Présidentielle. Hidalgo, Taubira, la longue descente aux enfers

Anne Hidalgo, candidate pour le PS, Christiane Taubira, soutenue par les débris du PRG et une partie du PS, toutes deux dans une course acharnée pour la présidentielle, sont à la peine dans les sondages.

Anne Hidalgo est à 1,5% des intentions de vote, Christiane Taubira à 3,5%. Anecdotique ? Oui et non. Oui, si l’on songe qu’il y a dix ans, François Hollande totalisait 28% des suffrages à l’issue du premier tour et que les deux héritières d’une gauche de gouvernement — hors Jean-Luc Mélenchon, qui joue une carte personnelle — dépassent de peu les 5% des intentions de vote.

L’une comme l’autre ont manifesté leur intention de continuer jusqu’au bout. Et tiennent des discours offensifs qui prêteraient à rire sur l’air de « Quand j’serai présidente ! »

Anne Hidalgo a fait une tournée de quatre jours en Guadeloupe et Martinique. La candidate est agréable, d’un contact direct, joue le jeu avec ses interlocuteurs. Ses idées, jetées pêle-mêle, relèvent plus d’une bonne intention que d’une réflexion bien poussée : en Guadeloupe, elle a parlé chrlordécone, c’est une thématique qui, vue de loin, peut être porteuse.

Elle a proposé que l’Etat prenne en charge 100% des dépenses médicales des victimes de cette molécule utilisée jusqu’en 1993 dans les bananeraies pour tuer un charançon. A noter que la molécule était interdite aux Etats-Unis depuis vingt ans, en France depuis trois ou quatre ans mais que les lobbies bananiers et les élus locaux ont fait le forcing pour que les ministres successifs de l’Agriculture de François Mitterrand signent des dérogations.

90% de Guadeloupéens et des Martiniquais adultes seraient intoxiqués plus ou moins fortement par cette molécule qui imprègne les sols de la Basse-Terre et les eaux douces et marines de Petit-Bourg à Basse-Terre…

Autre annonce de la candidate : obliger l’Etat à dépolluer tous les sols et les eaux, y compris les eaux de mer… Certes.

En Martinique Anne Hidalgo a saisi une autre thématique : elle y a dénoncé l’inaction climatique d’Emmanuel Macron, son peu d’intérêt pour l’environnement. Et fustigé que l’Etat ne fasse pas grand-chose contre les sargasses qui, en Guadeloupe et Martinique, viennent s’échouer sur les côtes.

« Je pense qu’on va pouvoir se coordonner avec les collectivités de Martinique et de Guadeloupe, pour aller, comme nous sommes en train d’y travailler à Paris avec d’autres communes, réclamer la réparation de l’Etat pour son inaction climatique», a-t-elle lancé devant les médias.

A relever que, devant les difficultés financières des communes de Guadeloupe et Martinique, l’Etat prend en charge — avec les collectivités majeures, CTM en Martinique, Région et Département en Guadeloupe — l’essentiel du coût du ramassage des sargasses quand les communes en font la demande.

La candidate souhaite, si elle est élue, « donner aux collectivités locales, les compétences, les pouvoirs et les moyens financiers pour agir. »

Taubira, la diva aux pieds nus

Christiane Taubira, c’est une autre musique. Sans mandat, sans parti, la Guyanaise, forte de sa notoriété et de l’amour irraisonné que lui portent les médias, s’est lancée dans la campagne un peu au doigt mouillé. Si elle a été la favorite et la candidate désignée d’une primaire mise en place pour elle, Christiane Taubira n’a pas su surfer sur cette envolée. Elle a logiquement dégringolé dans les sondages.

Fuyante sur les grands débats de société — pas question de s’aliéner qui que ce soit —, elle n’a pas été brillante dans ses rares interventions publiques, que ce soit lors d’interviews ou dans des sorties-meetings en province.

A plusieurs reprises, ses fans l’ont vu fuir devant les micros et surtout les questions peut-être gênantes ou délicates qui lui étaient posées par des journalistes soucieux d’en savoir plus sur son programme.

A Créteil, ce dimanche, elle a chanté Ma France, de Jean Ferrat, a capella. Devant un auditoire — 500 personnes, pas plus — médusé. Avant cela, elle a réussi à captiver l’attention des jeunes, très jeunes gens qui étaient venus l’écouter. Elle leur a promis un revenu d’autonomie de 800 euros, 20 000 euros pour lancer leur projet, de faire de son mandat une présidence écologiste. Le discours baba cool qu’il faut à un potentiel électorat qui aime les grandes phrases, les bonnes intentions et qui oublie d’aller voter le grand jour. Ou votera Mélenchon. Plus rodé à ce genre d’exercice.

Iront-elles au bout de leur aventure avortée ? Elles disent que oui. Ont-elles le choix ? Elles l’ont tant voulu.

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