Mardi 12 juillet 2022, Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique a ouvert le Congrès des élus de Martinique.
« Ce Congrès nous donne cette occasion unique : celle de réaffirmer notre idéal et d’exprimer notre courage, a-t-il dit. Frantz Fanon le disait : « Chaque génération doit identifier sa mission, la remplir ou la trahir.«
« C’est exactement ce qui nous est proposé aujourd’hui :
Identifier notre mission de génération.
Nous doter des moyens de la remplir. »
Le discours de Serge Letchimy qui ouvre un congrès sur plusieurs mois, invitant les Martiniquais à se rassembler, à travailler sur des propositions… et à faire remonter leurs revendications, leurs espoirs.
Monsieur le Président du Congrès, dont je salue les grandes qualités à la tête de l’Assemblée de Martinique,
Monsieur le Président Claude Lise, celui qui par ses initiatives, nous permet de nous rassembler en Congrès.
Merci de tes mots, merci d’être là. Ta présence dit déjà beaucoup de l’esprit qui nous rassemble aujourd’hui,
Mesdames et Messieurs les anciens parlementaires, Votre présence nous honore,
Messieurs les parlementaires nouvellement élus, Je vous exprime mes encouragements fraternels car je suis bien placé pour connaître la lourdeur de cet engagement,
Mesdames et Messieurs les conseillers exécutifs, chers compagnons de route,
Mesdames et Messieurs les conseillers à l’Assemblée de Martinique, amis de la CTM,
Monsieur le Président du CESECEM, cher Justin Daniel,
Mesdames et Messieurs les maires, chers collègues exécutifs dont je connais et reconnais l’immense et quelquefois lourde responsabilité,
Mesdames et Messieurs les agentes et agents de la Collectivité qui avez tant travaillé pour la mise en place de ce Congrès, vous avez ma pleine reconnaissance,
Au peuple Martiniquais, peuple de résistance et de combat, auquel j’exprime ma volonté de tout faire pour ouvrir de nouvelles perspectives aux futures générations.
Ce mardi 12 juillet 2022 est un jour important pour nous, peuple de Martinique.
14 ans après la dernière réunion du Congrès et face aux immenses défis à relever pour notre pays,
Notre engagement,
Notre courage,
Notre détermination, feront de ce jour un moment historique ou pas.
Oui, je veux réaffirmer ici que nous sommes un peuple. Avec une culture, une identité, une personnalité
collective, un patrimoine historique et culturel, qui sont consubstantiels à notre réalité humaine.
Oui, nous sommes un peuple et nous devons en prendre conscience, comme communauté culturelle forte d’une identité et d’une personnalité.
Ce qui fait aussi notre Histoire en tant que peuple, c’est la rencontre entre un idéal d’hommes et de femmes qui se rassemblent avec le courage de dépasser leurs divisions et d’affronter ensemble les grands défis de leur époque.
Ce Congrès nous donne cette occasion unique : celle de réaffirmer notre idéal et d’exprimer notre courage.
Fanon le disait : chaque génération doit identifier sa mission, la remplir ou la trahir.
C’est exactement ce qui nous est proposé aujourd’hui :
Identifier notre mission de génération.
Nous doter des moyens de la remplir.
Sans faux semblants
En toute transparence
Mais avec détermination.
Il s’agit pour nous, Martiniquais, de sortir le pays de son mal-développement et de son errance institutionnelle.
Dans ces conditions, il ne peut y avoir ni échec, ni victoire individuelle et encore moins de triomphe partisan car dans cette lutte et dans ce combat, il n’y aura de place QUE pour l’intérêt de la Martinique.
La Martinique sera précipitée dans la victoire ou abimée inexorablement dans l’échec.
Soyons clairs et précis.
Si j’ai proposé la tenue de ce Congrès, et d’ailleurs je remercie le Président Saliber d’avoir accepté de le réunir, ce n’est
ni dans la précipitation,
ni dans un sentiment d’urgence voire d’opportunité,
ni dans une pensée doctrinale sur le statut,
mais bien face au constat d’une réalité de paupérisation sociale, économique, sanitaire, culturelle et institutionnelle implacable qui nous oblige d’être à la hauteur.
A la hauteur du drame qui risque de s’imposer à nous.
30% des Martiniquais vivent sous le seuil de pauvreté !
Les inégalités sociales sont terribles alors que 34 600 de nos compatriotes touchent le RSA
Un Martiniquais sur dix vit avec moins de 1000 euros par mois
Deux Martiniquais sur cinq sont en situation de privation matérielle et sociale
Le taux d’échec scolaire bat tous les records, dont une forte proportion liée à l’illettrisme
Chaque année nous avons perdu 4 300 habitants entre 2008 et 2018
L’habitat précaire reste extrêmement important avec plus de 24 000 maisons ou appartements dégradés. Soit un logement sur huit sur notre territoire.
