Confrontées à des coûts de plus en plus élevés des remboursements liés aux violences urbaines à répétition dans les régions d’Outre-mer, les compagnies d’assurance ont annoncé, mercredi 4 décembre, qu’elles allaient réviser leurs contrats pour les entreprises assurées et cesser d’assurer de nouveaux clients.
La Fédération professionnelle France Assureurs a chiffré à un milliard d’euros le coût pour les assureurs des dégâts causés par les troubles en Nouvelle-Calédonie
Depuis, des émeutes ont éclaté en Martinique où, au prétexte de vie chère, des dizaines de surfaces commerciales ont été cambriolées, pillées ou incendiées.
Generali a été le premier à amorcer le mouvement. Dans L’Argus de l’assurance , un cadre du groupe italien a annoncé, le 22 novembre, « suspendre la souscription » de nouveaux contrats pour les entreprises des Antilles. Selon lui, les émeutes du mois de septembre en Martinique auraient coûté 20 millions d’euros à la filiale locale de Generali, GFA Caraïbes.
Dans la foulée, Groupama et Allianz ont à leur tour annoncé limiter leurs offres en Martinique et en Guadeloupe. « Compte tenu de la fréquence et de la sévérité du risque d’émeutes dans certains territoires ultramarins, nous avons pris la décision d’exclure (ce) risque de nos contrats entreprise », a précisé Allianz à l’AFP.
Groupama a confirmé avoir pris une mesure similaire.
Ces décisions veulent dire que les dégâts liés à des émeutes ou des troubles civils ne seront plus indemnisés par les assurances. Les partenaires patronaux se sont affolés car sans assurance, les banques ne financent pas les projets d’entreprises.
Hervé Mariton, président de la Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom), a réagi : « Les difficultés à être assuré hypothèquent les conditions de la reconstruction en Nouvelle-Calédonie, compliquent les enjeux de réparation en Martinique et sont de nature à causer des difficultés pour les entreprises elles-même. »
Que faire alors ? Tous les acteurs se tournent vers l’État. Les assureurs estiment que celui-ci a failli dans sa mission de maintien de l’ordre et que sa responsabilité est engagée dans les troubles qui ont marqué 2024. D’ailleurs, il y a un mois, Generali a annoncé le dépôt d’un recours au civil contre l’État pour être remboursé des sommes versées aux assurés touchés par les émeutes en Nouvelle-Calédonie.
La CPME a un projet de courrier à destination des ministères concernés leur demandant que l’État « assume sa part » en termes de réassurance mais la démission du gouvernement risque de suspendre cette initiative.