Les usagers de la ligne interurbaine 7, reliant Cayenne à Matoury via Family Plaza, doivent faire preuve d’une grande patience.
L’attente peut excéder une heure. En Guyane, pour se rendre dans la zone d’activité économique et de loisirs de l’île de Cayenne, il vaut mieux ne pas être trop pressé. Mercredi dernier, jour de shopping et de marché, les usagers en ont fait la douloureuse expérience. Selon un conducteur de Monbus.gf, entreprise délégataire de service public, des avaries touchant deux des quatre bus de la flotte sont à l’origine des retards. Une situation qui pourrait durer !
« Avec la crise, tout devient compliqué ! »
Kevin Madeleine, directeur général de Monbus.gf
« Avec le confinement hexagonal et les pièces nécessairement importées, la chaîne fournisseurs est ralentie et impactée fortement, explique Kevin Madeleine, directeur général de Monbus.gf. Entre ceux qui sont malades, ceux qui sont en train de se restructurer, voire de fermer ou qui sont dans des situations critiques aggravées par la crise sanitaire, tout devient compliqué. « Malheureusement, je suis dépendant de ces personnes. Je n’ai donc pas de visibilité sur les délais. Nous avons signalé à la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL) qu’il faudrait plus de véhicules de réserve. »
Les passagers réclament plus de sécurité… et de nouveaux bus
L’affluence excessive à bord des bus est également dénoncée par les abonnés et usagers occasionnels, en pleine crise sanitaire. A l’approche des fêtes de Noël, les achats à effectuer vont engendrer des déplacements supplémentaires, les passagers fustigent l’insuffisance des mesures sanitaires à bord des transports collectifs publics. La distanciation sociale est impossible à observer, de même que le nombre limité de passagers. Les utilisateurs de ces transports réclament la présence de médiateurs à bord, ainsi que de nouveaux bus en renfort. De son côté, la direction de Monbus.gf affirme « respecter le protocole sanitaire vis-à-vis du personnel et des usagers. Certains voyageurs arrachent la signalétique avec les recommandations sanitaires. D’autres ne les appliquent pas parce que tout le monde est un peu débordé par la situation. »
Pour autant, l’obligation de port du masque est bien respectée à bord de la ligne 7. Quand un rare usager se risque à l’enlever et se voit reprendre par l’entourage immédiat, il le replace sans grande résistance, surtout les dames.
Christelle Auguste Yago
Les jobbeurs s’improvisent transporteurs de passagers
A bord des transports privés, obligation est faite de limiter à deux le nombre de personnes par rangée, en dehors des membres d’un même foyer ou groupe voyageant ensemble. Pourtant, face aux dysfonctionnements observés sur les réseaux de transport public, de nombreux particuliers s’improvisent transporteurs de passagers. Ils appliquent un tarif de 3 euros minimum, supérieur à celui du réseau public, qui est de 2 euros, pour les quartiers populaires de Matoury, la troisième de Guyane. On négocie ferme aux abords des arrêts !
Cette activité illégale est effectuée aux risques et périls de particuliers « désabusés » et « à court de solutions alternatives moins onéreuses ». A la gare routière de Cayenne, ces derniers déclarent « se sentir plus en sécurité que dans le bus, même en l’absence de port du masque par le conducteur ou d’autres passagers, et de distanciation sociale dans un habitacle plus petit. » Le fait n’est pas rare : un transporteur privé sur quatre portait le masque, et un passager sur deux.