Politique. Les outre-mer, terres de champion, mais pas de pratiquants

Dominique Théophile, sénateur de la Guadeloupe, conduit une mission d’évaluation des politiques publiques sportives dans les territoires ultramarins.

Quel est le but de cette mission ?

Elle part d’un constat simple : la pratique du sport dans les territoires ultramarins est aujourd’hui insuffisante. Ce sont des « terres de champion », mais pas de pratiquants. Malgré de nombreux atouts, on compte peu de licenciés. Surtout depuis la crise du Covid-19. Les clubs et associations sportives restent fragiles. Sans parler des carences persistantes en termes d’équipements. Le but de la mission que je conduis est d’abord de faire un état des lieux de la pratique sportive dans nos territoires. Il est ensuite – et surtout – d’identifier les axes d’amélioration et de formuler des recommandations. Les auditions que nous menons aujourd’hui en Guadeloupe (mais aussi en Martinique, à La Réunion…) sont là pour ça. En s’intéressant à la pratique sportive, on s’intéresse à d’autres enjeux : santé publique, éducation, cohésion, inclusion sociale, égalité des chances, etc.

Y a-t-il réellement une politique sportive Outre-mer ?

La politique sportive se détermine localement. Chaque territoire à ses orientations, car la politique sportive est le résultat d’une coproduction entre le mouvement associatif, les fédérations et les pouvoirs publics (État, collectivités…). Ces particularités composent bien sûr avec les politiques mises en œuvre à l’échelon national.

Chaque territoire à sa vision. Doit-on normaliser les politiques sportives en vue de « former » nos sportifs pour les grandes rencontres internationales ?

Cela dépend de ce que l’on entend par là. On peut bien sûr mieux « organiser » les politiques sportives au sein de chaque territoire en vue de former nos sportifs. En revanche, il ne faut pas uniformiser les approches. Les territoires ultramarins sont dispersés. Il appartient à chaque bassin océanique de décider de ses orientations. Il faut ainsi encourager la coopération entre territoires d’un même espace géographique. Ainsi La Réunion doit pouvoir se confronter aux territoires voisins de l’océan indien. La Guadeloupe et la Martinique aux États de la Caraïbe. Et ainsi de suite.

Le sponsoring des grands groupes économiques des Outre-mer ne serait-il pas une bonne chose pour appuyer les aides publiques ?

Oui, c’est une piste intéressante et qui mérite d’être creusée. Cela demande à être médiatisé, et surtout de la pédagogie. On ne parle pas en effet de sponsoring comme on parle de finances publiques. Plus de sport, c’est plus d’inclusion, de sociabilisation. C’est moins de délinquance. Les répercussions sont nombreuses, y compris du point de vue économique. Les grands groupes – mais aussi les plus petits – doivent le comprendre. C’est un chemin à suivre en effet.

André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com

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