Le bilan de Sargood, programme de recherches sur la valorisation des sargasses, a été présenté à l’Université des Antilles, ce jeudi 21 décembre.
Lancé en 2021, le projet Sargood entre les universités des Antilles, des West Indies, de Toulouse et de Sao Paulo a présenté les résultats obtenus lors des recherches effectuées ces deux dernières années sur les sargasses. Le projet a l’ambition de trouver des domaines de valorisation de l’algue toxique qui pollue en abondance les plages de Guadeloupe et des îles de la Caraïbe chaque année. Les premiers résultats sont considérés comme encourageants, car ils offrent plusieurs pistes de valorisation des sargasses.
Sargood est présenté comme « un projet de recherches qui vise à transformer le problème de l’échouage de la biomasse de sargasses en opportunités ». Ainsi, pendant environ deux ans, l’algue a été collectée et analysée dans différents laboratoires pour connaître tous ces composants et proposer plusieurs manières de la valoriser. Les recherches ont été évaluées à plus de 1,6 millions d’euros, dont une grande majorité a été financée par le programme Interreg Caraïbes.
De nombreuses propriétés
Les premières études ont porté sur l’algue et ses propriétés. Comme la majorité des algues, les sargasses ont des alginas, de la cellulose et des minéraux valorisables de différentes manières. Les études ont également montré que les algues collectées à quelques mètres du rivage afin d’éviter qu’elles soient pleines de sable (ce qui rajoute une étape supérieure au processus et donc un coût supplémentaire), ont une teneur assez faible en métaux lourds, notamment l’arsenic qui n’est finalement que peu présent au sein de l’algue. Les sargasses comme les autres algues concentrent des métaux lourds durant leur parcours dans l’océan. Cependant, les premières études ont démontré que ce taux reste bas, ce qui permet à ces composants de disparaitre assez facilement lors des étapes d’extraction des éléments de l’algue. Les laboratoires ont par ailleurs démontré que la sargasse avait une activité antiparasitaire importante et intéressante pour la valorisation.
Les études ont utilisé différentes méthodes d’extraction des éléments des sargasses en fonction des résultats recherchés et des différentes expériences qui ont été menées. Certaines extractions sont effectuées à l’image de la préparation du café, d’autres sont des extractions alcalines, ou micro-ondes. À Toulouse, les études ont favorisé l’extruda, qui permet d’obtenir une matière sèche de sargasses à partir de laquelle il est possible de récupérer des agro-matériaux.
Peinture, compost… à base de sargasse
En Guadeloupe, une étude de valorisation a été confiée à l’entreprise guadeloupéenne 100% Zeb qui a expérimenté la création d’une peinture anticorrosive à base de sargasses. Cette peinture qui pourra être utilisée pour le bois mélange la sargasse à d’autre plantes de notre environnement. D’autres études ont abouti sur le développement d’électrodes à partir des sargasses, qui peuvent être utilisés dans le dessalement de l’eau. Enfin, la sargasse a également la possibilité d’être transformée en compost ou en engrais utilisé pour la culture du poivron, du céleri et de la tomate. Les résultats attestent que les légumes qui ont reçu les extraits de sargasses ont connu une croissance plus importante.
L’extraction des éléments a donc été retenue comme une étape cruciale de valorisation de l’algue. L’étude a été menée dans plusieurs universités. L’Université des Antilles s’est notamment penchée sur la valorisation des ressources naturelles tropicales. Ces recherches avaient pour objectif d’expérimenter l’élaboration de matériaux à forte valeur ajoutée qui pourront être utilisés dans la construction, le traitement de l’eau, la dépollution et d’autres domaines.
En définitive, le projet Sargood a obtenu de nombreux résultats encourageants : toutes les études ont abouti à des produits prometteurs. Lors de la présentation des résultats, le 21 décembre à l’Université des Antilles (pôle Guadeloupe), les experts ont affirmé que le projet était « une réussite ». Les études menées se démarquent également par leur volonté de privilégier des utilisations rapides pour la population touchée par cette pollution massive. Les différents résultats et leur développement font l’objet d’un projet.
Tirolien Tafari
Il l’a dit
Hugues Occibrun, médiateur scientifique (100% Zeb) : « On valorise les plantes locales pour mettre en avant la biodiversité. Avec l’Université, nous avons travaillé sur ce projet. Ils ont trouvé des propriétés anticorrosives à la sargasse : nous sommes partis de ce constat pour élaborer une peinture protectrice pour le bois. Avec le savoir des anciens qui mettaient une branche de patchouli dans l’armoire pour éviter les mites et l’usage qu’ils faisaient du roucou, nous avons créé une peinture en mélangeant la sargasse à ces deux plantes connus pour protéger le bois. Les résultats sont encourageants notamment au niveau des propriétés, de la couleur mais aussi de l’odeur de la peinture. Elle dégage plus une senteur épicée de patchouli, que l’odeur de soufre de la sargasse ».