nous la mobilisation anti-chlordécone.
Après une quinzaine d’années à dénoncer, vociférer, protester dans une grande solitude, j’ai le sentiment que l’ordonnance de non-lieu, qui était censée enterrer notre plainte, a eu le mérite de provoquer une certaine mobilisation d’élus, de la société civile et de plus en plus d’avocats.
Si l’on ne peut que se réjouir de cet apport de forces vives pour mener ce combat titanesque, on peut craindre que certains n’instrumentalisent cette tragédie pour faire leur propagande.
Pour ma part, ma soif de JUSTICE et de VÉRITÉ n’a pas varié et après 16 années d’attente, je n’entends m’associer à aucune manœuvre dilatoire stérile qui ne servirait à certains qu’à faire le buzz et à encore retarder le jugement de cette affaire.
Nous avons travaillé des dizaines d’heures pour rédiger un mémoire de 133 pages afin de répondre aux arguments juridiques du procureur et des magistrats instructeurs et réduire à néant l’ordonnance de non-lieu.
Bien que la procédure soit écrite devant la chambre de l’instruction, dans cette affaire spéciale nous sommes prêts pour formuler des observations orales et plaider véritablement pour convaincre les juges de la justesse de notre combat.
Mais, nous ne ferons rien pour nous opposer au renvoi que sollicitent des confrères pour des motifs que nous respectons, tout de même.
Mais, il n’est pas question pour moi d’être absent à cette audience, que nous attendons anxieusement depuis que nous avons interjeté, dans les dix jours, appel de l’ordonnance de non-lieu du 2 janvier 2023.
Quoi qu’il arrive, nous sommes résolument engagés à ne pas nous arrêter là car il reste beaucoup à faire pour que JUSTICE soit rendue aux Antillais et aux Antilles : Condamnation-Réparation-Dépollution.
Le combat continue mais nous n’avons pas de temps à perdre…