Le prix de l’énergie a augmenté de 18%
La bouteille de gaz culmine à près de 32€
Les prix de l’alimentation sont 40% plus élevés par rapport à l’hexagone
La pollution à la chlordécone atteint la moitié de nos terres cultivées soit 11 000 hectares environ
Nous importons 80% de ce que nous consommons
Notre structure économique s’articule autour d’une logique de comptoir dont les fondements se sont pérennisés depuis les 400 dernières années, à l’origine d’inégalités qui mettent à mal toute démocratie économique au niveau local.
Tout cela se traduit pour nombre de nos compatriotes par un enfoncement dans la misère, qui abîme la dignité humaine et accule aux drogues et aux violences aveugles attisées par une marginalisation qui les atteint au plus profond de leur être. L’importance des meurtres récents : deux martiniquais assassiné par balle chaque mois est une dérive extrêmement pour nous.
Dans le même temps, et sans prendre garde, nous assistons à un long déclin de notre culture et de notre identité face à un processus d’assimilation par la consommation qui marginalise toutes les formes de progrès interne et de développement endogène.
LA RESPONSABILISATION
Cette situation délabrée appelle notre mobilisation et notre responsabilité.
Les générations politiques qui nous ont précédé — de Joseph Lagrosillière à Aimé Césaire – ont pris leurs responsabilités. Ils se sont inscrits dans un rapport à la France dont nous avons hérité.
Cet héritage nous sert pour ainsi dire de « pensée politique » autour des notions d’« assimilation », d’« autonomie » ou d’« indépendance ». Ces trois mots renferment des décennies entières de combats politiques.
Mais, en y réfléchissant bien, tous ces clivages se rejoignent sur un point auquel Césaire était résolument attaché : celui de l’émancipation de la Martinique et de son peuple. S’émanciper au sens de retrouver une capacité à penser, une capacité à agir, une capacité à se projeter dans le monde, une capacité à assumer localement des responsabilités.
S’émanciper ainsi,
Relever tous ces défis n’ont qu’un objectif : c’est éviter la mise au tombeau de notre personnalité collective.
Collègues, je vous le dis, l’entrée en responsabilisation optimale du peuple martiniquais : c’est là l’idéal commun auquel notre génération devrait s’attacher aussi bien d’un point de vue individuel que dans une dimension
collective, quelles que soient notre couleur, notre drapeau, notre origine et nos croyances.
Nous avons donc cette sommation qui s’impose à nous : sans renoncer à nos convictions profondes, nous devons actionner ce qui nous rassemble, pour initier ensemble un processus de responsabilisation pour un meilleur développement de la Martinique.
Comment y parviendrons-nous ?
En disposant des moyens de penser, des moyens d’agir
En nous positionnant comme acteur du développement au cœur de la Caraïbe et des Amériques par des
échanges économiques, commerciaux et culturels de grande performance. Et cela, fort de notre triple appartenance à la République, à la Communauté européenne et aux Amériques ainsi qu’à la Caraïbe.
Cette position géostratégique pourrait nous permettre de créer le triangle du progrès en faisant de la Martinique une terre de transformation à partir des matières premières de proximité. D’où la nécessité de plateformes d’équivalence de normes dans chaque bassin transfrontalier des pays dits d’outre-mer.
En écoutant ce monde qui change et qui nous oblige à sortir de nos vieilles stratégies doctrinales et chercher à mieux tirer profit de nos richesses patrimoniales, de nos valeurs biologiques afin d’inventer de
nouveaux chemins de progrès et d’épanouissement pour notre jeunesse.
Vous l’aurez donc compris, c’est un appel à faire que la politique, au-delà des urgences sociales, permette de construire un nouveau modèle de développement où tout un chacun peut trouver les conditions favorables à son émancipation, à son progrès et à son bien-être.
RECONNAITRE NOS DIFFERENCES
La première exigence de ce processus de responsabilisation serait de sortir du syndrome « Outre-mer » / « métropole », dont la sémantique s’inscrit dans l’infantilisation coloniale.
Ce serait de sortir d’une gestion et d’une administration qui construit une autre forme d’infantilisation : celle des institutions et des élus locaux. Tout cela est construit dans la logique de périphérie que suppose la notion d’« outre-mer » qui ignore les besoins profonds de différentiation et de partenariat en tant que potentiel lieu central des dynamiques de développement par la subsidiarité.
Reconnaître nos différences, accepter l’initiative, favoriser l’innovation, admettre la capacité à agir dans sa géographie cordiale, installer des habilitations transversales ou domicilier le pouvoir d’adapter la loi et le règlement sur place sur les compétences locales, tester des expérimentations très larges et passer des contrats audacieux, ne doivent plus être considérés comme des voies de rupture.
