Roland Monpierre, illustrateur : « Dans une adaptation, il y a toujours des deuils »

Né sous la plume de Simone Schwarz-Bart en 1979, le roman Ti-Jean l’horizon renaît en BD sous les crayons de l’illustrateur guadeloupéen, Roland Monpierre, chez Caraïbéditions.

Auteur de BD, Roland Monpierre s’est livré à un exercice particulier à plus d’un titre avec l’adaptation de Ti-Jean l’horizon, un classique de la littéraire antillaise. Quand le roman de Simone Schwarz-Bart est édité en 1979, au Seuil, Roland Monpierre, alors installé dans l’Hexagone où il vit avec ses parents d’origine antillaise, découvre à travers les lignes de la romancière un univers qui contribue à étoffer sa culture antillaise. Il ne pouvait imaginer que, des années plus tard, devenu illustrateur, sa route croiserait celle de Ti-Jean…

« Un bonheur supplémentaire d’illustrer Ti-Jean en Guadeloupe »

Publié par Caraïbéditions, la version BD de Ti-Jean l’horizon offre une nouvelle vie au récit en le mettant à la portée d’un autre public. « Au moment où j’ai retrouvé le héros du livre de Simone Schwarz-Bart, j’étais installé en Guadeloupe : c’était un bonheur supplémentaire. »

Par son travail d’adaptation du roman en BD, Roland Monpierre devient de fait le père de Ti-Jean l’horizon, un personnage emblématique. « Quand j’ai débuté dans l’illustration, il existait très peu de personnages noirs dans la BD, peu de personnages portant une parole prédominante, valorisante. Aujourd’hui, les choses ont beaucoup évolué. Et, illustrer Ti-Jean l’horizon permet d’offrir une représentation très positive, sans caricature. »

Un récit intemporel…

Publié il y a plus de 40 ans, le récit de Simone Schwarz-Bart reste d’actualité. Les interrogations de Ti-Jean l’horizon à la recherche de son identité, son histoire, ses ancêtres… font écho aux questionnements de notre société.

« Les interrogations que Ti-Jean a par rapport à ses origines peuvent s’appliquer à chacun de nous, relève Roland Monpierre. Ti-Jean est toujours positif. Sa plus grande victoire n’est pas de gagner son combat, mais de se lever pour se battre. Pour le représenter, je me suis inspiré de mon fils. Il y a une continuité, une transmission dans cette histoire entre le grand-père, le père, le fils… D’une certaine façon, Simone Schwarz-Bart m’a aussi passé le relais. »

Fruit de trois années de travail, l’album Ti-Jean l’horizon résulte des choix de l’illustrateur qui a dû suivre le chemin tracé par l’auteure pour illustrer le récit sans trahir. « J’ai réussi à être fidèle, mais j’ai dû faire des sacrifices ! Dans une adaptation, il y a toujours des deuils : on ne peut pas tout emporter. Comment transcrire en images le souffle du vent, le parfum des fleurs…?! »

L’illustrateur conseille à ceux qui découvrent Ti-Jean grâce à la BD de se plonger ensuite dans le texte original, le roman de Simone Schwarz-Bart.

Cécilia Larney

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