Mercredi soir, la Fédération du Parti socialiste de la Guadeloupe a élu son Premier secrétaire. Il s’appelle Olivier Nicolas, a 46 ans, est marié et père de famille. C’est un Basse-Terrien.
D’ailleurs, pour ceux qui ont de la mémoire et de bonnes archives photos, on le voit tout gamin, accompagnant son père quand le maire de Basse-Terre de l’époque, en 1981, inaugurait la place Pondichéry, avec la fameuse fresque du Cheval Navire du plasticien Khokho. C’est lui qui tient les ciseaux avec lesquels les officiels vont couper le ruban.
Un vieux socialiste
Olivier Nicolas est un vieux militant socialiste. Il est entré au parti quand il avait 17 ans.
Etudes brillantes, il devient journaliste (politique, économie). La rencontre avec Victorin Lurel va changer sa vie. Le jeune journaliste souhaite revenir au pays. Victorin Lurel lui demande de l’aider pour la campagne des régionales de 2004.
Ce jeune homme, qui a très tôt collé des affiches puis rédigé des tracts, enfin des discours… s’impose dans l’équipe des jeunes loups comme incontournable. Il se fait des amitiés solides (et des inimitiés tout autant solides) dans le monde de la presse locale.
Directeur de cabinet durant trois
mandatures dans deux collectivités
Olivier Nicolas est directeur de cabinet de Victorin Lurel à la Région pendant deux mandats, sauf durant la parenthèse de fin de deuxième mandat, quand Victorin Lurel est nommé ministre des Outre-mer par François Hollande. Ses connaissances parisiennes sont utiles à Paris et Olivier Nicolas accompagne le nouveau ministre. Il sera son chargé de communication au ministère de la rue Oudinot.
Avant de revenir en Guadeloupe, avec Victorin Lurel, une fois l’expérience parisienne achevée. L’utiliser plus — c’est un fin stratège des élections — aurait sans doute/peut-être permis d’amortir l’échec d’une troisième élection de Victorin Lurel à la Région. Mais, le futur sénateur de la Guadeloupe avait un bulldozer face à lui : Ary Chalus. Et pas beaucoup de soutien des maires qu’il avait largement contribué à faire élire quelques temps auparavant.
Après quelques mois de flottement, Olivier Nicolas devient directeur de cabinet de la présidente du Conseil départemental, Josette Borel-Lincertin. L’œil et les idées de Victorin Lurel auprès de la présidente ? On l’a dit. Des mauvaises langues assurément. Surtout quand on connaît le caractère de la charmante Josette. Elle écoute, mais elle a le dernier mot.
Et avec elle comme avec Victorin Lurel, Olivier Nicolas ne ménage pas son temps.
Un homme jeune qui a du temps
et l’envie de bien faire
Depuis l’échec de Josette Borel-Lincertin aux départementales, Olivier Nicolas pointe à Pôle emploi et a monté une petite structure de consultant pour les collectivités et les entreprises. Il a un bon carnet d’adresses.
Mais, un tel parcours suffisait-il à faire de ce jeune homme bien élevé un bon candidat pour le poste de Premier secrétaire fédéral en Guadeloupe ? Il a pensé qu’il pouvait tenter sa chance, quoique jamais passé par le suffrage populaire (ça viendra sûrement un jour).
Olivier Nicolas est incontestablement un militant avec une solide expérience. Expérience forgée patiemment au plus près des élus mais aussi des militants. Il connaît tout le monde. Et pas qu’ici. On l’a vu parmi ceux qui n’étaient pas les derniers à applaudir Olivier Faure, réélu Premier secrétaire du Parti socialiste contre… une Guadeloupéenne, Hélène Geoffroy, lors du congrès de Villeurbanne en septembre dernier.
Olivier Nicolas a d’ailleurs intégré le conseil national du parti, le gouvernement du PS, à cette occasion. A ce propos, une place se libère dans les instances parisiennes, celle qu’occupait Josette Borel-Lincertin, démissionnaire du PS : secrétaire national du Parti socialiste aux Outre-mer… Pourquoi pas ? Il fera certainement mieux que ceux qui ont occupé la place ces dernières années…
Le Parti socialiste, que ce soit à Paris, en province ou en Guadeloupe, est dans les choux depuis le recul de François Hollande à briguer un second mandat de président en 2017. Beaucoup de socialistes ont choisi Emmanuel Macron, l’art de rebondir.
Mais, Olivier Nicolas est un fidèle et ce n’est pas la première fois depuis qu’il est militant socialiste que ce parti est au fond du trou, pour mieux se refaire après une période de purgatoire.
En Guadeloupe, que pèse le parti ? Pas grand-chose. Plus grand-chose. Cependant, Olivier Nicolas a la foi du forgeron.
Après Alain Sorèze, Max Mathiasin, Jules Otto, Hilaire Brudey (on en oublie sûrement), qui tous ont couru le mandat électoral, avoir un technicien de la politique aux rênes de la fédération, quelqu’un qui n’a pas le poids d’un mandat et de sa réélection sur les épaules, ça peut être une chance de voir/de faire les choses autrement.
Brillamment élu (voir ci-dessous), Olivier Nicolas n’a cessé de dire le temps de sa campagne qu’il veut reprendre les fondamentaux, reconstruire la fédération sur des bases solides, et qu’il le fera avec les militants car sans militants — et des militants jeunes — pas de parti… pas d’avenir politique.
André-Jean VIDAL
La grille des résultats :