La visite du ministre des Outre-mer, Jean-François Carenco, ce lundi 17 octobre, s’est déroulée à l’hôtel de la Collectivité de Saint-Martin. Le discours prononcé par le président Louis Mussington en ouverture de la séquence en présence des élus territoriaux a permis de tracer les grandes lignes des attentes de la collectivité.
« Votre Gouvernement a fait le choix d’accorder à Saint-Martin, ainsi qu’à Saint-Barthélemy, puisque vous y étiez hier, le privilège d’une attention particulière en ces moments cruciaux et nous vous en sommes reconnaissants », a dit Louis Mussington.
Il poursuivait : « Nous n’allons donc pas parler d’exotisme, de climat tropical, de plage de sable blanc durant notre échange ce matin, mais plutôt prêter attention à des sujets qui nous préoccupent tel le taux très élevé du chômage à Saint-Martin, un chômage qui touche particulièrement nos jeunes, la question de notre droit à l’expérimentation en matière d’adaptation règlementaire, la nécessité pour Saint-Martin de bénéficier d’une révision de son statut, les questions relatives à notre nécessaire insertion dans cet espace régional qui est le nôtre, pas seulement de notre rapport transfrontalier avec Sint Maarten, la partie Sud de l’île, mais également nos rapports avec les autres territoires de la région géographique dans laquelle nous existons. »
Menu copieux, comme on voit.
En fait, et cela va apparaître dans la suite des propos, le Saint-Martinois n’a pas apprécié que l’après Irma soit traité… sot mal traité, les élus et la population ayant ressenti cette maltraitance.
«
« En 2017 et durant les mois qui ont suivi, l’Etat a raté une opportunité de faire jouer le principe d’égalité des territoires dans le traitement du dossier post-Irma.
Pire, l’Etat a failli à son obligation d’une bonne justice distributive. Les moyens alloués à la Collectivité en faveur de sa reconstruction ont été dérisoires, sous-évalués et ne lui ont pas permis d’envisager une sortie par le haut.
Une Collectivité qui a été complètement détruite le temps du passage d’un événement météo sans précédent devenait, me semble-t-il, un mal pour un bien, une occasion de reconstruire, une occasion de financer une vaste opération de renouvellement urbain au bénéfice de la Collectivité de Saint-Martin, une façon de montrer au reste de la région Caraïbe, ce que l’excellence française sait faire. »
L’Etat a failli à sa mission
Comme souvent, parce que localement les services de l’Etat n’ont aucun poids à Paris, l’Etat a été au-dessous de tout : « En 2017 et durant les mois qui ont suivi, l’Etat a raté une opportunité de faire jouer le principe d’égalité des territoires dans le traitement du dossier post-Irma.
Pire, l’Etat a failli à son obligation d’une bonne justice distributive. Les moyens alloués à la Collectivité en faveur de sa reconstruction ont été dérisoires, sous-évalués et ne lui ont pas permis d’envisager une sortie par le haut.
Une Collectivité qui a été complètement détruite le temps du passage d’un événement météo sans précédent devenait, me semble-t-il, un mal pour un bien, une occasion de reconstruire, une occasion de financer une vaste opération de renouvellement urbain au bénéfice de la Collectivité de Saint-Martin, une façon de montrer au reste de la région Caraïbe, ce que l’excellence française sait faire. »
Mais, la France ne sait pas saisir ces opportunités. Et parce que Louis Mussington est plus intelligent que les fonctionnaires d’Etat, il a demandé directement au ministre : « Nous disposons de deux quartiers prioritaires de la politique de la ville. Le Quartier d’Orléans et Sandy Ground. Les deux ont terriblement souffert durant le cyclone, affectés par la submersion marine. Cette submersion marine, phénomène cyclonique nouveau, a donné lieu à une révision tumultueuse du PPRN mais les dispositions du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, le fameux NPNRU, qui prévoit une attention particulière à destination des Quartiers Prioritaires de la Ville n’a donné lieu à aucune attention particulière en ce qui concernait le Quartier d’Orléans ou Sandy Ground.
Nous ne pouvons plus nous contenter de faire des constats négatifs.
C’est pourquoi, il y a 2 ou 3 semaines de cela, une délégation composée d’élus, de parlementaires, de techniciens représentant les intérêts de la Collectivité de Saint-Martin a décidé de se rendre à l’Elysée, au ministère de l’Outre-Mer, d’aller à la rencontre des personnalités et des organismes concernés par ces problématiques de rénovation urbaine et de reconstruction, afin de leur exposer le principe d’un vaste programme pour Saint-Martin.
Aujourd’hui, en complément de cette démarche, je m’adresse solennellement à vous Monsieur le Ministre et demande l’inscription de ce projet de renouvellement urbain de Saint-Martin dans le prochain comité interministériel de l’Outre-Mer prévu en février 2023.
Nous aussi, nous avons besoin, à un certain moment, d’avoir le sentiment que c’est enfin notre tour. »
Donc, si aucun fonctionnaire subalterne et/ou ignorant ne vient mettre sa patte sur le dossier, Louis Mussington devrait être entendu.
Le discours in extenso de Louis Mussington :
Les thèmes débattus en réunion :
. Lors de cette rencontre, les sujets du développement de la filière pêche et la limitation des eaux de pêche, de l’abattoir, de la suspension des agents hospitaliers non vaccinés, la consommation des fonds européens, la convention fiscale et la règle des 5 ans, ont été abordés.
Notez qu’avant cette séquence, une réunion bilatérale de 20mn s’est tenue à 9H15 dans le bureau du Président en présence du Ministre et du vice-président Alain Richardson, sur la thématique économie.
Une réunion élargie a ensuite été coordonnée dans la salle du conseil exécutif à 9h30 en présence du président/ministre/VP/Parlementaires. Ci-joints les principaux sujets évoqués. Au total, la collectivité demande 257M€ de financements (réseau d’éclairage public, schéma de développement du réseau routier, infrastructures sportives et éducatives, cité des métiers, développement de l’aéroport, gestion des déchets, etc.).
Le dossier RSA a également été évoqué et la nécessité pour la collectivité d’être fixée sur le mode opératoire retenu (dématérialisation).
Le président Louis Mussington a insisté sur l’accompagnement de l’Etat pour aider Saint-Martin à se structurer. Sur chaque thématique, le ministre s’est montré ouvert aux demandes de la Collectivité, insistant sur la nécessité de mettre un plan d’action en place afin de pouvoir avancer conjointement, projet par projet.