Politique. Gabriel Attal s’accroche un peu, Jean-Luc Mélenchon est pressé et le président réfléchit au coup suivant

Que se passe-t-il ce lundi à Paris ? On grenouille, à l’Elysée, à Matignon, dans les immeubles des partis de gauche. Après le grand soir, c’est le grand jour.

Le président de la République doit « ou bien s’en aller, ou nommer un Premier ministre », bien sûr issu du Nouveau Front populaire, a déclaré dimanche à l’issue du scrutin du deuxième tour le leader de la France insoumise — et du Nouveau Front populaire —, Jean-Luc Mélenchon, devant ses partisans.

Celui qui n’est élu nulle part est catégorique : « S’il reste, il doit nommer un ou une Première ministre du Front populaire. »

On comprend son agacement et son empressement quand on sait que plusieurs responsables du camp présidentiel ont estimé que la gauche n’avait pas une majorité suffisante pour gouverner. Et que Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire a déclaré sans rire : « Je suis prêt à rester le temps qui le faudra. »

Comprendre jusqu’à ce que le président ait nommé un nouveau Premier ministre. Le 17 juillet, il y a ouverture de la session parlementaire à l’Assemblée Nationale !

Quels sont les résultats des urnes ? Trois blocs : la coalition Nouveau Front Populaire, composée de LFI, PS, PCF, Les Ecolos-EELV remporte le plus de sièges :

PCF 10 à 12

LFI 68 à 74

PS 63 à 69

Ecolos-EELV 32 à 36

DVG 13 à 16.

Suit en deuxième position, la coalition Rassemblement, composée de Renaissance, le MoDem, Horizons et UDI, divers centre :

Renaissance 95 à 105

MoDem 31 à 37

Horizons 24 à 28

UDI, divers centre 6 à 8

Et troisième le Rassemblement national plus les LR d’Eric Ciotti :

LR (RN) 12 à 16

RN 120 à 136.

A ceci, il faut rajouter les électrons libres :

LR et DVD 57 à 67

DVG 13 à 16. Ces derniers, dont les élus LIOT (Max Mathiasin et Olivier Serva en Guadeloupe, d’autres Outre-mer, en Corse et dans l’Hexagone) vont jouer la carte des supplétifs.

Personne n’a de majorité absolue et une majorité relative exigera du doigté, des alliances parfois improbables. Ironie de l’histoire : incapables de gouverner parce que sans majorité absolue, les députés Rassemblement National seront le groupe uniparti comptant le plus d’élus à l’Assemblée Nationale. Les autres blocs sont des coalitions plus ou moins fragiles en fonction des caractères de leurs leaders.

A gauche, Jean-Luc Mélenchon pour LFI, Olivier Faure pour le PS, Fabien Roussel pour le PC (bien diminué, il n’a pas été réélu député), Marine Tondelier pour EELV, au centre Gabriel Attal pour Renaissance, François Bayrou pour le MoDem, Edouard Philippe pour Horizons, Hervé Marseille pour l’UDI. A droite, LR canal historique, dirigé par… Eric Ciotti par voie de justice, par des cadres inconnus dans les faits, Rassemblement National plus Eric Ciotti à titre personnel et quelques autres.

De quoi avoir toutes les compositions imaginables et inimaginables, l’attrait du pouvoir rendant parfois fou.

« Ce n’est pas la politique d’abord qui continue, c’est le peuple qui est sorti des quartiers populaires, de la jeunesse », a martelé Jean-Luc Mélenchon qui poursuit sa logique de prise de pouvoir et qui craint par dessus tout que les uns et les autres s’accordent sur son dos. D’autant qu’il y a des gens chez lui qui ne veulent plus le voir.. mais le craignent toujours.

Mais, patience. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé dans un court discours, qui lui a permis de féliciter ses troupes qui ont bien résisté aux vagues attendues, qu’il remettrait ce lundi sa démission au président Emmanuel Macron.

Il a pris soin de préciser qu’il pourrait rester à son poste. Alors que la France « se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines j’assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera. »

« Dans deux semaines au plus tard, la France reconnaîtra un Etat palestinien ! » a dit Mathilde Panot, chef de file de LFI (et de la défunte NUPES) à la tout autant défunte Assemblée Nationale. Le ton est mis : il faudra s’y habituer. Et vite ! Comme dirait Jean-Luc Mélenchon qui va sûrement brandir la menace de la rue en pétard si on ne fait pas ce qu’il dit, ce qu’il veut.

Tout ceci est passionnant !

André-Jean Vidal

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