Juin arrive à grands pas. Les régionales en Guadeloupe aussi. D’autant que le président de la République ne s’est toujours pas décidé à repousser les élections à septembre comme le lui suggéraient certains spécialistes : l’épidémie de Covid-19 qui reprend de l’ardeur va sûrement impacter la campagne, réduite au minimum, sans meeting. Mais, le Conseil scientifique a refusé de trancher, laissant les politiques prendre leurs responsabilités sur le choix d’une autre date, d’un report.
En Guadeloupe, en apparence, personne ne bouge. Il y a eu quelques déclarations d’intention mais sans plus de publicité que cela.
Qui s’est déclaré ? Pour Ary Chalus, sortant, la question ne se pose pas. Il ira défendre son bilan et proposer un projet pour les Guadeloupéens, entre continuité et actions novatrice. Il va se prévaloir d’une bonne expérience de la Guadeloupe en temps de crise sanitaire. Pourquoi changer une équipe qui n’a pas démérité depuis un an ? De plus, les plans de relance de l’Etat et de la Région, pour venir en aide aux entreprises, enrayer le marasme économique, nécessitent une action longue… menée par ceux qui en ont l’expérience. Ary Chalus mène un combat, celui de l’eau, avec une stratégie : ne pas perdre une journée pour rénover le réseau, en commençant par les zones les plus peuplées. Tout en faisant un lobby auprès des présidents des EPCI pour que le syndicat unique de l’eau soit une réalité le plus rapidement possible, afin de fédérer les moyens et d’obtenir, enfin, cette aide massive de l’Etat promise par le président Macron. Ary Chalus sera soutenu par le GUSR et LREM.
Face au président sortant, il y aura, pour le Parti socialiste, Josette Borel-Lincertin. Ancienne présidente de Région quand Victorin Lurel était ministre des Outre-mer, la présidente du Conseil départemental a pour elle une bonne expérience, une bonne connaissance des dossiers, une image de bonne maman et un bilan positif en matière sociale. On lui opposera son âge, elle répondra : celui de la sagesse. La gestion de la Covid-19, elle l’a assurée dès les premières semaines du confinement national, en mars 2020. Et depuis, elle a veillé à ce que les actions de l’Etat et de la Région soient accompagnées, y compris dans des domaines qui ne sont pas toujours de la compétence du Département, notamment l’eau. Josette Borel-Lincertin, qui n’aime pas qu’on lui marche sur les pieds ou qu’on lui manque de respect, adopte, cependant, une attitude tout à fait diplomatique dans ses rapports avec la Région.
Max Mathiasin, qui a tenté en vain l’investiture du Parti socialiste, dont il est ancien secrétaire fédéral, même s’il a fait voter Macron à la dernière présidentielle, ce que ne lui pardonne pas Victorin Lurel, le seul maître du parti, semble décidé à y aller quand même. Il pourrait avoir l’appui de certains socialistes. On cite Christian Baptiste, maire de sainte-Anne, mais aussi Eric Jalton, maire des abymes, président de Cap Excellence, leader de la Frapp, dont aussi, et c’est plus sûr, de Georges Boucard, du Parée. Que pèse le Parée, c’est la grande incertitude ? Mais on peut imaginer qu’Eric Jalton, qui a laissé créer ce parti ramasse-tout aux côtés de la Frapp, n’est pas très loin. Max Mathiasin, député, connaît les dossiers. Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux diffusent des vidéos moquant Ary Chalus à gros traits. Elles sont diffusées par des amis de Max Mathiasin. Une façon de voir la politique.
Alain Plaisir est président-fondateur du CIPPA. C’est le Comité d’initiative pour un projet politique alternatif. Alain Plaisir est l’un des fondateurs du LKP de 2009. C’était la tête pensante économique du mouvement. Outre La conquête du marché intérieur, titre de son ouvrage le plus remarqué, une autonomie renforcée, afin que les décisions les plus sociétales soient prises en Guadeloupe et pas à Paris. Le CIPPA a présenté une liste aux deux dernières régionales, faisant un peu plus de 2 000 suffrages, ne lui permettant pas d’avoir d’élu. Cette fois-ci, Alain Plaisir qui a labouré les quartiers avec des conférences, des réunions, cherche le soutien du PCG, le Parti communiste Guadeloupéen, un peu à la ramasse dans les scrutins, mais qui garde ses fidèles et dispose d’un organe de presse, Les Nouvelles Etincelles.
Maxette Pirbakas, députée européenne, ira aux régionales. Forte de son bon score aux européennes. Le Rassemblement national, auquel elle appartient, a fait le meilleur score aux Européennes en Guadeloupe, en février 2019. Avec 23,71% des suffrages, loin devant la République en marche avec 18,07% des suffrages. Maxette Pirbakas, qui n’a pas la langue dans sa poche, peut jouer les trouble-fête.
Jean-Marie Nomertin, comme d’habitude, ira représenter « les travailleurs ». Il est porté par Combat Ouvrier. Son poids ? Aux dernières régionales moins de 2 000 suffrages.
Christelle Nanor, de Guadeloupe consciente en action, est une tête nouvelle en politique. 36 ans, la plus jeune, elle se lance en politique, accompagné de bonnes volontés, dont Pierre Chadru, artiste plasticien.
Le combat de titans, ce sera entre Ary Chalus et Josette Borel-Lincertin. Les autres lanceront les peaux de bananes…
André-Jean VIDAL
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