Sébastien Lecornu met fin au SIAEAG d’ici mars et engage les collectivités à se bouger

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a écrit, le 6 janvier, aux présidents des collectivités de Guadeloupe (Conseil départemental, Région, EPCI), avec copie aux parlementaires, pour leur dire qu’il va mettre fin aux activités du SIAEAG, que les collectivités vont prendre en charge et les dettes de celui-ci et les personnels et qu’il entend que tout le monde le suive, cette fois-ci sans barguigner.

Un ministre très urbain. Photos DR

Que dit, en substance, Sébastien Lecornu, dans ce courrier direct et directif ?

« L’année 2021 doit être l’année des actes et des résultats pour l’eau en Guadeloupe. »

Il rappelle que l’Etat a apporté 90 millions pour l’eau potable et l’assainissement entre 2014 et 2020. Il révèle que, entre le 15 mai et fin 2020, les réquisitions préfectorales ont permis de colmater 4 000 fuites d’eau, évitant la perte de 800m3/heure. « L’Etat s’est également réservé la possibilité d’apporter près de 30 millions d’euros supplémentaires d’ici 2022. »

« Dissoudre le SIAEAG qui ne parvient pas à remplir sa mission de fournir un service public de l’eau et de l’assainissement. »

Sébastien Lecornu

Pour ce qui est du SIAEAG, le ton est clair : « J’ai fait part à son président ainsi qu’à ceux des EPCI concernés, par un courrier du 7 octobre 2020, de mon intention de dissoudre ce syndicat qui ne parvient pas, et ce depuis longtemps, à remplir sa mission de fournir un service public de l’eau et de l’assainissement de qualité aux usagers. »

Sébastien Lecornu précise : « J’ai accepté de suspendre jusqu’au 1er janvier 2021 la dissolution du syndicat afin de donner le temps de solliciter et d’obtenir l’accord éventuel de la Région et du Département pour continuer à financer les charges salariales du SIAEAG jusqu’à la création par la loi d’un syndicat unique de l’eau. Le 12 novembre, j’ai écrit aux présidents du Conseil régional et du Conseil départemental pour leur faire part de cette demande. »

Réponse, lui semble-t-il, en « demi-teinte. »

Urbanité mais aussi fermeté.

En effet, écrit Sébastien Lecornu, « bien que la Région et le Département aient annoncé dans la presse qu’ils pourraient financer le fonctionnement du SIAEAG jusqu’à la création d’un syndicat unique, je constate, d’une part que le Département, par une réponse qui m’a été adressée le 13 novembre, s’y refusait, d’autre part que votre courrier du 30 décembre ne mentionne pas cet engagement. »

« J’invite les deux exécutifs à formaliser l’engagement de financer le fonctionnement du SIAEAG jusqu’à la création d’un syndicat unique. »

Sébastien Lecornu

Le ministre des Outre-mer « invite les deux exécutifs à formaliser un tel engagement (financer le fonctionnement du SIAEAG jusqu’à la création d’un syndicat unique) par une délibération de leur assemblée et à en définir les modalités pratiques et chiffrées dans l’hypothèse d’une éventuelle rupture de trésorerie du SIAEAG. »

Clair. Tout comme il est clair que Sébastien Lecornu qui n’avait pas envoyé son préfet, Alexandre Rochatte participer à la création du syndicat unique, fin décembre, est sceptique sur la suite et rend un hommage discret à Eric Jalton, président de Cap Excellence, qui ne s’était pas non plus déplacé : « Je note que Cap Excellence ne souhaite pas s’engager au motif légitime que les conditions financières de fonctionnement de ce syndicat, en particulier la question de reprise des dettes, ne sont pas réglées. »

Le ministre demande, ensuite, que les assemblées locales et les EPCI (toutes les EPCI) prennent en charge, dettes et reclassement des salariés du SIAEAG, la nouvelle structure ne pouvant être grévée de dettes invalidantes, ni une armée mexicaine… Il le dit avec d’autres mots, mais le ton est là.

« Si on ne traite pas les causes des défaillances du SIAEAG, le modèle financier d’un syndicat unique de l’eau ne serait pas viable et sa création amplifierait les désordres actuels. Tant qu’ils ne sont pas résolus, je reste favorable à une création d’un syndicat par la loi d’ici septembre 2021. »

S’il passe ensuite dans son courrier un peu de baume au cœur des élus — il rend hommage au travail parlementaire de Justine Bénin, Dominique Théophile, Olivier Serva — après les avoir bien secoués, il n’en reste pas moins ferme. « Je vous confirme que le SIAEAG sera bien dissous au cours du premier trimestre 2021. »

Le planning est même serré : « cette dissolution interviendra après l’examen à l’Assemblée nationale, le 28 janvier, de la proposition de loi de Justine Bénin et Dominique Théophile… et avant son examen au Sénat, prévu le 10 mars. »

Sébastien Lecornu reviendra mi-février en Guadeloupe pour faire le point sur la dissolution et en acter la date précise. Il actera aussi, avec les parties concernées, le règlement des dettes, le reclassement des salariés du SIAEAG. En attendant, Ferdy Louisy, président du SIAEAG, va travailler sur ces reclassement avec la mission d’expertise financée par l’Etat. Petit coup de chapeau, en final de lettre, pour Cédric Cornet, président de la CARL, qui a exprimé la demande de bénéficier de la même mission en anticipation des transferts à venir…

André-Jean VIDAL

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