Le dernier sondage présidentiel de Cluster17 marque une continuité pour le président de la République. Les propos polémiques du président concernant les non-vaccinés ne semblent pas avoir eu d’influence notable sur l’électorat (notre questionnaire a été réalisé au commencement de la polémique). Ainsi, il maintient son avance sur Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Eric Zemmour.
Valérie Pécresse est en léger recul à 14% (-1). Le cluster des Libéraux qui constitue la base la plus fournie de la candidate LR (44%) est toujours partagé entre sa candidature et celle d’E. Macron (34%). Le clivage sanitaire instauré par le président vise directement à cliver au sein de ce cluster, âgé, diplômé, élitaire et plutôt pro-vaccination. A l’instar du clivage sur le drapeau européen sous l’Arc de triomphe, Emmanuel Macron cherche à maintenir la pression sur Valérie Pécresse dont les clusters essentiels ont des positionnements antagonistes sur ces questions. La bataille pour l’instauration des clivages dans le débat médiatique est à ce titre fondamentale pour ces deux protagonistes.
Emmanuel Macron continue en outre à bénéficier d’une faible concurrence dans les clusters les plus modérés et les plus dépolitisés : Sociaux-Démocrates, Centristes, Sociaux-Républicains qui lui accordent des intentions de vote à plus de 40%. Ses propos très clivants sur la vaccination lui ont permis de remettre en scène le clivage « peuple-élite ». Ses concurrents ont eu du mal à se positionner sur le fond des propos par crainte d’effrayer un électorat favorable à la vaccination.
Ce fut le cas dans le camp identitaire en particulier pour Eric Zemmour.
Il perd 1,5 point dans notre sondage et se retrouve 4e à 13,5%. A juste titre, il n’a pas pris le risque de se positionner pour ne pas effrayer une partie de ses clusters qui a une inclinaison « légitimiste » : des électeurs âgés plutôt favorables au vaccin et à l’ordre et qui identifient les « antivax » comme des fauteurs de trouble. Le risque a contrario est de laisser filer ses électeurs plus radicaux vers d’autres candidatures : Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan et dans une moindre mesure Marine Le Pen, tous les trois en très légère hausse dans notre sondage.
Marine Le Pen maintient sa 2e position à 15% (+ 0,5). Elle continue à dominer largement dans les clusters les plus antisystèmes, populaires et identitaires : Réfractaires [9] (33%), Sociaux-Patriotes (34%), Eurosceptiques (37%). La dominante plus populaire de son offre politique par rapport à celle de ses concurrents Valérie Pécresse et Éric Zemmour lui permet pour l’instant de maintenir sa qualification au 2nd tour. Sur le clivage sanitaire elle a par ailleurs été moins hésitante et s’est opposée plus fermement au Président que ses deux concurrents. Et ce sûrement à juste titre car ses clusters les plus fidèles sont aussi les plus hostiles à la politique sanitaire gouvernementale et à Emmanuel Macron.
Au sein de la gauche, Christiane Taubira qui a fait un pas de plus vers la candidature remonte à 5,5% (+1). Elle devance les candidats PS et EELV Anne Hidalgo (2%) et Yannick Jadot (4,5%). Elle constitue ainsi une menace directe pour ces deux candidats qui ne se sont pas imposés dans les clusters qui devraient naturellement adhérer à leurs projets.
Christiane Taubira semble en mesure de reconstituer une offre crédible
pour ces clusters historiquement fidèles au Parti Socialiste et aux Verts qui constituent ce qu’on peut appeler la « gauche culturelle ». C’est ainsi qu’elle réalise des scores honorables chez les Multiculturalistes (17%), les Sociaux-Démocrates (10%) et surtout chez les Progressistes (26%) qui constituent sa base électorale naturelle : un électorat jeune, urbain, métissé, diplômé et assez aisé. Son avancée dans la campagne est à surveiller à la fois pour Emmanuel Macron pour qui les clusters Sociaux-Démocrates mais aussi Progressistes sont fondamentaux et pour
Jean-Luc Mélenchon qui pourrait être concurrencé dans le cluster central de la gauche radicale : les Multiculturalistes.
L’insoumis conserve son avance sur les autres candidats de gauche malgré une très légère baisse (- 0,5). L’instauration du clivage vaccinal par le Président est plus facile à gérer pour ce candidat dont les clusters sont les plus hostiles à la politique sanitaire gouvernementale. En s’opposant nettement au pass vaccinal et aux
propos du Président, Jean-Luc Mélenchon coalise sa base : Multiculturalistes (43%), Solidaires (36%) et Révoltés (47%), mais il prend le risque de s’éloigner de clusters plus modérés et plus favorables au fond du propos d’Emmanuel Macron sur la vaccination : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Ces deux
clusters fondamentaux pour les candidats de gauche continuent de
plébisciter le Président de la République respectivement à 43% et 38%, empêchant pour le moment toute dynamique et, a fortiori, tout espoir de victoire pour les candidats issus de la gauche.
Enquête réalisée du 27 au 31 décembre 2021 auprès d’un
échantillon de 2 252 personnes
Source : Cluster17