Transport aérien. Vers la fin d’Air Antilles/Air Guyane ?

Depuis le 14 juillet, les deux compagnies du groupe Compagnie aérienne intérrégionale express (CAIRE), dont le PDG est Eric Koury, sont en difficultés. Leur liquidation judiciaire pourrait être prononcée ce matin. Une réunion de la dernière chance, qui devait se tenir hier soir n’a pas abouti : les syndicats ont décliné l’invitation.

Que se passe-t-il à Air Antilles/Air Guyane ? Les salariés sont en grève depuis le 14 juillet. Ils demandent une restructuration de l’organisation des sociétés Air Antilles Express et Air Guyane et des augmentations de salaires (15%). En fait, ile veulent la mise en application d’un accord de décembre 2022.

Le PDG refuse, arguant des difficultés des deux compagnies depuis et après la période COVID.

Eric Koury a déposé auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre une demande de mise en cessation de paiement et en liquidation judiciaire de l’entreprise qui sera examinée ce mercredi.

En attendant, il a fallu d’une part rapatrier les clients laissés en souffrance dans les îles de la Caraïbe et trouver des solutions alternatives pour les liaisons intérieures de la Guyane.

Plusieurs réunions se sont tenues depuis la semaine passée. Les 26, 27, 28 juillet. L’avant-dernière s’est tenue le 31 juillet, sous la médiation du secrétaire général aux affaires économiques de la préfecture de Guadeloupe, Régis Elbez et ses équipes.

La médiation avait été demandée et approuvée par le cabinet du ministre des Transports, Clément Beaune, le 26 juillet. Immédiatement, une première réunion s’est tenue, avec la direction de CAIRE et le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), mais sans la présence du SNPNC-FO représentant les personnels navigants commerciaux qui ont été inclus à leur demande dans les discussions à partir du 28 juillet.

Les uns comme les autres ont regretté que la déclaration de cessation de paiement des deux compagnies au greffe du tribunal mixte de commerce de Pointe-à-Pitre ait bloqué toutes revendications de revalorisation des salaires.

Les deux syndicats ont réitéré auprès de la direction de CAIRE leurs demandes à Eric Koury :

. Respect des dispositions conventionnelle avec les salaires de la profession
. Respect des protocoles et engagements pris avec les pilotes et personnels navigants commerciaux pour l’établissement d’une grille de salaires.

Les négociations n’ont pas abouti à ce stade.

Une autre réunion, le 31 juillet, n’a pas plus abouti.

Un projet de protocole de reprise d’activité a été transmis aux parties, document très complet (voir ci-dessous), comprenant huit points :
. le maintien des emplois
. la continuité territoriale, les deux parties s’engageant dans la zone Caraïbe et en Guyane à favoriser les conditions de celle-ci
. la garantie de libre concurrence au sein de la zone Caraïbe, profitable aux passagers
. le soutien d’acteurs publics dans la recherche de solutions financières pour pérenniser les deux compagnies
. la recherche et mise en place d’un accord d’entreprise avec la médiation du secrétaire général de la préfecture de Guadeloupe, le directeur du travail et la commissaire à la vie des entreprises en du développement productif, en présence d’un expert aérien choisi par les deux parties
. l’engagement de non présentation d’offre de reprise par Eric Koury
. la suspension de la grève
. le dépôt du protocole au greffe du conseil des prud’hommes, de la DEETS, et remis aux parties.

Les deux syndicats ont été invités à la réunion de la dernière chance avant l’audience de ce mercredi, hier soir, sur la base de ce protocole.

Ils ont décliné, d’autant qu’il n’y a eu, ont-ils souligné, aucun changement dans l’attitude du PDG.

Les courriers des syndicats :

En savoir plus :

Air Antilles est la plus importante des deux compagnies. Elle est la seule, après la liquidation de la LIAT, à assurer les liaisons entre la Guadeloupe, la Martinique et les îles anglophones de la Caraïbe.

Air Guyane est la seule qui peut permettre de désenclaver certaines régions isolées de la Guyane.

En 2020, avec d’autres collectivités d’outre-mer, la Région Guadeloupe avait participé au sauvetage financier de la compagnie Corsair, qui dessert plusieurs départements ultramarins depuis Paris.

Lors de la récente réunion des présidents des collectivités d’Outre-mer signataires de l’Appel de Fort-de-France, le président Ary Chalus, interrogé sur ce que les collectivités pouvaient faire pour le groupe CAIRE, a répliqué vivement : « C’est une affaire privée ! Il ne faut pas toujours penser aux collectivités pour injecter de l’argent dans une entreprise privée… »

Cependant, le président de la Région Guadeloupe a souligné qu’il avait des contacts avec l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO) sur l’avenir de l’aérien au niveau régional.

La disparition de ces deux compagnies signifierait la fin de la concurrence sur certaines liaisons aériennes, une hausse des prix des billets de passage inéluctable puisqu’il y aura beaucoup de demandes et peu de moyens de les satisfaire.

Le protocole sur lequel les parties ne se sont pas entendues :

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