Politique. Le statut de la Guadeloupe s’invite dans le débat sur la crise sociale

L’interview à Karib’Info a fait l’effet d’une bombe. Jocelyn Sapotille, président de l’Association des Maires de Guadeloupe, a dit clairement qu’avec Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, au cours d’une visioconférence tenue jeudi 25 novembre, « nous avons décidé d’ouvrir une page sur la question de l’évolution statutaire de la Guadeloupe parce qu’il faut le dire très clairement, si c’est cela qui peut nous sortir de là, oui, moi aussi je suis un partisan de cela. » Il faisait allusion à la crise sociale en cours en Guadeloupe depuis une semaine, avec son cortège de barrages routiers. Mais aussi à la montée de la violence nocturne, constatée depuis quelques jours, avec des tirs sur les forces de l’ordre, des pillages, des incendies de bâtiments.

« Il faudra bien faire
tomber les masques. »

Victorin Lurel, sénateur (PS)

Il semble que les élus abordent moins craintivement qu’il y a quelque temps ce possible changement de statut que beaucoup de Guadeloupéens demandent et redoutent tout à la fois. Ils l’abordent, disent clairement que si certaines compétences, dont la santé, étaient domiciliées en Guadeloupe, les élus feraient mieux en la matière que le gouvernement français. De là à épiloguer, il n’y a qu’un pas que certains observateurs franchissent. De la domiciliation de compétences à autre chose, de plus abouti…

La suite des événements intéressera sûrement les politologues et aussi l’homme de la rue, les uns, les théoriciens, devant leur clavier et au micro des médias, les autres plus crûment dans les réalités de la vie quotidienne. Il faudra une balance très fine pour peser soigneusement le pour et le contre.

Lors d’une séance de questions au gouvernement, toujours jeudi 25 novembre, le socialiste Victorin Lurel, dont on sait l’esprit républicain, n’hésitait pas à dire, un brin provocateur : « On ne répond pas à une crise anthropologique, et j’ose dire ontologique, psychologique et existentielle par des réponses uniquement matérielles et financières. Il faut une réponse politique. Sans sombrer dans le largage cartiériste*, la question de confiance devra être tôt ou tard posée aux élites et au peuple guadeloupéen. Celle du vouloir-vivre ensemble. Voulez-vous oui ou non rester dans l’ensemble français. Il faudra bien faire tomber les masques. »

*Raymond Cartier, journaliste-vedette à Paris-Match, mort en 1975, est le seul journaliste à avoir donné son nom à une doctrine, le « cartiérisme ».

« Le « cartiérisme » est l’histoire d’un reniement. Abjurant ses convictions colonialistes, Raymond Cartier avait préconisé dès 1956 le « lâchage » par la France de ses possessions d’Afrique noire. Et s’il ne figure pas aujourd’hui au panthéon des anticolonialistes éclairés, c’est que ses arguments sentent encore le soufre. La France, prétendait-il, doit se défaire de ses colonies non pour répondre à l’aspiration légitime des colonisés, mais parce qu’elles coûtent trop cher. »

En savoir plus : https://www.lemonde.fr/archives/article/2000/01/30/la-correze-avant-le-zambeze_3590966_1819218.html

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