Des services de police judiciaire (Gendarmerie, Douanes) ont mis fin à un trafic d’espèce protégée portant sur 40 tonnes de chair de lambi et plusieurs centaines de kilogrammes d’herbe de cannabis. Commencée fin 2018, l’affaire, avec des ramifications internationales dans la Caraïbe, a connu son épilogue il y a quelques jours.
Lors de la conférence de presse tenue au palais de justice de Pointe-à-Pitre ce vendredi 18 décembre, le procureur de la République adjoint Michaël Ohayon, accompagné du lieutenant-colonel Joël Kerleau, commandant de la section de recherches de la Gendarmerie de Pointe-à-Pitre et de la zone Caraïbes, de Nicolas Masson, chef de l’unité du Service des enquêtes judiciaires et fiscales de la Douane basé à Fort-de-France, a développé les grands moments de cette enquête inter-services et souligné la parfaite harmonie entre ceux-ci.
Un peu d’herbe et puis un gros réseau d’importation
L’enquête début en novembre 2018, par un trafic d’herbe de cannabis. Un homme de quarante ans, de Baie-Mahault. L’enquête préliminaire est menée par la section de recherche de la Gendarmerie de Pointe-à-Pitre.
Il s’avère que l’herbe de cannabis est importée depuis les îles anglophones voisines que sont la Dominique, Saint-Kitts et Nevis, Antigue. Le transport se fait par bateau.
En novembre 2019, l’affaire a pris de l’ampleur, les enquêteurs ont pris la mesure de l’importance du trafic et de sa complexité et il y a ouverture d’une information judiciaire pour trafic, importation et blanchiment.
Du trafic de chair de lambi associé au trafic de drogue
Le service d’enquête judiciaire et fiscale des Douanes de Fort-de-France est associé à la procédure d’enquête compte tenu de la mise en évidence d’un trafic d’espèce protégée, le lambi (plus particulièrement sa chaîr).
Le lambis est une espèce protégée aux termes de la Convention de Washington, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite Convention d e Washington).
Le 12 décembre 2020, tout s’emballe avec l’interpellation des auteurs du trafic tandis qu’est en cours, d’après les informations recueillies par les enquêteurs d’un nouveau déplacement du bateau qui va livrer sa marchandise prohibée en pleine mer, au large de Saint-Kitts.
Sept interpellation, de la drogue, du lambi et de l’argent
Ce jour-là, à 19 h 30, il y a une série d’interpellations et des saisies, notamment d’1,4 tonne de chair de lambi, pour une valeur de 35 000 euros à la revente, de 7,5 kilogrammes de cannabis, de 3 500 dollars américains, de 1 500 euros, d’un bateau, celui qui permettait le transport, et de plusieurs véhicules.
Le 16 décembre 2020, le juge d’instruction saisi du dossier met en examen 7 personnes, âgées entre 35 et 40 ans : six hommes et une femme, trois Guadeloupéens, quatre Dominiquais, dont trois déjà condamnés par les tribunaux correctionnels de Pointe-à-Pitre et de Créteil à des peines de trois ans de prison.
Quelles ont été les motifs de la mise en examen des sept personnes interpellées ? Trafic et importation de stupéfiants, détention et importation de lambi, espèce protégée, contrebande de marchandises mettant en danger la santé publique, plus, pour certains, le blanchiment de trafic de stupéfiants, le travail dissimulé.
Jusqu’à vingt ans de prison pour les récidivistes
Qu’encourent ces personnes ? Deux ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire et cinq sont en détention provisoire, dont deux d’entre elles incarcérées dans l’attente d’un débat contradictoire pour préparer leur défense. Elles encourent, a souligné le procureur adjoint de la République Michaël Ohayon, peines maximales, a-t-il précisé, dix ans pour le trafic de stupéfiants, dix ans pour les espèces protégées, dix ans pour le blanchiment de trafic de stupéfiants… peines doublées pour ceux qui sont récidivistes.
Ils ont dit
« Il s’agit ici, a précisé Michaël Ohayon, d’une procédure emblématique, il y a des tonnes de stupéfiants, quarante tonnes de lambis transportées au fil des mois, pour le marché guadeloupéen. je veux ici dire le bon travail des services, pour une procédure intéressante qui permet de mettre fin à un trafic de stupéfiants et d’espèce protégée. Il y a aussi une problématique sanitaire parce que ce lambi a été transporté dans des conditions qui ne respectent sans doute pas la chaîne du froid, et une problématique financière. »
Nicolas Masson a rappelé l’intérêt de cette enquête et de ses conclusions : « Nous sommes là pour protéger les citoyens, les consommateurs et ceux qui suivent les filières légales d’importation de lambis, ceux qui ont un permis CITES. ceux qui se livrent à ces trafics font feu de tout bois : drogues, espèces protégées. Là, nous avons mis fin à un important trafic, il y a lieu d’en être satisfaits. »
Le lieutenant-colonel Joël Kerleau a conclu : « Ce ne sont pas de simples pêcheurs que nous avons là, mais des trafiquants ! Ces gens-là ne respectent pas la chaîne du froid, ils posent des problèmes sanitaires à ceux qui achètent cette chair de lambis, à ceux qui la consomment. »