Politique. Serge Letchimy : « Donnons-nous la main, faisons péter le plafond de verre! »

« Donnons-nous la main ! » Cet homme en chemise à manches longues, montre élégante bicolore au poignet gauche, vient d’interpeler la classe politique martiniquaise.

C’est Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM). Le président Letchimy a profité de la séance plénière de la CTM pour secouer le cocotier, faire appel au sentiment d’un seul peuple, le peuple de Martinique qui doit être uni en ce moment solennel.

Quel moment solennel ? Celui du Congrès des élus qui doit déterminer l’avenir de la Martinique avec, espère Serge Letchimy, plus d’autonomie ou même l’autonomie.

L’indépendance, dit-il, il n’y pense plus vraiment. C’est ce qu’il a laissé entendre en Guadeloupe, quand il est revenu booster les élus locaux avant d’aller à Paris rencontrer les ministres et le président de la République, en début de mois.

Il devait ne plus les sentir autant prêts à partir au combat. C’est qu’il y a eu les grandes vacances depuis l’Appel de Fort-de-France signé par tous les présidents des régions d’Outre-mer qu’elles s’appellent collectivités territoriales, région, département… Et les uns et les autres ont eu le temps de réfléchir.

Quoiqu’il en soit, la visite à Paris paraît avoir été positive et les espoirs d’avoir été entendus ne sont pas retombés. Les élus veulent jouer le jeu avec Paris tant que Paris ne se replie pas sur ses vieux réflexes.

De retour, chacun dans sa région sait qu’il lui faut préparer un gros dossier, avec les problèmes du coin, les solutions proposées, des argumentaires carrés pour plaider ce que certains appellent « la domiciliation de certains pouvoirs ».

Affûtage

A Paris, ils affûtent leurs couteaux pour découper tous ces dossiers. Non seulement Jean-François Carenco, le ministre délégué chargé des Outre-mer, patelin d’apparence mais qui peut être très dur, Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur… et des Outre-mer, qui doit penser, comme les politiques hexagonaux de sa génération, que ces Outre-mer et leurs problèmes c’est une perte de temps… avec tout l’argent qu’on leur donne… etc.

Non ? Les choses ont chancé ? L’oracle… Pardon. Le président de la République, Emmanuel Macron, a donné son blanc-seing : il faut écouter, entendre les Outre-mer. En tout cas si, à Paris, ils ne mettent pas en charpie des dossiers dont ils ne voudraient pas se charger, il y a des élus qui, plus près des présidents des régions d’Outre-mer, vont s’en charger. C’est que personne sur ces territoires ayant un peu d’ambition politique ne donnera la possibilité à un président actuel de collectivité majeure de tirer la couverture à lui.

Pourquoi ? Parce qu’avec plus d’autonomie, des pouvoirs accrus, ces présidents peuvent, s’ils s’en sentent l’état d’esprit, devenir des monarques sur leur pré carré.

Revenons à Serge Letchimy qui a tenté de crever l’abcès : il a dénoncé ceux qui tentent de saboter le congrès « dans les clubs » et « dans les bars ».

Et, dans un grand élan il a appelé Daniel Marie-Sainte, Catherine Conconne, Marcellin Labbé, à serrer sa main, se disant « prêt à serrer la main de tous ceux et celles qui veulent que la Martinique évolue, qui ne soient pas enfermés dans des mécanismes de spéculation coloniale depuis trois cents ans… » Etc.

Sera-t-il entendu ? A suivre.

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