Reconnaitre nos différences c’est instaurer sur place, un pouvoir d’adaptation répondant aux réalités locales, c’est-à-dire chercher à obtenir le pouvoir normatif qui accompagne les autonomies nécessaires à notre survie : autonomie agricole, autonomie énergétique, autonomie de coopération, etc.
Malheureusement, au lieu de cette reconnaissance, la France est et demeure un des derniers Etats « hypercentralisés ». Pratiquement, tous les pays d’Europe (la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou encore la Suisse) font depuis des décennies le pari de la responsabilité locale et du droit à l’initiative au plus près des réalités, dans une fraternité du progrès partagé en utilisant au maximum le principe de subsidiarité inscrit dans la charte d’autonomie locale européenne que la France n’a jamais ratifiée.
Malheureusement, la Constitution française datée de l’après-guerre n’est plus adaptée aux évolutions de notre société et ni à celles du monde. Elle nous emprisonne dans le dogme de l’indivisibilité de la République, rapetissant et dénué de toute politique de reconnaissance de nos réalités en tant que peuple.
La Constitution française doit offrir à chacun de nos pays bien plus que le choix sommaire des articles
73 ou 74. Elle doit permettre de penser, en toute sérénité et en toute liberté, les modalités de nos adhésions différenciées au pacte républicain français, et cela sans crainte d’un quelconque largage ou d’une rupture intempestive.
C’est là l’esprit et la lettre de l’Appel de Fort-de-France.
Ce texte signé en mai dernier par les sept présidents des exécutifs de Martinique, de Guyane, de Guadeloupe, de Mayotte, de Saint-Martin et de La Réunion, a été la brillante démonstration que sans partager les mêmes objectifs institutionnels ou statutaire — que je respecte — nous pouvons tous nous retrouver autour de l’objectif de plus de subsidiarité et de plus de respect de nos histoires et de nos capacités d’initiative.
La France ne peut pas s’enorgueillir d’être la deuxième puissance maritime mondiale, d’être le pays où le soleil ne se couche jamais,
Sans pour autant doter de réels leviers de développement économique ces pays d’outre-mer qui représentent pourtant 97% de ses surfaces maritimes et 80% de ses biodiversités.
Nous sommes de tout temps des puissances écologiques participant activement à l’équilibre naturel de la planète.
Persister dans cette voie serait une grave erreur qui compromettrait de manière durable les bases de tout développement partagé.
D’ailleurs, je tiens à souligner que cette soif d’initiative locale est aussi une revendication des 22 présidents des conseils régionaux de France dans le Livre blanc de ce début d’année qui demandait explicitement « plus d’autonomie institutionnelle pour un meilleur fonctionnement de la démocratie ».
Martiniquaises, Martiniquais,
En toute honnêteté, cette revendication de plus de responsabilité locale,
pour peser sur la politique de santé,
pour peser sur les nécessaires réformes de l’éducation
pour une meilleure connaissance de notre histoire, de notre géographie et de notre patrimoine,
pour peser sur la politique maritime
n’est en aucune manière une posture idéologique ou dogmatique.
En toute honnêteté, je n’ai aucune volonté d’imposer un dogme ou une idéologie : je veux ouvrir le dialogue et le débat.
Je veux qu’au nord, au sud et à l’est, tous les Martiniquais puissent débattre. Je ne veux en aucune manière embarquer notre peuple dans un reniement de ses droits, dans un recul de ce qui a été acquis.
Au contraire, je porterai la proposition de renforcer cette égalité mais de l’ancrer dans le droit à la reconnaissance de nos spécificités, c’est-à-dire, notre droit à la différence. Je l’affirme ici sans faille : l’égalité des droits n’est pas l’ennemi du droit à la différence.
En me revendiquant Martiniquais, je me revendique Breton, Guyanais, Catalan, Guadeloupéen, Réunionnais, homme, riche de mon identité, riche de ma diversité, dans une République unie et fraternelle, respectueuse de mon humanité.
Je suis Martiniquais, je suis Français et de ce fait, je suis membre de la Communauté européenne, mais nègre je suis, indien je resterai, je suis avant tout un Martiniquais mais encore mieux, un Caribéen.
C’est cette complexité de ma réalité dont la France doit tenir compte. Et c’est cette complexité qui fait l’originalité des 2 millions d’hommes et de femmes des pays qu’on dit d’outre-mer mais qui sont en réalité, dans le monde de demain, des centres de puissance.
Je suis Martiniquais, je me hisse sur les épaules des héros qui ont construit ce pays, je suis conscient de mon histoire, de mon patrimoine et je refuse qu’au nom d’une supériorité civilisationnelle inavouée on vienne me dicter la dépendance et l’ignorance de mon identité.
