Depuis quelques semaines, des députés et sénateurs déposent des propositions de loi visant à changer l’actuelle composition du Parlement. Ainsi, le 12 juin, la proposition de loi constitutionnelle tendant à réduire de 30 % le nombre de parlementaires, à fixer le principe d’une dose de proportionnelle compensatoire pour l’élection des députés avec un contrôle juridictionnel sur le découpage des circonscriptions et à supprimer le renouvellement par moitié du Sénat…
De même, il se dit que le président de la République, lassé de ne pas avoir une réelle majorité au Parlement, pourrait… renvoyer les électeurs devant les urnes en prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale…
L’exécutif semble au fond du trou — du moins pour les médias qui voient toujours midi à leur porte — après la sévère bronca contre la réforme des retraites. Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, fidèle du chef de l’Etat Emmanuel Macron, défait aux dernières législatives, prend la parole.
Il le fait dans une interview au Figaro, reprise par l’AFP, relayée dans ses bons passages par le Huffington Post.
Tandis que les partis de gauche et une partie agissante de la population — mais on oublie que le président de la République a été réélu, qu’il a une majorité de groupe à l’Assemblée nationale, même s’il n’est pas majoritaire en nombre de parlementaires à vouloir adopter certains de ses textes, la droite institutionnelle se vengeant des défaites récentes en punissant le chef de l’Etat par des votes contre — laissent entendre qu’il est minoritaire dans le pays (c’est à voir, le pays n’étant souvent pas celui que voudraient les journalistes politiques) Richard Ferrand se transporte à la fin du mandat présidentiel.
Qui pour succéder à Emmanuel Macron ? Marine Le Pen tient la corde. Au centre, les candidats sont pléthore qui vont sans doute se neutraliser pour quelques timides 5 à 7%, à gauche, Jean-Luc Mélenchon fera 20%… A ce stade, il ne faut pas attendre le Messie.
L’histoire ne servira pas le même plat une seconde fois… ou une troisième fois en l’occurrence. Quoique…
Et, envisage Richard Ferrand, si Emmanuel Macron pouvait se représenter ? Car, le président de la République ne peut pas faire plus de deux mandats consécutifs.
Alors ? Richard Ferrand — est-il envoyé en mission exploratoire ? Tate-t-il le terrain ? — regrette « la limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc… Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive. »
« Changeons tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques. »
N’oublions pas qu’il va y avoir une réforme constitutionnelle, et que, si Emmanuel Macron parvient à réunir la droite, son centre… au nom de la réaction contre le péril brun… tout reste possible pour battre Marine Le Pen dans un troisième round (les deux premiers étant les deux dernières présidentielles).
Et si, entre réforme des régions et autres accommodements se glisse le troisième mandat présidentiel…
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com