Politique. L’œil de Bakou sur les régions françaises ultramarines

Un Front International de Décolonisation (FID) s’est formé à Nouméa cette semaine. Il exige la décolonisation des régions françaises ultramarines. Quoique ses composantes s’en défendent, Paris y voit une nouvelle initiative de l’Azerbaïdjan, pays d’Europe centrale, qui semble mener, depuis quelques mois, une offensive anti-française depuis que le gouvernement de ce pays a pris position pour l’Arménie, ennemi héréditaire de l’Azerbaïdjan.

De quoi le FID est-il le nom ? Douze organisations indépendantistes constituées dans les régions ultrapériphériques françaises ont créé le Front indépendantiste de Décolonisation au cours d’une conférence tenue à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).

« L’heure est venue de faire front pour conduire nos nations à leur pleine souveraineté. » C’est ce que dit la charte constitutive du FID*.

Le FID est l’union pour un même combat du FLNKS calédonien, de l’UPLG guadeloupéen, du MDES de Guyane, du PALIMA martiniquais, du Tavini Huiraatira de Polynésie française. Les Corses de Nazione et deux représentants de Bonaire et Sint Maarten se sont joints aux autres.

But : obtenir de l’ONU que ces territoires soient inscrits sur la liste des pays à décoloniser et obtenir le statut de membre observateur du Mouvement des non-alignés.

Ils sont soutenus par une dictature, ancien satellite de l’URSS, devenue une république héréditaire, l’Azerbaïdjan, dirigée de père en fils depuis cinquante ans. Depuis Bakou, capitale de ce pays richissime grâce à ses puits de pétrole, le président dirigerait, selon Paris, des menées subversives contre la France.

Pour ce faire, un Baku Initiative group serait à la manœuvre, qui a invité la plupart des groupuscules indépendantistes des DOM, en juillet 2024, pour leur donner de la visibilité.

Dans un post sur X, le directeur exécutif de ce BIG s’est exprimé devant une rangée de drapeaux des régions concernées :

Que dit-il ? « Je suis très fier de souligner le soutien du Groupe d’Initiative de Bakou depuis le début de la création du Front international de décolonisation. Le Front témoigne de la puissance de la solidarité, offrant une plateforme de dialogue, d’action et de renforcement de notre mission collective. Le Congrès d’aujourd’hui offre une occasion précieuse de discuter des conséquences du colonialisme, de la lutte contre le néocolonialisme, des défis mondiaux et, bien sûr, des solutions possibles. Je crois que les discussions lors de cet événement contribueront à mobiliser les efforts collectifs dans la lutte contre le colonialisme. »

« La France est attaquée et humiliée par le régime de Bakou qui organise des sommets internationaux sur son sol et contre elle », a confirmé sur X le député calédonien Nicolas Metzdorf (Renaissance), demandant la convocation de l’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France. En vain, Paris ne bouge pas.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé des «tentatives vaines menées par l’Azerbaïdjan dans nos territoires » ultramarins. Mais, Paris ne bouge pas plus que cela.

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a protesté. « Je veux dénoncer fermement les opérations d’ingérence et de déstabilisation de l’Azerbaïdjan dans nos territoires d’outre-mer. Elles méritent une condamnation unanime de tous », déclare-t-il devant l’Assemblée nationale.

« Ce régime, à visage découvert et sans le moindre scrupule, s’attaque à notre intégrité, et à nos principes fondamentaux. C’est inacceptable », poursuit-il. Sans plus. On gonfle les épaules, on fait la grosse voix mais à ce jeu Bakou a de l’avance.

« Le FID est indépendant et croire que nous avons besoin d’une puissance étrangère pour nous révolter contre l’impérialisme français est pour moi une marque de mépris et de racisme », réplique Francis Carole, président du Parti de libération martiniquais (PALIMA), conseiller de la CTM, défait aux dernières législatives en Martinique.

A suivre.

La charte du FID :

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