Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, donne ses impressions (et ses espoirs mesurés) après le dîner de travail avec le chef de l’Etat, Emmanuel Macron.
« À cette rencontre de l’Elysée, des engagements formels ont été pris en matière de sécurité, de lutte contre les trafics de stupéfiants et d’armes, de coopération renforcée avec nos partenaires de la région.
Des promesses ont été également faites en matière de développement économique, social et culturel, d’aides aux collectivités pour les grands investissements et équipements du quotidien et de l’avenir.
Enfin, le président de la république s’est engagé à inclure les Outre-mer dans le travail de préparation de la révision constitutionnelle, d’y aborder ces thèmes « sans tabous » en sachant que ce sont les populations des OM qui trancheront en dernière instance pour celles qui se sentiraient concernées.
Une feuille de route avec un calendrier et une trajectoire ont été annoncés avant la fin de l’année pour la révision de la constitution et fin février/mars pour la tenue d’une réunion du conseil interministériel des Outre-mer (CIOM) pour la mise en musique définitive.
Nous avons accueilli tout cela favorablement mais avec prudence, ayant déjà été échaudés, d’autant plus que le président a employé une formule sybilline sur le « caractère ontologique et anthropologue » de nos difficultés.
Pour ma part, je suis intervenu à deux reprises sur trois thèmes :
1- sur le développement économique et la vie chère.
j’ai proposé :
– un Big Bang eco et social et une zone zéro charges pour une période de 20 ans soit 2 plans de convergence ;
– un pouvoir de décision en matière de droit d’établissement,
– un droit à la préférence à l’emploi local,
notamment pour les jeunes avec formation à la clé,
– un droit de regard sur les transactions et la maîtrise du patrimoine foncier sans pour autant geler ce marché ;
– une application effective des lois Égalité Réelle et Régulation économique Outre-mer avec renforcement des luttes contre les monopoles et duopoles par l’Autorite de la concurrence,
– une réflexion sur le maintien et la progression du SMIC lorsqu’il représente trois quart du salaire médiane et une modernisation du dialogue social au sein des branches et des filières.
2- sur la France
– Archipel et la gestion des ZEE français , la création d’un ministère de la mer et des Outre-mer et l’érection de 3 préfectures maritimes dans chacun des trois océans, un dans le Pacifique, un dans l’Ocean indien et un autre dans l’océan l’Atlantique /Caraibe.
3- J’ai demandé au président de la république de nous dire clairement sa volonté de nous intégrer dans la prochaine révision constitutionnelle.
À ce stade la population ne peut être consultée préalablement ; ce n’est qu’après cette réforme nationale que les populations devront donner leur consentement préalable à tout changement que les élu.e.s pourraient éventuellement proposer.
J’ai eu aussi à dire que si l’on nous proposait de nouveau le mauvais projet de 2003 qui ne marche ni en Martinique ni en Guyane , je le refuserais de nouveau.
Le président et la Première ministre ont répondu clairement sur notre admission à la révision.
Les choses sont dites en courage, en transparence et en vérité. »