Le député LREM de la Guadeloupe Olivier Serva et une trentaine d’élus ont co-signé, jeudi 10 février 2022, une proposition de résolution pour appeler le gouvernement à modifier la loi sur la presse afin de condamner le négationnisme de l’esclavage et de la traite négrière.
En France, en effet, on peut être condamné pour avoir minoré ou nié les actes commis durant la Shoah mais il est impossible d’être condamné pour négationnisme de l’esclavage colonial, qui est pourtant reconnu comme un crime contre l’humanité par la loi française depuis plus de vingt ans.
Olivier Serva (LREM), président de la délégation aux Outre-Mer à l’Assemblée, a porté le texte : « J’ai tenu à présenter ce jour à l’Assemblée Nationale, la proposition de résolution relative à l’incrimination des propos négationnistes tenus au sujet de la traite négrière et de l’esclavage colonial.
Il n’est pas normal que l’on puisse minorer ou nier l’esclavage colonial, crime contre l’humanité, sans faire l’objet de poursuites judiciaires.
Cette résolution pluripartisane a eu l’assentiment de tous les groupes de l’Assemblée nationale et vise à inviter le gouvernement à rechercher une solution à cette anomalie de manière à préserver l’intégrité de l’histoire et des mémoires.
Je travaillerai donc en parallèle avec les cosignataires de ce texte, afin d’initier un processus de révision constitutionnelle et de modification de la loi sur la liberté de la presse qui ne sanctionne que les atteintes portées aux crimes contre l’humanité d’après-guerre. »
À l’origine de ce constat, entre autres, les propos tenus le 1er juin 2019 par la chroniqueuse de l’émission On n’est pas couché, l’écrivain Christine Angot, qui a pu déclarer à propos de la Shoah et de l’esclavage colonial « qu’il n’était pas vrai que les traumatismes étaient les mêmes » et qu’il fallait « que les esclaves soient en bonne santé pour être vendus » contrairement aux juifs déportés.
Suite à la polémique que ces propos ont déclenché, Christine Angot, menacée de perdre sa chronique, a été forcée de s’expliquer. Une explication insuffisante, qui conforte l’opinion publique sur le danger de maintenir une distinction et une hiérarchisation entre crimes contre l’Humanité.
Lisez son explication : « J’ai voulu rapprocher les deux crimes contre l’humanité que ce sont l’esclavage et la Shoah tout en prenant soin de spécifier la différence fondamentale de méthode dans la déshumanisation(…). »
La méthode importe puisqu’il y a, dans un cas comme dans l’autre, déshumanisation. Et c’est cela que les élus veulent voir reconnu. Il n’y a pas lieu de distinguer entre ces crimes.
Le négationnisme de l’esclavage et de la traite négrière doit être rigoureusement réprimé.
André-Jean VIDAL