Rencontre avec Emmanuel Macron : les élus peu convaincus vont néanmoins faire des propositions

Les grands élus de Guadeloupe — mais aussi ceux de Pétaouchnok en Outre-mer — ont eu une séance de travail avec le chef de l’Etat. Emmanuel Macron était accompagné de Jean Castex, Premier ministre, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. Les directeurs et directrices des Agences régionales de santé étaient présents.

« Nous avons été prévenus hier soir, a dit Ary Chalus à l’issue de cette conférence, que nous ne serions pas seuls mais qu’il y aurait tous les territoires outre-mer impactés par la Covid. Pourtant, c’est nous qui avons déclenché cette rencontre, c’est nous les élus qui, depuis des mois, faisons des propositions, demandons qu’il y ait une application différente des textes de loi qui régissent la vaccination. »

Ary Chalus est déçu. Il pense — à juste raison — que les problèmes guadeloupéens réveillés, avivés par la crise sanitaire, qui a entraîné une crise sociale aigüe, méritaient une rencontre dédiée et non cette cacophonie des régions qui toutes ont leurs problèmes distincts les unes des autres.

Guy Losbar, président du Conseil départemental, est plus mesuré. S’il regrette lui aussi le format de cette réunion, il veut retenir le fait qu’il a pu exposer les problèmes (deux personnes se sont exprimés pour la délégation de Guadeloupe, Guy Losbar et Justine Bénin, députée). Et qu’une nouvelle rencontre avec la Guadeloupe est programmée.

Si Guy Losbar a évoqué les questions sanitaires, il a aussi parlé social, économie et politique.

Les questions sanitaires, c’est le passe vaccinal qui devrait être différé le plus possible pour tenir compte du taux de vaccination. et du taux de contamination.

Eau, social, jeunesse…

La question sanitaire c’est aussi le problème de l’eau. Région et Département ont mis 50 millions d’euros sur la table. Ils escomptent que l’Etat mettent 400 millions d’euros sur cette table aujourd’hui bancale. Ils attendent que le chef de l’Etat confirme ce soutien et cette somme.

Le social, c’est une dérogation pour que la cellule d’accompagnement aux soignants qui refusent d’être vaccinés soit prolongée.

Ces deux demandes ont été rappelées ou faites au président de la République. Le premier point est acquis, reste à convaincre le préfet Alexandre Rochatte de composer avec des élus qui veulent repousser l’application à dans six mois et lui qui pense que c’est trop loin dans le temps.

Le social, c’est aussi la vie chère, l’habitat, la jeunesse.

Pour la jeunesse, « il faudrait étendre les contrats aidés au-delà de l’effort consenti, que l’Etat prenne en charge 95% des dépenses sur 4 ans. »

Pour l’habitat, la rénovation de celui-ci devrait entraîner un boost pour les artisans. La Région et le Département mettent 17 millions pour cette rénovation, par le biais de la Ligne budgétaire unique (LBU), avec effet de levier sur 5 ou 10 ans », l’Etat pourrait faire le job. « D’autant, a précisé Guy Losbar, que les fonds existent. »

L’économique, c’est dans le cadre du plan de relance pousser les contrats de convergence, faire appel aux Fonds européens.

Enfin, le politique, c’est « une plus forte domiciliation et arriver à plus de responsabilités locales, pas à pas. Obtenir la gouvernance santé, la gouvernance emploi en partenariat avec l’ARS, Pôle Emploi. »

Côté élus, ils se sont engagés, à la demande du Chef de l’Etat, à remettre rapidement une plateforme recensant les problèmes, les solutions, les soutiens complémentaires attendus de l’Etat.

Côté chef de l’Etat, celui-ci s’est engagé à des discussions région par région dans 4 ou 5 semaines pour confirmer ce qui est acquis ou approfondir la réflexion sur les propositions des régions.

Justine Bénin veut
« une domiciliation du pouvoir »

Invitée à prendre la parole, Justine Bénin, députée, a fait une recension de ce qu’elle a dit au chef de l’Etat. La vie chère, le financement des hôpitaux, le retour des forces vives. Trois thèmes qu’elle maîtrise parfaitement.

Pour combattre la vie chère, il y a les prix des hydrocarbures qu’il faut discuter, prix fixés par la préfecture, après que la SARA ait donné ses coûts et sa marge, que la Région ait donné le montant des taxes Octroi de mer et Octroi de mer régional. Ce ne sera pas facile, la SARA ayant une marge minime, gonflée par les volumes, la Région ayant besoin des Octrois de mer pour abonder les budgets du département, des EPCI, des communes…

Combattre la vie chère c’est aussi, a rappelé Justine Bénin, « la production locale qu’il faut favoriser, protéger par rapport à ce qui est actuellement importé. Pour cela, il faut une domiciliation du pouvoir. »

Quand l’autonomie s’invite au débat. C’est comme le sparadrap du capitaine Haddock !

Pour ce qui est du financement des hôpitaux, pour éviter de répéter ce qui se passe au CHU quand les services seront transférés dans la nouvelle structure, il faudra financer, revaloriser le coefficient géographique, mettre en place une mission d’intérêt général qui s’occupe des surcoûts.

Enfin, pour ce qui est du retour des forces vives, si, comme ‘a fait remarquer la députée, on ne peut pas inscrire une préférence régionale sur les offres d’emploi, on peut toujours trouver un biais, une astuce « pour mettre des Guadeloupéens aux postes de commandement. »

André-Jean VIDAL

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