Politique. « Un nouveau ministre des Outre-mer pour une feuille de route inchangée »

Michel Barnier, Premier ministre, a donné la liste de ses ministres. Plusieurs leaders politiques ont commenté le nouveau gouvernement. Olivier Nicolas, premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste en Guadeloupe, secrétaire national aux Outre-mer, a réagi.

Après plus de deux mois d’atermoiements et de manoeuvres, l’équipe gouvernementale rendue publique ce samedi 21 septembre concrétise — contre l’expression démocratique des électrices et des électeurs des dernières législatives — l’union des droites voulue et échafaudée par le président de la République afin de donner à l’extrême droite tous les gages nécessaires à sa longévité.

Dans ce contexte, la nomination de François-Noël Buffet comme ministre des Outre-mer, n’offre qu’une seule satisfaction : la fin du rattachement de ce ministère au ministère de l’Intérieur qui, depuis le début du second quinquennat Macron en 2022, sonnait comme une relégation et une réduction des problématiques ultramarines aux questions d’ordre public.

La nouvelle architecture gouvernementale d’un ministère qui — certes — n’est plus délégué, mais qui reste
rattaché « auprès du Premier ministre ».

En lui adressant des félicitations républicaines, les socialistes ne peuvent que formuler le voeu que cette limite au ministère dit de « plein exercice » se traduira par une implication très forte du Premier ministre dans les lourds dossiers ultramarins qui figurent parmi les urgences politiques de la période.

Car, de la crise politique et économique en Nouvelle-Calédonie/Kanaky aux mobilisations contre la vie chère en Martinique accompagnées de violences inacceptables, en passant par la situation dramatique de Mayotte ou encore par le dossier de l’eau en Guadeloupe, les Outre-mer souffrent plus que jamais d’avoir figuré parmi les nombreux angles morts des politiques menées par Emmanuel Macron et ses gouvernements.

Le nouveau ministre, notamment par ses fonctions de président de la commission des Lois du Sénat, a incontestablement pour lui d’être un bon connaisseur des territoires ultramarins et de leurs problématiques. Mais, à l’image de la continuité déjà annoncée au cabinet du président de la République et du Premier ministre, tout indique à ce stade que la feuille de route demeurera hélas inchangée.

Il y a même lieu de redouter que ce proche jadis de Nicolas Sarkozy et de François Fillon à l’UMP ne pousse encore davantage le curseur vers la droite dont on connaît trop bien les penchants libéraux et comptables.

Or, les Outre-mer ont plus que jamais besoin que l’Etat intervienne et régule les marges abusives et les pratiques anti-concurrentielles qui sont au cour des causes de la vie chère. L’Etat déplorable des services publics dans nos territoires impliquent par ailleurs des moyens financiers, matériels et humains accrus, loin de la baisse de près de 10% que prépare le nouveau Gouvernement sur les crédits de la mission Outre-mer en 2025. Enfin, cette équipe gouvernementale aura la mission difficile de rétablir la paix civile en Nouvelle-Calédonie/Kanaky et d’y renouer le dialogue politique entre loyalistes et indépendantistes, alors même qu’elle ne compte en son sein que des soutiens revendiqués des anti-indépendantistes.

A l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les collectivités de tous les territoires, les socialistes et leurs alliés feront donc preuve de la plus grande vigilance et de la plus grande combativité contre ce qui s’annonce comme une dangereuse continuité pour la France et, particulièrement, dans les Outre-mer.

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