Vendredi 23 avril, au pipirit chantant, petite alerte sur nos téléphones. C’est un courrier du cœur expédié par Josette Borel-Lincertin. Elle sera tête de liste aux régionales ! Plus tard, Max Mathiasin nous la joue au charme. Il sera tête de liste aux régionales. En milieu d’après-midi, Ronald Selbonne nous regarde fixement sur des groupes WhatsApp. Il sera tête de liste aux régionales. Quelle journée !
Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental, a été présidente de Région quand elle gardait le fauteuil au chaud pour le retour de Victorin Lurel nommé ministre des Outre-mer. Dix-huit mois au cours desquels elle a rempli sa fonction. Et un peu plus. Cet interim elle l’aurait bien transformé en mandat plein. Tout roulait bien, tant et si bien que M.Lurel, depuis Paris, n’avait rien vu venir. Et quand il a vu qu’il avait disparu des radars locaux et qu’il ne manquait qu’à deux ou trois fidèles, c’était trop tard. Bousculer Josette Borel-Lincertin pour reprendre son fauteuil, rouler des épaules… tacler deux ou trois maladroits, virer une ou deux personnes. Un an plus tard, Victorin Lurel laissait « ses » maires faire la campagne des régionales et se ramassait grave : aucun maire n’a joué le jeu. Le temps de Victorin Lurel était passé… il est reparti, au Sénat.
Consensuelle
Josette Borel-Lincertin a-t-elle joué une carte personnelle ? On disait Victorin Lurel prêt à se sacrifier si on lui demandait de revenir sur sa décision de ne pas être tête de liste. Il a fait, ces derniers temps, le buzz en taclant Ary Chalus qui lui rend ses coups.
D’ailleurs, Josette Borel-Lincertin reste bien consensuelle dans son courrier. Pas un mot sur ses camarades du PS, quelques attaques contre le président sortant, quelques phrases pour tacler le PPDG, allié traditionnel des socialistes, qui soutiendra, cette fois-ci, Max Mathiasin.
Max Mathiasin est ancien secrétaire fédéral du PS. Éjecté par Victorin Lurel. Législatives perdues contre Ary Chalus puis remportées avec le soutien du même six ans plus tard… dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron dont il avait fait la campagne présidentielle aux côtés d’Ary Chalus, Lucette Michaux-Chevry et Marie-Luce Penchard.
Un pari, un défi
Max Mathiasin qui, pour Victorin Lurel, a la figure d’un traitre. Mais, parlementaire comme lui, M. Mathiasin n’a plus peur de M. Lurel et ne passera par ses fourches chauvines. Il vient de recevoir l’appui de Jacques Bangou, du PPDG. L’ancien maire de Pointe-à-Pitre dont il a été le responsable de la Caisse des écoles fut un temps. M. Mathiasin compte sur l’appui de certains socialistes. Et celle, décisive si elle se manifeste, d’Eric Jalton et ses bataillons d’électeurs, aux Abymes, sur le territoire de Cap Excellence et à Marie-Galante.
La question : pour qui va rouler Éric Jalton qui aurait pu résoudre le dilemme des socialistes en se déclarant ? Mairie des Abymes et Cap Excellence bien gérées, gros réservoir de voix, pas de casseroles. Finesse politique évidente. Il peut faire ou défaire une élection…
Rassembler les nationalistes
Ronald Selbonne sera la tête de liste de l’ANG. Alyans Nasyonal Gwadloup entend « mettre l’intérêt de la Guadeloupe au centre. »
Rassemblement de « patriotes guadeloupéens » c’est un parti nouveau qui fonctionne surtout par les réseaux sociaux et des démonstrations originales sur la voie publique, des vidéos qui ont le mérite d’être bien faites, avec des intervenants connus et souvent leaders dans leur domaine : culture, social, économie…
L’ANG a diffusé une charte en 17 points sans équivoque (voir plus bas).
A ce jour il y a huit ou neuf têtes de listes autoproclamées ou en voie de l’être dans les jours à venir.
Le dépôt des listes devra être fait en préfecture du 10 au 14 mai et le 17 mai.
Entre-temps il aura coulé de l’eau sous les ponts…
La charte de l’ANG :
Charte Alyans Nasyonal Gwadloup
1- Nous nous définissons comme des nationalistes, des patriotes guadeloupéens. Est nationaliste celui qui reconnaît l’existence de la nation et se bat pour l’expression politique et la représentativité institutionnelle de cette nation.
2- Nous sommes nationalistes car il existe objectivement une nation guadeloupéenne. Nous rejetons la distinction artificielle établie par une certaine pensée française et européenne entre «patriote» et «nationaliste».
3- Notre nationalisme, compte tenu des nécessités historiques, n’établit pas de distinction entre «autonomistes» et «indépendantistes». L’autonomisme est le nationalisme a minima, l’indépendantisme est le nationalisme a maxima. L’heure est au rassemblement autour de notre nation.
4- En notre sein existent donc, autonomistes, indépendantistes : tous unis sous la bannière de la nation guadeloupéenne et de l’anticolonialisme.
5- Notre nationalisme ne repose sur aucune distinction raciale ou ethnique.
6- Notre nationalisme porte en lui les idées généreuses de l’écologie sociale et de la démocratie participative.
7- Nous nous inscrivons dans les combats menés par : Hégésippe Légitimus, Achille René-Boisneuf, Paul Valentino, Rosan Girard, Rémy Nainsouta, Albert Béville, PCG, GONG, CPNJG, UTA-UPG-PTG, UPLG, MPGI. Chacune de ces personnalités et de ces organisations a, à sa façon, en fonction des conditions historiques, pensé la « patrie » guadeloupéenne. Nous acceptons leurs héritages, non comme des discours immuables, mais comme des éléments structurants pour penser notre propre situation.
8- Nous reconnaissons le drapeau proposé par l’UPLG, comme drapeau de la nation.
9- Nous reconnaissons le Guadeloupéen («créole») et le Français comme langues de notre nation.
10- Nous reconnaissons toutes nos musiques comme musiques de notre nation.
11- Notre combat vise à faire exister institutionnellement, juridiquement, politiquement la nation guadeloupéenne, condition incontournable pour nourrir et faire grandir la conscience nationale de notre peuple.
12- Notre combat vise aussi à faire exister – au sens de lui donner les moyens et de la préserver- la nation culturellement, économiquement, foncièrement.
13- Nous croyons fondamentalement aux efforts de transformation de l’électeur en citoyen.
14- La prise du pouvoir politique est par définition même notre objectif. Cet objectif, dans les conditions actuelles, ne peut être atteint que par la voie démocratique.
15- Nous ne négligeons, par ailleurs, aucun autre mode d’intervention dans l’espace public pour faire entendre notre voix.
16- Nous nous fixons comme mission de rassembler la grande famille des patriotes, des nationalistes autour du projet minimum : donner une représentation juridique à la nation, avan tro ta pa maré nou !
17- Seul le lyannaj pou nasyon Gwadloup que nous appelons de nos vœux est capable de sauver l’essentiel. Nous appelons tous ceux, patriotes, nationalistes, anticolonialistes, qui se reconnaissent dans cette mission et ce combat à nous rejoindre. L’ANG appelle aussi les Guadeloupéens à penser par eux-mêmes, pour eux-mêmes et pour la Guadeloupe.