Société. Abus sexuels dans l’Eglise : le grand déballage

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique de 1950 à 2020, a été rendu public en début de semaine. Accablant. Tout comme le sont les témoignages des victimes (voir ci-dessous).

Les membres de la commission sont tous des laïcs, qui ont auditionné au fil des mois, ou dépouillé les courriers de milliers de victimes de religieux pervers. Compte tenu de leur nombre on peut difficilement les taxer de parti pris.

Leurs conclusions sont claires : il y a eu comportements pervers d’hommes d’église mais aussi de laïcs gravitant dans les milieux religieux, traumatisants pour les victimes, et un laisser faire troublant de la hiérarchie de l’Eglise.

Depuis, c’est un déchaînement et l’intrusion des politiques, des sociologues, des psychologues, des athées pour proposer une réforme de l’Eglise. Or, c’est à l’Eglise elle-même de se réformer. Pas à une meute hurlante d’imposer sa loi. Seulement la mettre devant ses responsabilités.

Disons-le tout net : cette commission a mis en avant des choses connues, sues, ressassées, discutées, mais discrètement mises sous le tapis au fil des années. Des faits inadmissibles, des agissements qui imposent sanctions fermes.

Les agissements de religieux et de laïcs qui gravitent dans ces milieux — l’Eglise catholique n’a sans doute pas l’exclusivité de tels comportement déviants — sont connus de longue date. Très rarement sanctionnés par une hiérarchie « compréhensive » (ou parfois complice), ces faits sont aujourd’hui une fois connus, sanctionnés. 

C’est là que l’Eglise doit passer la main à la justice des hommes afin que la sanction soit réelle. 

En Martinique, l’archevêque David Macaire a été clair : il faut soutenir les victimes. « Le cri des victimes doit être le notre. »

Un évêque de l’est de la France a mis en avant le secret de la confession. Le ministre de l’Intérieur et des Cultes lui a rappelé le devoir citoyen et l’obligation faite de dénoncer des crimes. 

Car, crimes il y a eu. Le rapport est accablant.

« Plus d’un tiers des agressions sexuelles dans l’Église catholique ont été commises, non par des clercs ou des religieux, mais par des laïcs. »

CIASE

« L’enquête de l’Inserm aboutit à une estimation du nombre de victimes mineures d’agressions sexuelles commises par des prêtres, diacres, religieux ou religieuses, qui s’établit à 216 000 personnes sur la période allant de 1950 à 2020, selon l’enquête en population générale menée auprès de 28 010 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française, selon la méthode des quotas.

En élargissant l’analyse à l’ensemble des personnes en lien avec l’Église (personnel des établissements d’enseignement ou internats catholiques, laïcs assurant le catéchisme ou des services en aumônerie, animateurs de mouvements scouts ou d’autres mouvements catholiques de jeunesse), le nombre estimé de victimes mineures s’établit à 330 000 sur l’ensemble de la période.

Il en résulte que plus d’un tiers des agressions sexuelles dans l’Église catholique ont été commises, non par des clercs ou des religieux, mais par des laïcs. Par ailleurs, faute de certitude scientifique suffisante, la commission a renoncé à évaluer le nombre de personnes victimes d’agressions sexuelles dans l’Église alors qu’elles étaient majeures. »

6% de l’ensemble des violences sexuelles
dont ont été victimes des mineurs en France

« La CIASE s’est efforcée de situer ces violences, très élevées en valeur absolue, dans le contexte général des violences sexuelles commises dans notre société. Deux conclusions peuvent être tirées de cette mise en perspective. 

La première est que, comme on pouvait s’y attendre sur la base d’études antérieures, des violences sexuelles également massives se sont produites à l’échelle de la société française : 14,5 % des femmes et 6,4 % des hommes, soit environ 5 500 000 personnes, ont subi pendant leur minorité de telles violences. Les violences commises par des clercs, des religieux et des religieuses représentent un peu moins de 4 % de ce total. Celles commises par des personnes en lien avec l’Église catholique (y compris des laïcs) représentent 6 % de ce total.

La seconde conclusion porte sur la prévalence des violences sexuelles commises sur des mineurs entre les différents milieux de socialisation que sont, à côté de l’Église catholique ou des mouvements liés à elle : le cercle familial, le cercle amical, l’école publique, les colonies et camps de vacances, les clubs de sport et les structures d’activités culturelles. Il en ressort que si la grande majorité des violences sexuelles sur mineurs ont été perpétrées dans le cadre familial ou amical (3,7 % des personnes aujourd’hui âgées de plus de 18 ans en France métropolitaine ayant été agressées, étant alors mineures, par un membre de leur famille, 2 % par un ami de la famille et 1,8 % par un ami ou un copain), il en a été commis dans le cadre de l’Église catholique (1,16 % par des personnes en lien avec l’Église, dont 0,82 % par des clercs, religieux et religieuses) significativement plus que dans les autres sphères de socialisation (0,36 % dans les colonies et camps de vacances, 0,34 % dans le cadre de l’école publique, 0,28 % dans les clubs de sport et 0,17 % dans le cadre d’activités culturelles et artistiques).

L’Église catholique est ainsi, hors les cercles familiaux et amicaux, le milieu dans lequel la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée. »

Ils témoignent : 

https://www.ciase.fr/medias/Ciase-Rapport-5-octobre-2021-Annexe-AN32-Recueil-de-temoignages-De-victimes-a-temoins.pdf

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