Belle prise de guerre (électorale), celle que vient de faire Eric Zemmour, candidat déclaré à la présidentielle des 10 et 24 avril. Maxette pirbakas, eurodéputée du Rassemblement national, vient de faire défection et de rallier l’ancien journaliste. Contre Marine Le Pen qui en a fait une députée en 2019.
Qui est Maxette Pirbakas ? Une agricultrice guadeloupéenne, 48 ans, qui s’est lancée en politique après avoir été syndicaliste agricole (FDSEA, affilée à la FNSEA) de nombreuses années. Après avoir été hôtesse de l’air pour la compagnie aérienne Air Guadeloupe, elle devient agricultrice, produisant des légumes sur des terres familiales dans le nord de la Grande-Terre. Après quelques années, elle change d’orientation agricole et plante de la canne, qui demande moins de travail sur l’exploitation. Enfin, elle s’essaie à la banane, mais semble préférer les bureaux de vote aux travaux des champs.
Battue à la présidence de la Chambre d’agriculture de la Guadeloupe en janvier 2019, Maxette Pirbakas rencontre un mois plus tard Marine le Pen qui visite le Salon de l’agriculture, à Paris. Le mois suivant, en mars, la présidente du Rassemblement national lui propose de remplacer Christiane Delannay-Clara à la douzième position sur la liste du parti aux élections européennes de 2019. Elle est élue députée européenne en mai.
L’appétit venant en mangeant, Maxette Pirbakas, qui a vu que sa présence sur la liste européenne avait permis à celle-ci de faire le meilleur score dans les bureaux de vote en Guadeloupe, a tenté de capitaliser sur ces résultats.
Elle est à la tête d’une liste présentée par le mouvement localiste Avenir, identité régionale Guadeloupe (AIRG), soutenue par le RN, aux élections régionales de 2021 en Guadeloupe.
Entretemps, elle aurait voté contre la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité au parlement européen. Ce qui a donné lieu à une polémique à rallonges.
« Moi, Maxette Pirbakas, je n’aurais jamais voté contre une condamnation de l’esclavage et du racisme contre mon propre peuple, soyons réalistes. Je ne suis pas une politicienne. Moi qui suis Guadeloupéenne, fille d’immigrée, je n’ai jamais oublié l’histoire de mon île, ni celle de ma famille. J’ai voté en m’abstenant sur une résolution de 11 pages qui concernait plusieurs éléments.»
C’est la réaction de la députée européenne qui a ensuite accusé, dans une vidéo fameuse, un de ses collègues, Younous Omarjee, d’avoir« orchestré cette campagne d’extrême-gauche contre moi, pour faire le buzz avec Jean-Luc Mélenchon. »
Elle avait poursuivi : « Je sais bien d’où je viens et oû je vais. »
Là, elle va filer, le temps de la campagne, le parfait amour (politique) avec Eric Zemmour. Est-ce une bonne prise ? Pas sûr, Maxette Pirbakas étant connue essentiellement en Guadeloupe, un peu en Martinique (mais on lui préférera Christiane Taubira, comme en Guyane), et elle est inconnue dans l’Océan Indien et le pacifique… Mais, ce sera la « caution Outre-mer » d’un candidat qui perd de la vitesse dans les sondages.
André-Jean VIDAL