Social : les élus guadeloupéens veulent sortir de la crise par le haut

Les élus veulent sortir la Guadeloupe de la crise sociale. Guy Losbar, président du Conseil départemental, s’exprime en prélude à la réunion de travail. conférence de presse.

Mardi 7 décembre, à 10 h 30, les élus de la Guadeloupe se sont retrouvés à la résidence départementale du Gosier pour présenter la voie d’une sortie de la crise sociale. Pour ce faire, ils font une contre-proposition de méthode aux syndicats et appelent le gouvernement à envoyer une mission interministérielle en Guadeloupe. Ils ont pris l’attache des socioprofessionnels et du monde économique pour venir à la table des négociations.

Ils sont venus, ils sont là. Tous les « grands élus », présidents de collectivités, parlementaires. Il y avait aussi beaucoup de maires, de conseillers municipaux. Des conseillers généraux et régionaux, des conseillers communautaires.

Depuis le bref séjour de Sébastien Lecornu en Guadeloupe, le 29 novembre, les élus se sont pris en main. Sitôt avait-il posé le pied sur le tarmac qu’ils se réunissaient pour étudier la plateforme de revendications du Collectif de lutte contre la vaccination obligatoire et le passe sanitaire et du LKP. Plateforme déposée le 2 septembre et que personne n’avait encore lue… sauf Ary Chalus qui avait reçu le LKP porteur de la plateforme de revendications le 8 novembre, pour entendre et comprendre. Il a d’ailleurs écrit au président de la République, Emmanuel Macron pour le prévenir et lui demander d’expédier une mission interministérielle en urgence en Guadeloupe. Il avait senti le danger. En vain.

Un double blocage

Tandis que le ministre repartait en ayant à peine entrevu les syndicalistes et pas du tout les élus — ils avaient préféré tenir conférence de presse et se déclarer prêts à discuter avec l’intersyndicale — ces élus préparaient l’avenir. Sous forme d’un tableau avec les revendications qui leur incomberaient, celle qui iraient à l’Etat, celles qui seraient mixte Collectivités/Etat, enfin les revendications catégorielles à voir avec le patronat.

Une première rencontre a permis que les élus demandent au collectif de rédiger et présenter rapidement une méthode de travail. C’était jeudi dernier. Vendredi ils avaient le document… dont l »intitulé ne laisse planer aucune doute : Projet d’accord de méthode. Avant toute négociation, il faudra que toutes les parties signent.

Depuis, les rumeurs et déclarations sont nombreuses, qui font état d’un malaise quand aux préalables imposés (?) par le collectif — on sent la pâte d’Elie Domota du LKP dans le document.

Des difficultés avec « l’Etat »

« Ces préalables qui nous sont imposés, devait déclarer Jocelyn Sapotille, président de l’Association des Maires, sont inadmissibles. On impose des préalables à l’Etat et on nous impose des préalables. Nous n’allons pas avancer comme ça ! »

Ary Chalus rappelle la démarche, démarche commune de tous les élus pour sortir de la crise.

Guy Losbar, puis Ary Chalus, Jean-Philippe Courtois, Olivier Serva, Justine Bénin, Victoire Jasmin, ont pris la parole pour détailler la méthode de travail, les points qui seraient abordés, des propositions faites par les collectivités. Des propositions concrètes, qui démontrent que les ides sont là. L’argent aussi, mais il faudra une rallonge de l’Etat.

Comment les élus se sont-ils accommodés du document du collectif et des silences de l’Etat ? En effet, ni le préfet Alexandre Rochatte, ni le ministre Sébastien Lecornu, ni le Premier ministre Jean Castex, ni « l’Etat » avec des guillemets n’ont bougé.

Cependant, la religion de l’Etat semble être faite quand on entend le ministre ici puis là-bas, sur les médias, déclarer qu’il n’y aura âs de négociation avec l’Etat tant que les syndicats n’auront pas officiellement condamné les exactions et les tirs contre les gendarmes.

