Politique. Manin vs Lecornu à fleurets mouchetés

Passe d’armes lors des questions au gouvernement, mardi 7 décembre, entre Josette Manin, députée de la Martinique (Groupe socialistes et apparentés), et Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, sur la situation aux Antilles et plus singulièrement à la Martinique.

A fleurets mouchetés, le ton de la députée étant mi figue-mi raisin, celui du ministre apaisant…

Ecoutons la députée Manin. Elle reproche au gouvernement d’être sourd aux avertissements des élus de l’Outre-mer et demande qu’on fasse attention à la colère qui monte et pourrait ne plus être maîtrisable si le gouvernement n’écoute pas les manifestants…

« Douze ans après les mouvements sociaux de 2009, les Antilles sont à nouveau en ébullition. Cela, sachant que l’ensemble des parlementaires ultramarins n’ont cessé de prévenir le gouvernement sur la situation des territoires. J’en veux pour preuve que, à titre personnel, j’ai adressé les questions tout au long de la législature sur l’état des hôpitaux et la situation sanitaire à la Martinique. »

« Une écoute plus attentive aurait évité
de dépêcher in extremis des agents du GIGN et du RAID en Martinique et en Guadeloupe pour la protection des populations. »

Josette Manin

Josette Manin dresse un tableau sombre de la situation. 

« Actuellement, l’épidémie reste très préoccupante. Avec seulement 30% de vaccinés et plus de 700 morts. Il y a aussi la question de la chlordécone, toujours pas résolue et puis la hausse significative des actes de violence par arme à feu et des demandes urgentes de renfort. Or, le niveau de sécurité ne s’est toujours pas amélioré et, plus récemment, la question de la vie chère dans les Antilles qui est plus que jamais une réalité quotidienne.

Tous ces sujets ont un rapport direct avec les intenses mobilisations qui ont lieu dans les Antilles. Vous ne parlez que de la sécurité. Nous avons demandé à mettre des moyens. Par le biais d’amendements et d’interventions des élus via le renforcement des effectifs de police, avec une centaine d’agents supplémentaires. Une écoute plus attentive aurait évité de dépêcher in extremis des agents du GIGN et du RAID en Martinique et en Guadeloupe pour la protection des populations. »

« Ce qui se passe dans les Antilles n’est qu’un début d’incendie qui risque de se généraliser à l’ensemble des Outre-mer. »

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Elle demande de prendre au sérieux ce qui se passe actuellement. Les Antilles ne sont pas seulement, dira-t-elle, des terres d’un folklore suranné. 

« Ce qui se passe dans les Antilles n’est qu’un début d’incendie qui risque de se généraliser sur l’ensemble des Outre-mer. La Martinique, la collectivité territoriale, les maires, les présidents de PCI, les parlementaires ont réussi à pallier préalablement à la situation grâce à une conférence territoriale de l’action publique. Pendant que les propositions d’autonomie était faite en Guadeloupe, Monsieur le Ministre. La France Hexagonale pourrait-elle, enfin reconnaître les populations lointaines ultramarine, sans y voir que le zouk, le rhum, le soleil et les plages ? »

Dans sa réponse à Josette Manin, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, est revenu sur les violences, le travail des forces de l’ordre, salutaire. 

« Je tiens à rappeler que les personnes qui, la nuit, voulaient tenter d’assassiner des policiers, des gendarmes n’ont rien à voir avec les revendications sociales qui se sont faites en journée. Je pense que nous devons condamner les violences je l’ai fait en Martinique, en Guadeloupe. Certains élus, malheureusement, ont eu du mal à le faire. Je sais que vous l’avez fait et donc je crois que on peut dire merci à nos forces de l’ordre qui ont rétabli la sécurité et qui ont été exposées à de graves dangers pendant de nombreuses journées. »

« Nous continuons d’avancer
en Martinique, le dialogue avance,
même s’il est ralenti par cette vague épidémique qui se profile. »

Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu a loué cette volonté unanime de dialogue social, une fois le calme revenu. 

« Au moment où nous parlons, en Martinique il n’y a plus un seul barrage. En même temps, il y a ce dialogue qui doit se poursuivre et qui est de deux natures, un dialogue social à l’hôpital sur la question précise de l’obligation vaccinale des soignants, qui est le fait générateur de cette crise sociale. C’est un dialogue social qui se fait sous l’autorité d’Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, puisqu’il en va aussi du rôle de l’État employeur, avec sa fonction publique hospitalière dans les différents CH, le CHU et bien évidemment les EHPAD. Et puis enfin, il y a d’autres ateliers qui sont en train de travailler. Vous avez rappelé cette méthode tripartite État-intersyndicale et, évidemment, les élus locaux, les collectivités territoriales, qui nous permettent d’avancer sur un certain nombre de sujets. »

Le ministre des Outre-mer a dit la détermination du gouvernement, en Martinique, à faire avancer le dialogue social et à trouver des solutions. Notamment pour ce qui concerne la jeunesse. 

« Un premier mandat a été donné au préfet, notamment sur la question de la jeunesse. Parce que sur un certain nombre de barrages, on l’a bien vu en journée, c’est une jeunesse désœuvrée qui se pose des questions redoutables pour son avenir en matière d’emploi en matière de sport, de culture. Bref, il y a une dimension interministérielle dans cette réponse. Nous continuons d’avancer en Martinique, le dialogue avance, même s’il est ralenti par cette vague épidémique qui se profile et que nous avons un certain nombre de clusters malheureusement, y compris parmi les participants à ces ateliers*. »

*Plusieurs syndicalistes sont cas contacts ou déclarés positifs à la Covid. L’un d’eux a été admis en réanimation. Le préfet Stanislas Cazelles, qui a une forme bénigne de Covid, est lui aussi indisponible actuellement. 

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