Politique. Situation en Nouvelle-Calédonie : Serge Letchimy réagit

En Nouvelle-Calédonie, le dégel du corps électoral pour les élections locales voté par l’Assemblée nationale à la demande du gouvernement ne passe pas bien.

De quoi s’agit-il ? Les personnes résidentes de Nouvelle-Calédonie qui sont arrivées sur le Rocher (nom donné localement au territoire) après 1998 n’ont pas le droit de voter aux élections locales. Un acquis des accords de Nouméa pour garantir aux populations kanakes légèrement minoritaires en nombre qu’elles pourraient toujours demander et obtenir par les urnes une indépendance qu’elles semblent appeler de leurs vœux, après avoir obtenu l’autonomie.

Jusqu’à présent, plusieurs référendums locaux, donc un récent où les partis indépendantistes ont refusé d’aller voter, n’ont pas permis de sortir de la République française.

Emmanuel Macron, sans doute pour conforter les « loyalistes », partisans du statu quo, a décidé que tout le monde pourrait voter, sans restriction liée à une date d’entrée sur le territoire. Loi commune. Depuis le début de la semaine, des violentes émeutes de jeunes ont endeuillé le Rocher avec cinq morts, deux militaires et trois civils.

« Depuis le 13 mai dernier, commente Serge Letchimy, la Nouvelle-Calédonie connaît de nombreuses mobilisations populaires et manifestations visant à dénoncer le projet de réforme constitutionnelle modifiant la composition du corps électoral de l’archipel. En marge de ces rassemblements, nous déplorons le décès, à cette heure, de cinq personnes, dont deux membres des forces de l’ordre et trois civils. Des centaines de personnes sont blessées.

Si aucune cause ne peut justifier la violence et les attaques perpétrées ces dernières heures dans le pays, la situation actuelle n’est autre que la résultante d’une politique d’asservissement, de confiscation des biens et des terres et de colonisation débutée par la France en 1854, lors de la prise de la Kanaky et la fondation de Port-de-France, devenue Nouméa.

D’abord colonie pénale, puis colonie de peuplement, il fallut attendre les accords de Matignon de 1988 puis les accords de Nouméa de 1998, pour que l’archipel dispose enfin d’une large autonomie, respectant l’Histoire et l’identité du peuple Kanak.

Cette autonomie à défaut d’indépendance a été arrachée par le peuple Kanak au prix de décennies de luttes et de mobilisations contre un système colonial, une République aveugle cherchant uniquement à dominer et à conforter sa présence en Océanie, par tous les moyens possibles. La politique de peuplement européenne organisée visant à mettre les Kanaks en infériorité numérique dans leur propre pays en est une illustration.

Aujourd’hui, j’appelle le Gouvernement, chargé de garantir la sécurité de tous les citoyens, sans distinction, à la retenue et au dialogue avec toutes les forces politiques Calédoniennes, afin d’assurer au peuple Kanak le respect de ses droits historiques sur ses terres. Aucune solution pérenne ne peut être dictée de Paris, sans tenir compte du droit immuable à l’autodétermination des Kanaks.

C’est bien en Nouvelle-Calédonie que devra se construire cette réforme constitutionnelle, avec et pour les Calédoniens, seuls maîtres de leur destin. »

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