« Considérant l’urgence de la situation sociale et économique de la Guadeloupe et constatant le manque de courage récurrent de la classe politique aux affaires, l’ANG se fixe pour objectif prioritaire de sortir la Guadeloupe du statut d’assimilation. »
Le ton est donné. L’Alyans Nasyonal Gwadloup (ANG) a tenu son congrès ce week-end. Congrès qui a permis de clarifier les choses. L’ANG pratiquera un entrisme sans complexe au sein de la société guadeloupéenne, investissant le champ des élections — il l’a déjà fait et le refera —, y compris celui des élections national françaises.
Qe veut ce mouvement politique adolescent ? « Il faut absolument, et dans les meilleurs délais, que la Guadeloupe soit dotée d’une spécificité législative lui permettant de voter et de choisir les lois qui soient bénéfiques à la préservation de sa terre et de son peuple, à son développement économique et social au
bénéfice du plus grand nombre. »
Donc, c’est l’autonomie. Le gouvernement, d’ailleurs, attend toujours la réunion d’un Congrès des élus, des propositions…
« Il est urgent, dit l’ANG, de sortir de l’irresponsabilité institutionnelle qui crée de l’irresponsabilité à tous les niveaux de la société. En tant que peuple majeur, dans notre rapport à la France, nous devons remplacer les liens de domination par des liens de coopération. »
La domiciliation , qu’ont proposé certains élus, n’intéresse pas l’ANG. L’ANG veut le pouvoir local, pas des récupérations par petits bouts de compétences.
L’ANG « refuse toute compromission « institutionnelle » : elle rejette, par avance, toute prétendue « domiciliation du pouvoir » qui ne serait que lélé-pou-gaga-vwè, sans compétences propres et sans maitrise fiscale et politique de notre destinée. Nous nous battons pour un réel pouvoir politique qui s’appuie sur l’existence et la reconnaissance de la Nation guadeloupéenne. »
Là, l’ANG passe de l’autonomie à… l’indépendance ? Sans transition.
L’ANG « réaffirme haut et fort son objectif de prise du pouvoir politique et donc de participation à toutes les échéances électorales dès lors que notre analyse du moment estimera que ces élections sont un moyen de faire avancer notre lutte globale et de favoriser notre prise du pouvoir politique. »
Ce qui peut paraître dérangeant à la lecture de ce discours, c’est, peut-être — à moins que les mots aient dépassé la pensée — la volonté d’une véritable « prise de pouvoir politique. » Pas d’opposition, donc ? La fin du pluralisme de la pensée politique ?
Pour arriver à ses fins, dit-elle, « l’ANG rappelle que cet objectif ne peut être atteint par une seule organisation, elle s’emploiera donc à l’unification du camp progressiste et nationaliste et à l’unité du peuple guadeloupéen, conditions incontournables pour l’émergence politique et institutionnelle de la Nation guadeloupéenne. » Bon courage, comme partout, le camp patriotique a autant de chapelles que d’ambitions personnelles.
« Considérant notre positionnement géographique, poursuit le manifeste, l’ANG s’engage à ancrer ses actions dans notre contexte géographique caribéen. L’ANG luttera contre tous les préjugés et ignorance qui visent nos voisins naturels et s’attachera à développer des relations de coopération fraternelle avec les autres pays de la Caraïbe.
Considérant les dangers qui guettent notre environnement naturel soumis au réchauffement climatique, à la pression des activités humaines mais aussi compte tenu des dangers de la spéculation foncière, l’ANG s’engagera dans toutes les actions de préservation de notre environnement naturel, et exigera que des législations contraignantes protègent ce bien commun pour les générations futures.
Considérant l’état de santé alarmant de notre peuple et notre forte dépendance alimentaire, l’ANG mettra en œuvre toute action, toute proposition politique nous permettant de prévenir les maladies chroniques, d’améliorer l’état sanitaire de notre population et d’atteindre la souveraineté alimentaire.
Considérant la situation sociale et dans une visée émancipatrice et responsable, l’ANG soutiendra les combats qui vont dans le sens de l’intérêt général et qui permettent des avancées sociales, tout en affirmant que l’épanouissement du plus grand nombre reste le but ultime. »
Enfin, comme toute révolution — au sens large du terme — exige des moyens financiers, de la logistique, l’ANG va lancer un appel à apport de fonds.
« Cet épanouissement, dit l’ANG, doit reposer sur un développement économique autocentré et sur nos ressources propres, aussi l’ANG appelle d’ores et déjà ses militants et l’ensemble du peuple guadeloupéen à se mobiliser autour de la constitution d’un fonds d’investissement permettant la prise du pouvoir économique. »
Le rapport politique de l’ANG :