Cela fait un mois tout juste que François Bayrou s’est installé rue de Varenne, dans l’Hôtel Matignon, bureau des Premiers ministres. Demain, il fera sa rentrée officielle avec la lecture de sa déclaration de politique générale. Ce sera aussi le moment de la présentation d’une motion de censure de La France Insoumise.
De la constitution de son gouvernement aux forceps à la gestion chaotique de la crise de Mayotte, le Premier ministre François Bayrou a expérimenté avec douleur, quoiqu’il se soit montré chaque fois souriant, les véritables vague de front qui déferlent sur Matignon.
Mais, l’heure de sa déclaration de politique générale, mardi devant les députés, marquera le véritable départ de sa mission : élaborer un budget qui fasse consensus, mener la barque de l’Etat pour les mois à venir…
« J’ai à peu près l’idée de ce que je vais dire. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Tout ça est dans ma tête depuis 2007 », répète en privé l’ancien candidat à l’élection présidentielle, toujours partant jamais choisi, qui se languissait depuis longtemps de ne pas jouer les premiers rôles un jour.
Là, il y est. Son passage devant les députés, il y a un mois, a déçu : hésitant, mou, semblant ne pas trop être à son aise… sous les questions sans concessions des députés.
Mardi, François Bayrou parviendra-t-il à convaincre une partie de la gauche de lui laisser sa chance — les socialistes se contenteraient d’aménagements, notamment sur les retraites, avec à la clé un coût de près de deux milliards d’euros —, sans perdre le soutien du socle commun, composé du bloc présidentiel et de la droite — attachés à ce qu’on ne s’attaque pas à l’âge de départ à la retraite ?
Il faudra, d’ici la fin de la semaine, 289 suffrages à LFI pour obtenir la chute du gouvernement (sur 577). L’avenir de François Bayrou Premier ministre et de son gouvernement dépendra du choix des autres groupes parlementaires. Dans ce contexte, la réforme des retraites reste bien le sujet incontournable pour savoir si une partie de la gauche — les socialistes, LIOT, les non-inscrits de sensibilité de gauche — et l’extrême droite de Marine le Pen choisiront, ou non, la censure.
Sur BFMTV, dimanche, Olivier Faure, le patron des socialistes a décrit « une vraie discussion » avec les ministres, mais estime que « le compte n’y est pas encore. » Partisans d’une abrogation pure et simple de la réforme des retraites, les trois groupes — LFI, Les socialistes, les Ecologistes — demandent, tout au moins la suspension de la loi sur les retraites. En fait, ils souhaitent que l’âge légal de départ, censé atteindre progressivement 64 ans, soit figé à son niveau actuel de 62 ans et demi, ad vitam aeternam.
« Prétendre qu’on peut garantir une retraite à 62 ans sans effort budgétaire ailleurs, c’est une mystification », a clamé le député Jean-Philippe Tanguy, du RN, porte-voix de l’extrême-droite à l’Assemblée nationale qui ne croit pas que le gouvernement fasse de grandes concessions à la gauche… notamment parce que le coût de ce recul serait trop important en période de déficit.
Gérard Larcher, président Les Républicains du Sénat, a dit, dans les colonnes du Parisien, qu’il ne souhaitait « ni suspension ni abrogation » de la réforme.
Devenant menaçant, Gérard Larcher explique que, pour lui, « participation [des Républicains (LR) au gouvernement] ne veut pas dire renoncement. »
Ces mots sont un signe net que les Républicains ne veulent pas se voir imposer les effets de cette négociation entreprise entre le centre et une partie de la gauche. De même, les députés d’Horizons, autre partie du bloc présidentiel, sont particulièrement attachés à la mise en œuvre de la réforme pour viser l’équilibre financier du système de retraites.
A suivre…