Exit Michel Barnier, Premier ministre, qui présentera jeudi à 10 heures sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, après le vote d’une motion de censure à l’Assemblée nationale cet après-midi. Olivier Serva, député, Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, les députés Elie Califer et Christian Baptiste, ont réagi.
Premier ministre depuis le 5 septembre 2024, Michel Barnier n’a pas, en trois mois, convaincu au delà de sa famille politique. Il est tombé sur le budget du pays pour 2025, 331 députés ayant voté la censure déposée par la gauche du Nouveau Front Populaire. Gauche soutenue dans cette démarche par l’extrême-droite de Marine Le Pen. Dont la propre motion de censure devient caduque. Le chef de l’Etat s’exprimera jeudi à 20 heures.
Marine Le Pen affirme, ce soir qu’elle « laissera travailler » le futur Premier ministre. Invitée de TF1, quelques minutes après la chute du gouvernement Barnier, elle affirme qu’ « Emmanuel Macron est le grand responsable de la situation actuelle », mais elle « ne demande pas [sa] démission. »
Mathilde Panot, de LFI, s’est réjouie de la chute du gouvernement Barnier et attend désormais « la démission d’Emmanuel Macron. »
Olivier Serva, député de la Guadeloupe, est le seul député LIOT a avoir voté la censure. Il a diffusé un communiqué ce soir :
« Le député Olivier Serva a voté la motion de censure déposée par le nouveau front populaire à la suite de l’utilisation de l’article 49-3 de la constitution par le premier ministre démissionnaire Michel Barnier.
C’est en responsabilité que le député Olivier Serva a voté en ce sens, dénonçant l’attitude peu encline au compromis de ce gouvernement, notamment avec les élus ultramarins de toutes obédiences politiques.
Le député regrette d’ailleurs que les députés ultramarins n’aient reçu aucune garantie s’agissant des mesures votées dans le budget outre-mer en commission et de leur reprise dans la version finale du texte malgré leurs nombreuses interpellations à l’endroit du gouvernement. Le dialogue n’a d’ailleurs jamais été instauré selon lui. En effet, aucune réunion de concertation avec les parlementaires ultramarins ne s’est tenue rue Oudinot dans le cadre de l’examen du budget Outre-mer.
Par ailleurs, en cohérence avec les suffrages exprimés par la population guadeloupéenne depuis 2022, le député a souhaité sanctionner cette politique gouvernementale tant decriée sur le territoire guadeloupéen.
In fine, le député Olivier Serva aspire, à l’instar du groupe parlementaire LIOT, à un gouvernement d’urgence nationale dont la ligne directrice sera le consensus autour de marqueurs politiques communs. Seule cette voie permettra aux institutions du pays de retrouver une stabilité avant les prochaines élections présidentielles. »
Victorin Lurel, sénateur socialiste de Guadeloupe, s’est aussi exprimé sur cette motion de censure et ses suites :
« La chute du Gouvernement Barnier n’est que l’issue logique d’une négation manifeste du vote exprimé lors des élections législatives de juillet dernier. Dans un déni total des résultats électoraux, Emmanuel Macron a fait le choix de la continuité dans la radicalité : un Gouvernement qui n’avait pour seul objectif que de préserver le bilan et toutes les mauvaisetés infligées par la Macronie depuis 7 ans.
Au-delà de l’invraisemblable et dangereuse dissolution, le président de la République et ses troupes portent la lourde responsabilité de l’instabilité politique dans laquelle nous sommes plongés. Sans même évoquer la possible constitution d’un Gouvernement du Nouveau Front Populaire, le choix fait par les macronistes de s’allier à une droite conservatrice résiduelle et de se mettre sous la tutelle de de l’extrême-droite en conquête a conduit l’Exécutif dans l’impasse tout en violant les fondamentaux du barrage républicain qui les a fait élire.
Au vu du nouveau paysage parlementaire, les socialistes ont pleinement joué le jeu du parlementarisme responsable. Que ce soit sur le PLFSS ou sur le PLF, nous avons toujours cherché à proposer des mesures de compromis justes, équilibrées et efficaces permettant d’éviter l’aggravement de la dette tout en préservant le financement de notre système social, les aides au tissu économique, le soutien aux collectivités locales et l’amélioration des services publics.
A aucun moment le Gouvernement ne s’est livré à la concertation et n’a donné suite à nos propositions. Les seuls compromis actés l’ont été avec la Macronie – intransigeante et fétichiste des cadeaux fiscaux accordés – et avec l’extrême-droite – grande gagnante des concessions faites.
Refusant de céder le pouvoir, le Gouvernement et ses soutiens ont jusqu’au bout cherché à faire peur. Membre de la Commission des finances, j’affirme que le rejet du budget ne provoquera aucunement une hausse des impôts pour les Français : un projet de loi spéciale sera adopté en fin d’année et un nouveau budget sera voté en début d’année. Le chaos financier, l’accumulation des plans sociaux et la remontée du chômage ne sont que la conséquence de l’entêtement du pouvoir à appauvrir l’État au bénéfice des plus riches, de casser les services publics et de précariser les plus fragiles.
Mieux encore, j’affirme que le rejet du budget des Outre-mer induit par la chute du Gouvernement est une excellente nouvelle ! Ainsi donc, le budget appliqué outre-mer sera le même que celui de 2024 et non celui prévu par le Gouvernement. Pour rappel, ce budget prévoyait une baisse drastique de près de 471 millions d’euros (soit 37%) des crédits finançant le logement, la continuité territoriale, les investissements locaux et les collectivités locales. Pour ces dernières, la cure aurait été particulièrement sévère puisque le Gouvernement envisageait une purge de près de 83% de leurs crédits !
Une autre méthode et une nouvelle voie pour gouverner sans se compromettre sont possibles. Face à cette crise ministérielle, il revient à M. Macron de faire le bon choix : désigner une équipe capable de trouver des accords, texte par texte, dans un dialogue entretenu et responsable avec l’ensemble des forces républicaines. »
Christian Baptiste et Elie Califer, députés de la Guadeloupe, ont préféré s’adresser à leurs concitoyens de leurs circonscriptions :