Le député Jean-Luc Mélenchon a multiplié les reproches envers l’État, qui l’aurait traité en Guyane où il a passé quelques jours… comme un « député terroriste. »
« S’ils pouvaient interdire mon bulletin de vote, ils le feraient », dénonce-t-il. Lors de son déplacement en Guyane, le candidat de La France insoumise à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé à plusieurs reprises ce qu’il a ressenti comme un acharnement de « l’autorité » contre lui.
« Samedi, le recteur interdit ma rencontre avec les lycéens. Lundi, la ministre Parly interdit les images de ma rencontre avec les militaires », écrit l’élu sur son compte Twitter.
Ce qui lui a attiré des commentaires :
Notons que le député, quoique insoumis, a été transporté par un hélicoptère de l’Armée pour ses déplacements en brousse.
Sur la Guyane Jean-Luc Mélenchon, de retour à Paris, sur son blog, est sans concession : « Le sentiment d’abandon prévaut. À juste titre. Il fait devoir pour le prochain quinquennat. Ici, 50% de la population sous le seuil de pauvreté. C’est 14% dans l’hexagone. Le niveau de vie des plus pauvres en Guyane est deux fois plus faible que celui constaté dans l’hexagone. 13 à 20 % de la population vivrait sans eau ni électricité ! Un tiers des logements sont sur-occupés. C’est quatre fois plus que dans l’hexagone. Et 22 % de la population au chômage, dont 46 % chez les jeunes de moins de 25 ans. Une personne sur 4 vit au sein d’un foyer bénéficiaire du RSA en Guyane contre une personne sur vingt en France européenne. »
« Tel est le tableau des faits accablants. Dans la crise sanitaire, l’abandon se paie très cher. L’étude de l’Inspection générale des Affaires sociales parue en février 2021 montre qu’il y a deux fois moins de lits d’hospitalisation de jour que dans l’hexagone et quatre fois moins de lits de soins de suite et de réadaptation pour 100 000 habitants. Pour finir le nombre de personnels médicaux et paramédicaux est 50 % inférieur à la moyenne nationale. L’abandon a amplifié le krach sanitaire. La Guyane est le plus grand désert médical de France. Il s’y trouve 2 fois moins de médecins, 15% de la population n’a pas accès à l’eau courante et est empêchée d’effectuer les gestes barrières de base. Tel est le contexte dans lequel évolue la Guyane qui est sous état d’urgence sanitaire depuis le 17 octobre 2020, c’est-à-dire il y a plus d’un an. »
« Ce tableau permet de comprendre l’urgence et la nécessité de se lancer à fond dans un autre rythme d’aménagement et de prise en compte des besoins de base de la population. Car la population guyanaise a quadruplé en 40 ans. Et elle va à nouveau doubler d’ici 2040. Mesurons ce que cela veut dire dans tous les domaines. Par exemple d’ici les dix prochaines années selon le défenseur des droits, les besoins en constructions scolaires sont estimés à dix lycées, neuf collèges et quatre cents classes du premier degré. Comment peut-on faire France ensemble si nous laissons se creuser de tels écarts ? Qui ne comprend pas que la côte d’alerte va être franchie si rien ne change vite et fort ? Ici une jeunesse impétueuse se déploie. 33 % de la population est âgée de moins de 14 ans. 23 % a entre 15 et 29 ans ! Comprenez-vous ? 70% des enfants n’ont pas le français pour langue maternelle. Et 15 % des 15-17 ans ne sont pas scolarisés, contre 5 % en moyenne nationale. Voila. Chaque génération est un peuple nouveau. Le peuple nouveau qui s’avance n’a pas la patience d’attendre ce dont il ne sait rien. Il a juste envie de vivre. Et de vivre dignement. »