Il nous faut donc nous débarrasser de toutes les formes de dépendances mais aussi et surtout de tout complexe d’infériorité
Non, nous ne demandons pas l’indépendance,
Mais nous refusons la dépendance mentale, la dépendance conceptuelle et nous refusons la logique de guichet
Et au-delà,
Nous voulons débattre des revendications identitaires plutôt que de les laisser exploser ou de les marginaliser
Nous voulons assainir notre espace mémoriel et symbolique
Nous voulons valoriser nos grands hommes, nos savoir-faire, nos patrimoines
Nous voulons valoriser notre espace maritime et notre biodiversité, dans un cadre logistique, maritime et aérien qui ne nous exclut pas mais qui nous intègre parce qu’il nous reconnait
Nous voulons installer la langue créole comme élément inclusif de notre pédagogie
Nous exigeons que l’on assainisse nos terres polluées
Nous voulons qu’une réponse soit apportée à l’invasion des sargasses à la hauteur de la catastrophe sanitaire qui s’augure
Nous voulons redonner la place aux institutions locales dans leurs capacités de se projeter, de développer et d’assumer des responsabilités démocratiquement, hors de toute tutelle infantilisante de l’Etat local
Nous voulons bâtir des solidarités actives avec la Caraïbe et toutes les Amériques.
Et à travers tout cela nous voulons poser les conditions d’une autre forme de résilience face aux défis qui
vont se présenter à nous, comme l’effondrement de la biodiversité et le réchauffement climatique.
Nous revendiquons le droit de faire incursion au cœur des négociations mondiales sur tous les sujets de maîtrise du carbone, de préservation de nos puits d’oxygène ou de nos points chauds de biodiversité.
Mes chers amis, mes chers collègues, de belles batailles ont d’ores et déjà été remportées : 1848, la bataille pour l’abolition de l’esclavage ;
1946, la bataille pour l’émancipation sociale ;
1982, la bataille pour l’émancipation administrative et politique à travers les premières pierres de la décentralisation grâce à un visionnaire comme François Mitterrand.
Il nous revient désormais de gagner la bataille pour l’émancipation en matière de développement économique, pour la protection de notre personnalité collective et pour mettre un terme à l’aliénation profonde qui risquerait de nous entraîner dans un dépérissement intellectuel et moral.
Pour autant, et vous le savez, je ne partage aucunement les idéaux catastrophistes sur l’avenir de la Martinique. En faisant le constat de la société « Krazé », du « dépérissement autoproclamé » dans un pays qui serait en voie de « décivilisation », on use et on abuse d’un pessimisme qui ne laisse ni la place aux avancées concrètes et conquises, ni à l’espoir.
Nous devons participer à ce que Césaire appelait « la soif universelle » qui ne peut se faire sans une prise de conscience partagée : c’est cela notre volonté.
Nous ne devons pas subir le monde et ses dysfonctionnements : la France ne peut pas nous imposer cela. Nous devons nous-mêmes être à l’initiative d’une autre forme de progrès et de développement au cœur d’une République unie et fière de ses différences.
Voilà les quelques éléments que je soumets à nos débats et à nos prochaines résolutions.
Pas question de ne pas assainir notre situation actuelle.
Pas question de faire fi des structures coloniales qui nous enferment mentalement.
Pas question de demeurer en spectateurs inertes en face des grands défis du monde.
Le peuple martiniquais nous regarde.
Ceux qui se sont battus avant nous, qui se sont battus pour nous, nous regardent aussi.
Il nous faut trouver le courage et la force de regarder demain.
Ce Congrès est un risque. Je le prends. Je l’assume. Nous pourrions échouer si nous décidions d’en faire le théâtre de nos fractures et de nos querelles. Au contraire, ce Congrès pourrait être une victoire collective pour nous tous si nous faisons le choix de l’unité, de la pensée ascensionnelle de Césaire, du progrès partagé, de la responsabilité pour et au nom de nos jeunes Martiniquais qui croient dans leur pays.
A cet égard, durant le temps que va durer nos travaux, j’invite tous les maires du pays, toutes les organisations d’entreprises, toutes les startups, toutes les associations et tous les clubs service, à ouvrir partout, des lieux d’échanges et de discussion où chacun pourra librement débattre, penser la Martinique, penser le monde, nous penser dans le monde, et imaginer ce que nous pourrons être dans les trente ans qui viennent.
Cette implication populaire est indispensable à la dynamique qu’il nous faut mettre en œuvre pour trouver l’autre voie, inventer l’autre chemin, devenir ce que nous sommes le mieux.
C’est pour cela que nous portons ce Congrès sur plusieurs mois : afin que DE l’état des lieux partagé jaillisse la revendication locale et que la Martinique montre le chemin d’un nouveau modèle de progrès émancipateur au sein de la République.
Faisons de ce Congrès un Congrès pour l’Histoire. »