Santé. Le jeûne, enquête sur un phénomène

Jeûne intermittent, autophagie, « switch métabolique » : dix ans après leur premier documentaire à succès sur le jeûne, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade se replongent dans les recherches prometteuses sur une pratique en plein essor.

Et si, face au piège contemporain de la nourriture en abondance, la privation contrôlée était une clé décisive pour notre santé ? À l’instar des chasseurs-cueilleurs, pour qui les trois repas quotidiens n’avaient rien d’évident, serions-nous en réalité programmés par l’évolution pour jeûner ?

Ces dernières années, la recherche – de la rhumatologie à l’oncologie – s’est massivement emparée du sujet, tandis que le jeûne intermittent, devenu un phénomène de société, dévoile des bienfaits désormais avérés. Si les Allemands peuvent aujourd’hui profiter de cures de jeûne remboursées dans le traitement de certaines maladies chroniques, comme la polyarthrite, l’asthme, la fibromyalgie ou le diabète de type 2, cette pratique prometteuse et peu coûteuse suscite encore la méfiance du corps médical français… À tort ou à raison ?

Promesses et limites

Déjà auteurs en 2012 de l’enquête à succès Le jeûne, une nouvelle thérapie ?, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade rouvrent le dossier, en compulsant les résultats d’une nouvelle décennie de recherches foisonnantes et prometteuses. Alors que cette démarche, qui suscite un intérêt croissant du grand public, se trouve trop souvent récupérée par des « gourous » profitant du relatif silence des autorités médicales, leur documentaire replace la pratique sur le terrain scientifique pour en redéfinir les mécanismes, les promesses et les limites.

Suivant le jeûne de 14 jours de Stéphane, 50 ans, venu dans une clinique allemande pour s’attaquer à des problèmes métaboliques, le récit explore en parallèle les dernières études menées aux États-Unis, en Allemagne et en Italie, et décrit les mécanismes majeurs mis au jour par les scientifiques : l’autophagie, un programme d’« autonettoyage » intracellulaire, ou le « switch métabolique » qui entraîne la production de cétones, un supercarburant aux propriétés anti-inflammatoires.

Alternative au jeûne de plusieurs jours, le jeûne intermittent – mise au repos cyclique du système digestif pendant au moins 12 heures – pourrait aussi se révéler un allié de choix dans le traitement et la prévention de nombreuses maladies chroniques. Le jeûne fera-t-il un jour partie des politiques de santé publique en France ? C’est ce qu’espèrent les chercheurs interrogés dans ce documentaire, qui se gardent bien, toutefois, de faire de la pratique un remède miracle : les contre-indications existent, et les cures doivent être strictement encadrées.

Samedi 25 janvier, à 22 h 25 sur Arte et sur arte.tv

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