Guy Losbar, maire de Petit-Bourg, président du GUSR, président de la CANBT, est devenu jeudi 1er juillet, président du Conseil départemental.
Son discours prononcé devant près de 400 000 Guadeloupéens par la technique des médias est fondateur d’un nouveau Conseil départemental, hommes et femmes élus le 27 juin, pour les sept prochaines années.
Pendant sept ans, comme l’a rappelé Guy Losbar, c’est la politique présentée dans ce discours, fondée sur une synergie Région-Département, sur du travail en commun des deux assemblées, sur des actions communes, qui sera la base d’une autre façon de voir les choses. Pour être plus efficace. Pour parler d’une même voix aux interlocuteurs naturels des assemblées locales : l’Etat, l’Europe.
Voici ce discours.
« C’est avec honneur que j’accède aujourd’hui à cette belle et noble fonction de Président du Conseil Départemental de la Guadeloupe.
A ce moment précis, mes premières pensées reviennent à ma famille, et aux valeurs d’amour et de solidarité qu’incarnent ma mère, mon épouse et mes enfants.
Vous êtes mon socle, et c’est bien votre soutien quotidien sans faille qui a permis de supporter, toutes ces années, les sacrifices qu’engendre nécessairement mon engagement pour le Pays.
J’ai naturellement une forte pensée et des remerciements appuyés pour nos centaines de militants qui, bien au-delà de cet hémicycle, démontrent que la belle politique a encore un sens.
Sans militants il n’y a pas d’action politique !
Il n’y a pas de victoire sans vous !
Et il n’y a pas de fonction élective sans vous, qu’elle soit présidentielle ou non, car c’est bien le militantisme au plus près du terrain qui donne l’envie de transformer la société !
Ce sont toutes ces valeurs fondatrices qui m’ont porté vers l’action publique et le dévouement pour autrui.
Les valeurs familiales, l’amour de son prochain, c’est ce sentiment d’un destin partagé qui unit toutes les générations : les plus jeunes à qui elles sont transmises, les plus anciens qui continuent de les transmettre.
Et ce lien qui structure la grande famille guadeloupéenne, c’est à bien des égards le fondement identitaire du Conseil Départemental : C’est l’Histoire de notre Guadeloupe.
En retrouvant cet hémicycle, après 6 ans, pour accepter avec humilité et conviction cette haute fonction, je ne peux que me tourner vers l’Histoire de notre Conseil Départemental, notre ancien Conseil Général.
Et je ne peux que saluer le chemin parcouru.
Bien avant cette mandature qui s’ouvre à nous, d’autres bâtisseurs ont contribué à la construction de la Raison collective et à l’émergence des solidarités sociales.
Pour ne citer que certains d’entre eux, car la liste est longue : Achille René-Boisneuf, Joseph Pitat, Lucien Bernier, Lucette Michaud-Chevry, Rosan Girard, Marcellin Lubeth, et, à sa manière aussi, mon prédécesseur Mme Josette Borel-Lincertin.
Je pense naturellement à Dominique Larifla, qui m’a initié à la politique et pour qui j’ai une affection toute particulière, au-delà de la politique,
A Jacques Gillot, également, avec qui j’ai fait mes premières armes au Conseil Général dès 2004,
Toutes et tous ont bâti ce que nous sommes, ont montré ce que nous devons devenir.
Et c’est pourquoi nous devons tirer enseignement de l’Histoire pour penser demain.
Alors disons-le ensemble, mes chers collègues :
Yo té pou nou sé.
Je souhaite également rattacher le temps présent à cette idée qui m’est chère de garder et chérir notre Mémoire.
Le temps présent, c’est vous mes chers collègues, et à travers vous, les binômes suppléants.
Vous, chers conseillers départementaux, qui avez bien voulu me confier la mission de présider notre Conseil Départemental.
Je veux donc remercier chacune et chacun d’entre vous.
Sachez que j’agirai sous le sceau de votre confiance.
Sachez que j’agirai également sous le couvert de la volonté démocratique, avec pour boussole la concertation systématique et le respect du pluralisme.
Ces deux vertus nous interdisent en effet de penser la Guadeloupe sans les Guadeloupéens, quelles que soient leur idéologie, leur appartenance, leur origine.
C’est tout le sens de la démarche vertueuse et salutaire que nous entendons initier avec le Contrat de Gouvernance Concertée.
Ce que nous voulons, c’est œuvrer à la mutation des consciences et à l’évolution de la pratique démocratique.
Ce que nous voulons, c’est impliquer la volonté et la participation citoyennes tout au long du mandat.
