Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, était l’invité du forum « Les Outre-mer aux avant-postes » du Point.
« Je ne suis pas socialiste révolutionnaire, a-t-il dit, je peux cependant constater qu’il y a des monopoles capitalistiques insupportables. Quelques familles, qu’elles soient extérieures aux territoires ou de l’intérieur du territoire, qui organisent la non-concurrence. On ne peut pas accepter le monopole de la production, de la distribution… »
C’est une déclaration après bien d’autres, chaque ministre ou presque y allant de son couplet « Retenez-moi ou je fais un malheur », avant de se taire parce que les lobbies des vieilles familles antillaises sont d’autant plus puissants qu’ils s’accompagnent souvent d’interventions d’élus locaux… Loin des îles, en toute discrétion…
L’homme qui, dit-il, veut « casser », « bousculer » va sans doute se heurter au chantage habituel « nous ou le chaos », « nous ou le chômage… »
Car les familles qui tiennent ces « monopoles capitalistiques » emploient beaucoup de salariés et gèrent au mieux de leurs intérêts et de ceux de leurs salariés.
Quels exemples donne M. Darmanin ? La canne, la banane… Que n’a-t-il pas résolument donné ceux de la grande distribution, les grossistes, les vendeurs d’électro-ménager, etc. ?
« On a commandé un rapport au parlement qui, dans quelques semaines, va rendre des conclusions extrêmement objectives qui nous permettront de casser des monopoles, de bousculer des intérêts car, souvent, ce sont des intérêts très puissants, et de redonner la plus libre concurrence possible à l’intérieur des territoires ultramarins. »
Certes. Le rapport va-t-il changer les choses ? Il suffit de demander à Johnny Hajjar, député martiniquais. Lancée en mars 2023 à son initiative, la commission d’enquête parlementaire sur le coût de la vie Outre-mer a rendu ses conclusions le 20 juillet. Le rapport demande à l’État d’engager un plan de « déchoquage économique et social ».
Outre un dispositif de ports francs, plusieurs des propositions visent à lever « la grande opacité » du secteur de la grande distribution et à instaurer plus de transparence dans le mécanisme de formation des prix. Rapport resté sans suite de la part du gouvernement d’Elisabeth Borne.
Couplet plus martial : « On ne peut pas laisser accaparer des richesses, car cela crée beaucoup de frustrations, cela crée les déviances politiques que l’on constate. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des territoires qui ont des associations qui veulent l’indépendance… »
Ce qu’il veut ? « Que la République mettre fin à ces monopoles d’argent. »
Bon courage !
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com