Politique. Débats animés dans une cabine téléphonique

Au PS, on s’agit, on s’agite. Le Premier secrétaire à peine élu — Olivier Faure se succède avec un score… serré serré — que ses adversaires ne lâchent pas le morceau. Si la Guadeloupéenne Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, pourrait rentrer au bercail (elle sait que la prochaine fois, il faudra compter avec sa pugnacité), Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, sorti de la confrontation des urnes en seconde position, très près du score d’Olivier Faure, ne veut pas se rendre.

Que s’est-il passé ? Olivier Faure a voulu rempiler pour un nouveau mandat. L’attelage formé pour la circonstances il y a quelques mois (faire nombre à l’Assemblée nationale et ailleurs, deux petits valant rassemblés valant plus que deux petits allant à la bataille chacun de son côté) ne résiste pas à l’observation. A gauche, le PS fait croupion d’un poulet insoumis.

Le patron à gauche, quoique pas élu, c’est Jean-Luc Mélenchon par Delphine Panot interposée. Pas Olivier Faure. Et c’est ce que reprochent un peu moins de 50% des socialistes encartés. Même si en Guadeloupe, grâce au bon travail d’Olivier Nicolas, premier secrétaire fédéral qui booste de sa jeunesse et de son militantisme affirmé la fédération, Olivier faure fait des scores de maréchal ! Idem en Martinique avec l’excellente Béatrice Bellay. Ce sont de bons soldats marqués par la geste mitterrandienne et mai 1981. Ils avaient 10 ans. Mais la geste mitterrandienne, s’il elle s’est perpétuée avec un groupe fourni à l’Assemblée nationale et beaucoup d’élus dans les provinces, n’a pas eu d’autres héritiers qu’un courant romantique et nostalgique. François Hollande a fini de tuer le parti.

Le danger d’une scission

Le courage d’Olivier Faure de vouloir redresser la barre et d’écoper le bateau en mauvais état n’a pas suffi. Les dernières élections pour élire le secrétaire général n’ont pas changé la donne : le PS est en grand danger.

Il est, depuis quelques jours, en butte à des dissensions internes pénibles.

Avant même la fin du scrutin, Nicolas Mayer-Rossignol, candidat volontaire, a contesté les résultats, accusé… tandis qu’Olivier Faure n’avait qu’une hâte : annoncer sa réélection et passer à autre chose.

C’était sans tenir compte d’une volonté de casser la baraque manifestée par le jeune challenger.

Et Hélène Geoffroy, dans cette affaire ? Une sorte d’arbitre qui verrait mal — comme beaucoup de militants vieillis sous le harnais d’un socialisme romantisé à souhaits — une scission qui serait fatale.

Jean-Luc Mélenchon n’aurait plus qu’à ramasser les débris du truc.

Une hydre à trois têtes

Que s’est-il dit au cours de la réunion de ce lundi entre les trois ex-candidats à la première secrétairerie ? Olivier Faure a proposé une sorte de triumvirat à la tête du parti : Olivier Faure premier secrétaire, Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, premiers vice-secrétaires ou premiers secrétaires adjoints.

De plus, Olivier Faure a aussi proposé à Nicolas Mayer-Rossignol de lui confier la conduite stratégique des européennes (ainsi que la tête de liste). Il gérerait une liste constituée à proportion des trois courants (Faure, Mayer-Rossignol, Geoffroy).

Il s’agirait, avec ce triumvirat et la sucette à Nicolas, de jouer l’association pour mener les grands combats : égalité homme-femme, reconquête des classes populaires et moyennes, lutte contre l’extrême droite, etc. Et puis de réorganiser le fonctionnement du parti.

Qu’a dit Hélène Geoffroy ? Qu’il n’était pas possible de reconnaître en l’état le vote des militants puisque la commission de récolement* n’était pas allée au bout du processus.

L’élue de Vaulx-en-Velin a proposé de revoter, rapidement, vote sécurisé. Ajoutant qu’elle ne participerait pas à une direction élargie qui passerait par une reconnaissance d’Olivier Faure comme Premier secrétaire. Nicolas Mayer-Rossignol refuse toujours de céder le pas à Olivier Faure. Il ne participera pas à une organisation cautionnant le vote du Premier secrétaire en l’état le processus électoral n’étant pas, selon lui, achevé. Il a refusé un premier secrétariat adjoint et la conduite de la liste PS aux européennes.

Les trois ont convenu de se revoir, sans doute vendredi, avant le congrès à Marseille, ce week-end.

André-Jean VIDAL
aj.vidal@kafibinfo.com

La décision de la commission de récolement

« La commission de récolement des votes, composée des représentants des différents textes d’orientation, est réunie au siège du Parti socialiste depuis vendredi. Elle a clos ses travaux aujourd’hui à 1 5h 45 à la suite du refus de passer au vote des représentants de Nicolas Mayer-Rossignol.

L’ensemble des procès-verbaux départementaux ont été remis aux mandataires des candidats. Les quatre critères retenus pour invalider des voix ont été les suivants :

  • Violence sur lieu de vote
  • Pressions et intimidations
  • Vote électronique non conforme
  • Présence de bulletins dans l’urne avant l’arrivée de surveillants

Après examen des procès-verbaux des fédérations et étude des requêtes en irrégularité et alors que les voix faisant l’objet de contestations ont été réservées, le résultat définitif est le suivant :

Votes exprimés : 23527 exprimés
Olivier Faure : 12020 voix : 51,09 %
Nicolas Mayer Rossignol : 11507 voix : 48,91 %. »

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