Ce que nous voulons, c’est enfin parvenir à la réalité concrète et palpable de collectivités qui avancent de façon conjointe, mutuelle et solidaire.
Je veux parler de la Région et du Département, naturellement, mais également des EPCI, comme des communes.
Vous l’aurez compris, mes chers collègues, ce que nous voulons c’est aboutir à une véritable domiciliation du pouvoir local !
Car ce que nous voulons, en définitive, c’est Agir Guadeloupe et Penser Guadeloupe !
Nous l’avions annoncé et nous l’avons répété tout au long de la campagne des élections départementales et régionales.
Nous initierons donc très rapidement avec le Conseil Régional la CTAP de début de mandat qui créera les conditions d’une mise en œuvre plus efficace, plus cohérente et plus lisible, des 10 politiques publiques qui nous semblent aujourd’hui prioritaires.
Et nous mettrons en synergie les talents de nos administrations, en avançant avec l’éclairage et la contribution de la consultation citoyenne.
Oui, vous, chers citoyens Guadeloupéens, vous aurez à nous confier les idées qui nous aideront à avancer ensemble vers plus de confiance dans l’action publique.
Vous viendrez nous faire part de vos projets.
Vous vous mobiliserez, encore plus qu’aujourd’hui, pour arbitrer à nos côtés.
Et c’est grâce à nos efforts réunis que nous réussirons la Guadeloupe de demain.
Oui, mes chers collègues, c’est en pensant et en agissant Guadeloupe que nous renouvellerons les stratégies pour lutter contre la pauvreté et faciliter l’accès à l’emploi.
C’est en pensant Guadeloupe et en agissant Guadeloupe que nous parviendrons à l’indispensable adéquation entre performance économique et équité sociale.
C’est en pensant Guadeloupe et en agissant Guadeloupe que nous soutiendrons nos agriculteurs, nos pêcheurs, nos artisans.
Et c’est en agissant et en pensant Guadeloupe que nous ferons du Conseil Départemental, plus encore qu’hier, le gardien de toutes les solidarités.
La crise du COVID nous ramène à une attention toute particulière pour nos intervenants et professionnels de l’aide sociale, du domicile jusqu’aux établissements médico-sociaux.
Tous ces professionnels du lien solidaire qui œuvrent au maintien de la dignité à tous les stades de la vie relèvent de notre compétence, chers collègues.
Et tous ces professionnels ont besoin de nous savoir proches d’eux.
Plus que jamais, gardons à l’esprit la noblesse de leur mission, à fortiori au cours de cette douloureuse époque de pandémie.
Ayons conscience de l’effort sans précédent qu’il conviendra de fournir au cours des prochaines années pour le maintien à domicile de nos aînés, pour la préservation des solidarités en faveur des personnes en perte d’autonomie, à domicile ou au sein des établissements médico-sociaux.
Rappelons-nous de l’urgence absolue d’allouer des moyens conséquents à l’insertion et à l’inclusion sociales.
En un mot, soyons à la hauteur de l’exigence de la dignité sociale !!
Pour cela, le Département ne pourra pas tout faire seul et tout financer.
Nous l’avons dit et répété lors de la présentation du Contrat de Gouvernance Concertée.
Les défis sont trop lourds – voire trop graves – pour penser l’action politique de façon isolée, voire concurrente.
Et les guadeloupéens attendent de leurs collectivités, et donc des femmes et des hommes qui les représentent, qu’ils tiennent leur engagement d’agir main dans la main au service du pays.
Agir avec des administrations sérieuses et dévouées à la réalisation de l’intérêt général,
Visualiser les enjeux des territoires et déterminer les actions à mener avec une traduction concrète dans les faits,
Décloisonner l’administration pour en optimiser le fonctionnement,
Mieux évaluer nos politiques publiques pour réduire les délais de traitement et simplifier les conditions d’accès à nos dispositifs,
Et surtout ne jamais perdre de vue que derrière chaque dossier d’APA, derrière chaque demande de RSA, ou d’amélioration de l’habitat, il y a des femmes et des hommes qui vivent une grande détresse sociale !
En un mot, être présents partout sur le terrain, pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens,
Tels sont les objectifs cardinaux que j’entends assigner à l’administration départementale, dont je veux saluer aujourd’hui le mérite et la grande compétence.
Et en disant cela, je veux affirmer que si l’administration ne se rénove pas, elle ne pourra pas renouveler le portage des politiques publiques !
Demain, dans quelques semaines, dans quelques mois, je serai fier de saluer votre intelligence collective et votre engagement tenu à agir mieux et encore plus POUR LA GUADELOUPE.