Les syndicats, qui ont mis comme l’un des préalables qu’une amnistie soit proclamée de toutes les peines infligées ou à venir pour les personnes interpelées, mises en examen, jugées et condamnées dans le cadre du conflit, ont dit qu’il n’était pas question de condamner quoi que ce soit.

Un accord de méthode
des élus unanimes

Ce qu’ont fait les élus, c’est reprendre la copie du collectif et y répondre.

« Considérant que cette crise sociale et sociétale s’est manifestée initialement au travers de réactions d’opposition à l’obligation vaccinale en milieu sanitaire et contre la mise en œuvre du pass sanitaire ;

Considérant que cette crise illustre, au-delà, les difficultés chroniques des Guadeloupéens, en particulier certaines franges de la jeunesse, dans l’accès aux ressources et services essentiels à leur épanouissement et à leur qualité de vie tels que l’emploi, la santé, l’accès à une eau de qualité, le logement, les déplacements et les transports… », disent-ils en préambule.

Les élus se déclarent en conséquence favorables à un accord de méthode prévoyant :

  • De fixer en préambule le cadre des travaux à travers des principes généraux et consensuels,
  • Des ateliers de travail réunissant tous les acteurs légitimes, y compris les forces vives, les représentants de la jeunesse dans toutes ses composantes et les représentants du monde socio-économique,
  • Un agenda de négociation privilégiant une sortie de crise à court terme,
  • Des groupes de travail à moyen et long terme adossés à des instances de suivi.

    Deux phases :
  • Les revendications urgentes. Ce qui ne veut pas dire que les élus les font leurs. Ils vont en parler avec les autres parties en présence.
    o Mise en place d’un plan d’urgence pour l’embauche et la formation des jeunes
    o Amélioration des conditions de vie des familles de Guadeloupe
    o Réintégration de tous les salariés et libéraux suspendus
    o Arrêt de toute poursuite contre les manifestants et travailleurs en lutte
  • Le traitement des autres points.
    Constitution de 5 ateliers portant sur des thématiques à définir lors de la première séance de la phase 1 {ex: la santé, les transports, l’éducation, l’environnement…}.

Les élus demandent toujours
une mission interministérielle

Tout a été pesé : les participants, la forme de la négociation, quel sera le document final, le temps imparti pour aboutir.

Trois évidences selon les élus pour que les négociations avancent et aboutissent pour sortir de la crise :

  • Toutes les parties ayant intérêt à agir dans l’intérêt de la Guadeloupe sont légitimes à être associées et contributives aux négociations à propos des sujets qui seront estimés prioritaires et urgents. C’est en ce sens que les élus ont entamé et entendent poursuivre un processus de rencontre des représentants des citoyens, des jeunes, des organisations associatives et socio-professionnelles.
  • Une absolue nécessité de la présence de l’Etat aux négociations du fait de la nature et de l’amplitude des problèmes auxquels sont confrontés les usagers guadeloupéens. Les élus guadeloupéens réitèrent, sur ce point, leur demande que soit missionnée une délégation interministérielle, qui a déjà fait l’objet de leur sollicitation auprès du Président de la République.
  • L’accord est unanime de l’ensemble des parties et acteurs en présence pour que les sujets prioritaires relèvent d’un véritable Plan Marshall pour la jeunesse, pour la formation et l’emploi, pour l’amélioration des conditions de vie des ménages et des familles guadeloupéennes. Les élus, unis et favorables à toute forme de concertation, déclarent se tenir à l’écoute de toute proposition de sujet intéressant l’avenir des Guadeloupéens.

L’intransigeance de Sébastien Lecornu et le danger d’un conflit social exacerbé ont fait quelque chose de salutaire pour les élus de Guadeloupe : faire qu’ils se mettent ensemble, sans arrière-pensée, pour travailler à une sortie de crise par le haut. Et ça c’est bien !

André-Jean VIDAL

LA MÉTHODE DE SORTIE DE CRISE CONCERTÉE (DOCUMENT DES ÉLUS)

LES PROPOSITIONS DES ÉLUS POUR LA GUADELOUPE (RÉPONSES AUX REVENDICATIONS)

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