Depuis jeudi 2 décembre, des élus, le collectif des organisations en lutte contre l’obligation vaccinale et le passe sanitaire — qui a introduit dans le débat une plateforme de revendications sociales et catégorielles — sont en mode discussions et rédaction d’une méthode de travail pour d’éventuelles négociations.
Rapidement, le collectif a remis un projet d’accord sur la méthode, dans lequel il demande en préalable à toute discussion que l’Etat soit représenté par une délégation interministérielle.
Rappelons que le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a mis comme préalable à toute discussion ou négociation avec les syndicats que ces derniers dénoncent les exactions commises certaines nuits, dont l’incendie de bâtiments d’habitations et de commerces à Pointe-à-Pitre, des pillages de bijouteries et de magasines d’électronique, etc.
Ce que les syndicats refusent. Situation bloquée.
Entre-temps, le préfet Alexandre Rochatte a reçu mandat de son ministre de s’entretenir avec les maires de Guadeloupe qui ont assisté à une réunion en zoom avec Sébastien Lecornu en fin de semaine dernière.
Tandis que les barrages sont démantelés par les forces de l’ordre et que la vie reprend — les rues de Pointe-à-Pitre et les hypermarchés désertés depuis deux semaines étaient pleins de chalands samedi —, tandis que les élus ont pris contact avec des jeunes qui sont sur les barrages pour comprendre leur motivation, tandis que des jeunes étudiants disent ne pas se reconnaître dans ces jeunes qui ont été choisis comme interlocuteurs par les élus, tandis que les syndicats défilent à Capesterre Belle-Eau, décidés à poursuivre le mouvement engagé…
Patrick Vial-Collet, président de la CCI territoriale de Guadeloupe, a écrit aux élus qui négocient actuellement depuis jeudi avec l’intersyndicale contre l’obligation vaccinale et le passe sanitaire.
Il motive son action par le fait que la CCI territoriale représente toutes les entreprises du secteur du commerce, des services et de l’industrie.
« Nous déplorons le mouvement insurrectionnel qui n’a rien à voir avec une crise sociale ou un mouvement de grève sans gréviste. »
Il poursuit : « Depuis plus de 20 jours, la population guadeloupéenne est sévèrement affectée Et ne peut plus circuler librement. Les entrepreneurs sont pris pour cible, leurs entreprises ont été saccagées, pillées, brûlées par des délinquants. »
« Ces actes d’une extrême gravité ont été unanimement condamnés, à l’exception, accuse-t-il, de ceux qui ont sans doute instrumentalisé ces actions et qui proposent d’assister les individus interpellés ou placés en détention. Le tout en exigeant parallèlement que les poursuites engagées à leur encontre soient abandonnées. Nous pouvons vous assurer que ce postulat choque au plus haut point nos ressortissants. »
Sur le projet de méthode transmis par les syndicats, Patrick Vial-Collet le qualifie de « fumisterie » en ce sens que les préalables qui sont exigés avant toute négociation sont impossibles, selon lui, à satisfaire.
« Nous constatons que l’objectif n’a pas varié depuis 2009. Le but est qu’une minorité, n’ayant aucune légitimité démocratique, à l’inverse de celle que vous confère le suffrage universel en votre qualité d’élus, utilise la force, les barrages, la mise à mort de notre économie et finalement le chaos afin de faire progresser leur seul et unique objectif, à avoir l’indépendance du pays. Cette stratégie clairement lisible désormais s’appuie en outre sur le discrédit des élus, de ‘lEtat et de toute forme d’autorité », poursuit Patrick Vial-Collet.
Le président de la CCI territoriale propose de rencontrer les élus avant toute nouvelle rencontre avec l’intersyndicale afin d’envisager les perspectives de sortie du conflit.