Politique. Matignon : Lucie Castets fait le forcing !

Pas nommée au poste de Premier ministre, sans doute boostée par Jean-Luc Mélanchon (élu nulle part), Mathilde Panot (LFI) et Olivier Faure, ce dernier du PS (tous deux élus à l’Assemblée nationale), Lucie Castets, actuellement directrice financière de la Mairie de Paris, fait le tour des radios et télévisions pour dire ce que sera son programme… car elle sera Première ministre ! Elle en est sûre !

On attendait depuis quinze jours que le Nouveau Front Populaire (LFI, le PS, les Ecologistes, le PS) propose un (e) Premier (e) ministre au chef de l’Etat. De leur côté, avec quasiment autant d’élu à l’Assemblée nationale, les partis de la présidentielle (Renaissance, le MoDem, Horizons, Les Républicains sauf Ciotti et d’autres l’IDU, des indépendants) regroupés au sein d’un second groupe, Ensemble, et troisième avec cinquante élus de moins, le Rassemblement National se tenaient cois. Ils attendaient.

En embuscade, jouant les indifférents, Emmanuel Macron aussi se tenait coi. En embuscade ou tétanisé, on ne saura pas vraiment. L’idée de se retrouver avec Jean-Luc Mélenchon ou Mathilde Panot en face de lui, à chaque conseil des ministres, cherchant la petite bête pour le contrer, débitant des énormités pour rester dans la ligne du parti (qui n’en est pas un mais une association), sûrs d’eux et de le faire craquer un jour…

Bref, comme il a dû bicher quand le communiste Fabien Roussel, honnête homme, secrétaire général du PCF, qui n’a pas su se faire réélire, a pensé à proposer à ses amis LFIPSECOLO… Huguette Bello, présidente du Conseil régional de la Réunion. Petite dame d’un certain âge, très volontaire, qui a toujours flirté avec les communistes, mais sans être encartée. Une dame issue d’un milieu modeste, qui a toujours travaillé. Elle était enseignante jusqu’à sa retraite.

Une tête ! Mais, pour des questions de vote à l’Assemblée nationale quand elle était députée (elle a refusé de voter le mariage pour tous… avant de rentrer à la Réunion et de célébrer le premier mariage unisexe de l’île), Olivier faure n’en a pas voulu. Dommage, elle ne se serait pas laissé blouser par le sourire et les bonnes paroles du président.

Olivier Faure a ensuite présenté Laurence Tubiana, haute-fonctionnaire de cabinets ministériels, présidente de Convention citoyenne pour la transition écologique. Là encore, une dame d’un certain âge, volontaire, qui n’a pas fait ses preuves autrement que dans des postes administratifs choisis pour elle par le fait du prince. Mais bon…

Son gros défaut : être justement une haute-fonctionnaire, sûre d’elle, aimant jouer avec le feu… d’autant que ça ne lui coûte rien. Et c’est tellement amusant ! LFI n’en a pas voulu : trop Macron-compatible.

En début de semaine, troisième femme sortie du chapeau, cette fois par une sorte de consensus : Lucie Castets.

Jeune femme ambitieuse (ce qui est une qualité), elle abandonnait sans regret sa direction des affaires financière de la Mairie de Paris, avec des comptes dans le rouge et préparait déjà sa valise pour Matignon quand, deux heures après avoir bouclé cette valise, tandis qu’elle attendait son chauffeur pour aller à l’Elysée rencontrer le chef de l’Etat et regarder comment il est logé (on ne sait jamais), celui-ci, dans une interview, la renvoyait à la Mairie de Paris, et expliquait :

1- que le ou la Premier (e) ministre ce n’était pas un sujet, ce qu’il fallait c’était d’abord une majorité de travail à l’Assemblée nationale, qui déterminerait un (e) Premier (e) ministre.
2- que cette personnalité ayant une majorité de travail lui permettant de faire passer des lois ne serait désignée par lui qu’après les Jeux Olympiques, en août.
3- qu’entretemps, Gabriel Attal et le gouvernement, qui ont préparé les JO et la sécurité renforcée de cette manifestation, assureraient la continuité de l’Etat.

Hauts cris, hurlement, Jean-Luc Mélenchon qui se frotte les mains — le grand soir n’est pas loin ! — et quelques mots prononcés par des élus LFI et PS sur les ondes : si ça continue, on va forcer la main du président.

En attendant, Olivier Faure a écrit au vice-président du Conseil d’Etat pour lui dire qu’il trouve étonnant que de hauts-fonctionnaires aient été nommés à des postes d’Etat statégiques depuis la défaite présidentielle aux législatives et qu’il espère que le Conseil d’Etat va se pencher sur ces nominations… C’est vrai qu’Emmanuel Macron est le premier président à se comporter ainsi. Les autres ont toujours attendu deux ou trois mois pour le faire.

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