Hier après-midi (mercredi 11 août), après une longue réunion avec les élus, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, s’est rendu au Centre Hospitalier de la Basse-Terre (CHBT).
« La communauté des soignants qui m’entourent, comme celles et ceux qui sont présents sur l’archipel sont disponibles et disposés à répondre à toutes les questions qui peuvent être posées par nos concitoyens qui s’interrogent sur la vaccination. Ils ont du temps pour répondre à ces questions. Moi j’appelle vraiment à ce qu’on reprenne le chemin de la raison. La cheffe du service des urgences, tout à l’heure, me disait qu’elle avait parfois à traiter des patients qui n’étaient pas loin d’agoniser en arrivant aux urgences et qui ne voulaient pas le croire, une femme qui disait que ce n’était pas possible qu’elle ait la Covid parce qu’elle avait vu sur Internet que ça n’existait pas. Je pense que, désormais, il faut arrêter avec les contre-vérités, les mensonges. Ces mensonges vont malheureusement faire perdre des vies, faire perdre des gens. Et donc, les mensonges, ça suffit parce qu’ils enlèvent les vies et tuent certains de nos concitoyens », déplorait le ministre des Outre-mer.
Sébastien Lecornu poursuivait : « Certains m’ont interrogé, pour faire de mauvaises comparaisons sur la chlordécone. C’est aussi une histoire de mensonge. Un mensonge par omission. Il faut aussi renvoyer la balle aux menteurs. Questionnement objectif sur la vaccination, oui et questionnement sur le terrain scientifique, oui. En revanche, colporter de fausses informations, dire des choses invraisemblables sur la vaccination, malheureusement cela va coûter la vie de nos concitoyens. Je le dis, avec Guy Losbar, qui est à côté de moi, il faut prendre tous nos responsabilités. »
C’est avec solennité que Sébastien Lecornu a souhaité, après une visite des services du CHBT en première ligne dans la lutte contre la Covid, dire les choses. Une visite éprouvante, similaire à celle qu’il a faite, la veille, au CHU de Guadeloupe. Visite de ces services où des hommes et des femmes luttent contre la mort à toute heure.
« Il y a des enfants, des jeunes, des femmes enceintes qui sont malades de la Covid et qui viennent ici, a-t-il dit. C’est le moment de regarder les vérités en face. »
Accompagné d’André Atallah, maire de Basse-Terre et ancien chef du service de cardiologie du CHBT, du préfet de Région Alexandre Rochatte, de Valérie Denux, directrice générale de l’ARS, de Christine Wilhelm, directrice générale du CHBT, le ministre a arpenté les services, parlé avec des médecins, des infirmières, des aides-soignants, quelques-uns des renforts tout juste arrivés la veille de l’Hexagone. Il a vu les malades en réanimation et en est ressorti marqué.
Tous, médecins, infirmières, aide-soignants, ont à cœur de faire face. Faire face en soignant mais depuis quelques semaines, ils doivent faire face à un virus mortel avec, dans leur dos, ceux qui nient la Covid, ceux qui nient les services de santé débordés, ceux qui nient les morts même. Et ceux qui se moquent des arrêtés restrictifs de libertés. Une atmosphère mortifère qu’il est difficile de supporter quand on est face à la mort tandis que d’autres sont face à leur ordinateur… sur les réseaux pour critiquer sans réserve.
Difficile, quand on a passé la journée à entendre nier la pandémie, les morts, de regarder ces visages creusés, ces yeux qui ont trop vu passer de chandelles sur le point de s’éteindre à jamais.
Ce matin, le ministre part en Martinique. Il poursuit sa croisade pour tenter de convaincre les gens de ne pas jouer avec leur vie et celle des autres. Il vient parler de solidarité nationale, de renforts de soignants pour aider. De vie perdues…
Hier soir, les réseaux sociaux se sont déchaînés contre le ministre, le préfet, la directrice générale de l’ARS, les médecins qui demandent que l’on prenne conscience de la gravité de la situation, les soignants venus en renfort, les sapeurs-pompiers de Paris, les élus qui interviennent aux côtés de l’Etat pour dire qu’on ne pourra arrêter la pandémie qu’en étant responsable. Ce matin encore, c’était un déferlement de propos toujours plus décousus.
Que disait Sébastien Lecornu ? « Ces mensonges vont malheureusement faire perdre des vies, des gens, et donc les mensonges, désormais, ça suffit parce qu’ils enlèvent les vies et tuent certains de nos concitoyens.»
André-Jean VIDAL