Tel est le sens profond du Contrat de Gouvernance Concertée dont nous avons solennellement acté le principe avec le président du conseil régional, dans une démarche ouverte à toutes les forces politiques qui composent désormais nos deux assemblées.
A ce stade de mon intervention, je veux saisir l’occasion de te remercier, mon cher Ary.
Merci pour la confiance témoignée ces 6 dernières années !
De notre collaboration, j’ai beaucoup appris, et je crois pouvoir dire que nous avons noué des liens affectifs très forts !
Ensemble nous avons su déjouer les pronostics qui entendaient ériger entre nous le mur d’une sourde division.
Nous avons continué d’Avancer ensemble, comme depuis 2015, pour être encore plus forts aujourd’hui.
Et, je le crois profondément, c’est aussi cette capacité-là qui a été plébiscitée le 27 juin dernier !!
Nous avons donc désormais une opportunité historique de faire de la politique au service du Pays!
Et en disant cela je parle bien de la seule politique qui vaille, la belle politique : celle qui entreprend de pétrir le réel avec les mains de l’idéal, afin d’entamer une transformation profonde de notre société.
Ary, je me dois de saluer un chantier qui nous est particulièrement cher : celui de la Jeunesse.
La façon dont nous avons élaboré le Plan Action Jeunesse – le PAJ – correspondait très en amont à ce que nous voulons faire grâce au Contrat de Gouvernance Concertée : développer un pilotage transversal et participatif pour faire réussir nos politiques publiques, et par la même occasion la Guadeloupe.
Alors oui, à l’image de notre volonté pour notre jeunesse, nous allons repenser l’organisation de notre travail au sein des commissions intérieures de notre assemblée.
Nous irons vers une nécessaire articulation avec le travail des élus régionaux.
Oui, l’heure est venue de faire de la belle politique, sur le terrain, à l’écoute des citoyens et de leurs attentes, à la hauteur des engagements pris durant la campagne qui vient de s’écouler.
Oui, mes chers collègues, vous l’aurez compris, c’est au travers du réalisme des constats tirés de l’Histoire que nous avancerons solidairement et avec ambition sur la voie des prochains succès.
C’est pourquoi, à compter de ce jour, j’appelle de mes vœux et avec votre soutien :
Une collectivité départementale résolument au service de tous les Guadeloupéens, davwa pa ni pon moun ki pli moun ki on dot moun !
Une collectivité départementale à l’écoute attentive des identités territoriales plurielles de notre Archipel, celles des EPCI, dont nous pourrions faire de véritables partenaires des solidarités en mettant en place des Contrats de Péyi…
Une collectivité départementale ambitieuse, bien plus qu’une simple entreprise gestionnaire, et qui se refuse à thésauriser les excédents budgétaires,
Une collectivité départementale solidaire qui assure l’exécution de ses missions et qui assume l’honnête charge des sujets d’intérêt vital et prioritaire comme le dossier de l’eau,
Une collectivité départementale qui accepte de relier les politiques égalitaires et le développement.
Une collectivité départementale qui agit sur le terrain concret aux côtés de tous les cantons, sans exception, car derrière chaque conseiller départemental, derrière chaque canton, il y a une population qui attend des réponses !
Pour tout cela, vous pourrez compter sur moi, en tant que Président du Conseil Départemental, pour demeurer l’homme que vous connaissez.
Celui qui agit sur le terrain de la proximité, celui qui sera réellement à vos côtés, quel que soit votre groupe d’appartenance politique, et qui s’inscrira dans la réactivité en permanence.
Pas seulement et simplement pour gérer le quotidien, mais aussi pour prendre en compte les enjeux de demain.
Alors, Mettons-nous ensemble au travail cher collègues !!
Le temps des élections est passé, place au temps de l’action !
Notre feuille de route nous attend ainsi que la constitution de nos commissions dès la prochaine plénière.
Ne nous y trompons pas !
Chaque fois qu’un pouvoir local est fort, il est efficace.
Chaque fois que des élus sont responsables ils sont entendus, précisément parce qu’ils cessent d’être des pupilles de l’Etat.
Pour ces 7 prochaines années, je nous souhaite donc un Conseil Départemental porteur de modernité, de rationalisation, d’enrichissement et d’amélioration sans précédent de nos conditions de vie, sociales, culturelles, humaines.
C’est à cette condition que notre Conseil Départemental portera sa légitime dévotion, celle du service au peuple Guadeloupéen,
Partout, et Pour tous…
Guy LOSBAR