Stéphane Castry : « Nous devons nous battre pour continuer d’exister ! »

Comment les artistes vivent-ils les conséquences de la crise sanitaire ? Près d’un an après la fermeture des salles de spectacles et discothèques, Karib’Info a recueilli le témoignage des acteurs du milieu culturel. Bassiste guadeloupéen de renommée internationale, Stéphane Castry est notre premier invité.

Comment vivez-vous les effets de la crise sanitaire ?

Stéphane Castry : Je suis contre le fait de se dire qu’on va être pris en charge et qu’il n’y a plus qu’à attendre ! Cette crise est peut-être l’occasion de tenter autre chose, d’envisager notre activité différemment, de laisser libre cours à notre créativité, puisque nous sommes des artistes. C’est clair que, financièrement, tout le monde en prend un coup. Mais, il faut tenter de se battre, d’y croire et de se dire que malgré les circonstances, nous sommes capables d’exister. Je reste convaincu que s’il n’y a plus d’art dans ce monde, il ira très mal. Les gens ont besoin de s’évader, de respirer, de rêver…, à travers l’art. Qu’il s’agisse de littérature, de théâtre, de musique… Le monde a besoin de l’Art, avec un grand A. A nous d’honorer cette mission !

« Il y a des gens qui croient en nous… »

C’est le retour que vous avez de ceux qui assistent à vos concerts ?

Oui ! Pour ceux qui ont la chance d’y être, puisque les jauges ont été revues à la baisse, donc on gagne moins. Malgré tout, après mes concerts, je remercie ce public courageux. Quand on écoute les infos, tout est fait pour qu’on reste à la maison, qu’on ne sorte plus. Pourtant, il y a un public qui se dit : « Non ! Nous, on veut rêver, on veut écouter de la musique ! » Je remercie ces gens courageux. Leur présence nous encourage, nous, artistes, à continuer ce métier. Parce qu’il y a des gens qui croient en nous, qui ont besoin de rêver…

Malgré les restrictions, en Guadeloupe, la vie culturelle poursuit son cours. Un privilège, selon vous ?

Avec la crise, la situation géographique de la Guadeloupe est un avantage. Personnellement, si j’étais resté à Paris, je ne pense pas que j’aurais travaillé autant. Je suis de retour en Guadeloupe depuis un mois et ce que je peux proposer ici, je ne pense pas que cela aurait été possible à Paris. Il fait bon vivre en Guadeloupe, et encore plus en ce moment ! On n’a pas le droit de se plaindre. En tant qu’artistes, en Guadeloupe, nous sommes privilégiés par rapport à d’autres. Tout cela est possible grâce aux restaurants et entrepreneurs qui eux aussi osent. L’Appart, le New Ti-Paris, Kouleur kréyol, Le Plézi… se battent et nous permettent d’exister ! Nous sommes plus que jamais des partenaires : nous militons pour la même chose. Ils ont autant besoin de nous que nous avons besoin d’eux pour vivre.

« Il faut faire avec la réalité du moment. »

Parallèlement aux prestations, vous misez aussi sur la création ?

Oui. C’est important de poursuivre ses projets. Il ne faut pas hésiter à profiter de cette période pour envisager une formation qu’on n’aurait pas pu entreprendre avant. Si on avait des rêves, des souhaits, alors il faut y aller ! C’est un peu contradictoire parce qu’il n’y a pas d’argent, mais c’est le moment parce qu’on a un peu plus de temps.

Qu’est-ce que cette période aura changé pour vous ?

Pour moi, le premier confinement a été l’occasion d’un retour aux choses essentielles. Une fois qu’on a fait la part des choses et éliminé le superflu, on peut se contenter de l’essentiel. Un toit, nourrir sa famille, se nourrir. Il faut faire avec la réalité du moment, améliorer les choses. Je me fie à mon instinct et je vis. Je me fais plaisir en espérant faire plaisir aux autres.

J’espère surtout que cette période nous aura bonifiés pour qu’il en sorte quelque chose de positif. Il faut revoir le fonctionnement d’avant, se remettre en question pour partir sur de nouvelles bases. Sinon, tout cela n’aura servi à rien.

Propos recueillis par Cécilia Larney

L’actualité de Stéphane Castry

  • Jeudi 18 février, à partir de 20 heures, avec Florence Naprix, au restaurant 1973 (Pointe-à-Pitre).
  • Vendredi 19 février, à 20 heures, soirée Soul funk concept, à L’Appart (Jarry/Baie-Mahault), avec Les Nubians, Céline Languedoc, Audray Clodion, Grégory Louis, Joël Bourasseau et Philippe Beauregard.
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