Politique. Sarkozy vs Penchard : « L’amateurisme est la pire des choses en politique »

Nicolas Sarkozy vient de publier Le Temps des combats, chez Fayard. L’ancien Président de la République consacre quelques phrases à Marie-Luce Penchard, alors ministre des Outre-mer. Marie-Luce Penchard a commenté pour Karibinfo.com ce qu’a écrit Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy, dans ces mémoires sans concession, écrits comme il parle, cash, consacre plusieurs pages à dire son sentiment sur les Outre-mer. Il y parle des Antillais en général, des Guadeloupéens en particulier, cite quelques personnalités locales, dit comment il les a rencontrés, en 2009, pendant les 44 jours LKP et ensuite, quand il s’est agi de régler l’après-conflit, notamment en proposant un changement de statut.

« … un psychodrame venait d’éclater en métropole. La ministre chargée de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, avait déclaré lors d’un meeting aux Abymes, en Guadeloupe : « Je n’ai envie de servir qu’une population, la population guadeloupéenne. » Elle faisait ainsi allusion à sa prochaine candidature régionale.

C’était incontestablement inapproprié et certainement maladroit, mais cela valait-il le charivari qui m’attendait à mon arrivée à Fort-de-France ? »

Nicolas Sarkozy consacre quelques lignes à cet incident monté en épingle, non seulement par l’opposition socialiste — faut-il avoir une telle soif de visibilité pour sauter ainsi sur le moindre incident dans l’autre camp ? — mais aussi par certains membres de sa majorité. Et pas des moindres, son grand ami Patrick Balkany, l’homme à la batterie de cuisines judiciaires qui, avec l’élégance qui le caractérise lançait que Mme Penchard « devait être virée du gouvernement. »

« Je dus clore la polémique en soutenant comme il se devait cette dernière. Les choses s’apaisèrent dès le lendemain et plus personne n’en parla. Mais que de temps et d’énergie perdus pour si peu ! Quelle impression de désordre avait été donnée pour rien ! », commente l’ancien président de la République.

Il donne néanmoins une leçon de « politique », à Marie-Luce Penchard : « Je n’en voulais pas à Marie-Luce Penchard, plutôt à moi d’avoir nommé une personne de qualité, mais qui, contrairement à ce qu’elle pensait, ne disposait d’aucun des codes de la politique. D’ailleurs, si « les avoir » n’est pas une garantie contre les faux pas, ne pas les posséder est, en revanche, la certitude de les commettre. L’amateurisme est la pire des choses en politique. C’est bien pourquoi la nomination d’acteurs de la société civile se conclut souvent par un échec. Je m’en apercevrais trop tard. »

Marie-Luce Penchard commente

Marie-Luce Penchard a commenté ces quelques lignes.

« Sur ce passage qui me concerne, Nicolas Sarkozy reconnaît que j’ai été maladroite dans mes propos tenus dans le cadre de la campagne des élections régionales de 2010 mais que cela ne nécessitait pas tout ce charivari, pour reprendre ses termes ; une façon de montrer que dans l’exercice des fonctions ministérielles les polémiques prennent souvent la place de vrais sujets et qu’il faut savoir y prendre garde en ayant les codes politiques… Ce reproche s’adressait à moi mais aussi, d’une manière générale, à tous les ministres de la société civile qui composent un gouvernement.
L’actualité récente le montre encore aujourd’hui avec les déclarations du ministre de l’Education nationale concernant les Mahorais.
Si je ne faisais pas l’affaire, comme certains ont tenté de le faire croire à l’époque pour obtenir que je quitte le gouvernement et prendre ma place, Nicolas Sarkozy n’aurait pas hésité à l’occasion des deux remaniements qui ont suivi cet épisode malheureux qui peut arriver à tout le monde.
Cela n’a nullement remis en cause mon action au sein du gouvernement puisque j’y suis restée près de 3 ans ; ce qui ne fut pas le cas, ni de mon prédécesseur ni de mon successeur ! »

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